Tunnel Louis-Hippolyte-La Fontaine | Déjà des fissures dans le nouveau béton

Les fissures dans le béton fraîchement coulé du tunnel Louis-Hippolyte-La Fontaine sont inquiétantes. Le syndicat, qui affirme avoir alerté le gouvernement à plusieurs reprises, critique la mauvaise qualité du produit.


Publié à 1h40

Mis à jour à 5h00

Selon nos informations, ces fissures ont commencé à apparaître à plusieurs reprises ces derniers mois. La situation fait craindre à certains travailleurs que la durée de vie des infrastructures, qui font l’objet d’un vaste projet de rénovation jusqu’en 2027, soit affectée à plus long terme.

Au Conseil provincial des métiers de la construction-International du Québec (CPQMC-I), le syndicat des travailleurs des tunnels, on reproche au gouvernement de faire la sourde oreille.

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«Pour que le béton prenne sa prise optimale, avec la recette des devis actuels, il faut compter environ 25 jours», indique le responsable de la prévention et de la sécurité du travail au Conseil, Philippe-Michel Lang. Or, pour le moment, on se rend compte que ce n’est qu’au bout de 4 à 10 jours. Le mélange de béton mûrit trop vite. Et c’est ce qui provoque les fissures de retrait. »

Il précise qu’au-delà des fissures, “on voit beaucoup d’infiltrations d’eau qui pénètrent par des murs fraîchement coulés”.

Ce n’est pas du tout rassurant. Et surtout, on se dit que c’est ce que verront les gens, lorsqu’ils patienteront dans les embouteillages à la réouverture.

Philippe-Michel Lang, du CPQMC-I

Ce dernier déplore que Québec ne change pas ses habitudes malgré plusieurs « drapeaux rouges ». « Nous avons un tas de sources expertes qui ont soulevé les problèmes avec du concret, mais elles ne sont jamais écoutées. On leur dit simplement de continuer à utiliser la méthode imposée par le projet», insiste-t-il.

« Les travaux avancent à un bon rythme, oui, mais à quel prix ? », demande M. Lang.

Même son de cloche du côté de l’Association professionnelle des ingénieurs gouvernementaux du Québec. « La réalité est que nous fermons les yeux sur la qualité et sommes prêts à accepter que cela coûte beaucoup plus cher de terminer à temps. Et c’est comme ça pour plusieurs projets clé en main», souligne le président du syndicat, Marc-André Martin.

Normal, rétorque Québec

Par mail, le ministère des Transports et de la Mobilité durable (MTMD) confirme avoir observé la même situation, mais maintient qu’« il est normal que des fissures apparaissent dans du béton neuf et frais ».

« La qualité du travail n’est pas compromise […] et des interventions sont prévues pour les fissures plus importantes. Tout au long des travaux, un contrôle qualité rigoureux est effectué sur les matériaux utilisés », souligne le porte-parole du ministère Martin Girard.

Il rappelle au passage que « des contrôles sont effectués et qu’un contrôle sera également effectué à la fin des travaux ». «Si des lacunes sont détectées, elles doivent être corrigées par l’entrepreneur», ajoute le spécialiste des relations publiques. Le consortium actuel est composé de Dodin Campenon Bernard SAS, Eurovia Infra et Pomerleau.

Le mélange de peinture qui sera utilisé a été « soigneusement conçu pour répondre à trois objectifs », dont la protection du béton, ajoute Québec. Ladite peinture répond aux « normes de qualité et de sécurité les plus strictes », précise le MTMD.

Pour Pierre Barrieau, expert en planification des transports et chargé de cours à l’École d’urbanisme et d’architecture du paysage de l’Université de Montréal, « la chose à faire serait de faire une pause, puis de faire appel à des experts en bétonnage indépendants, donc à des ingénieurs et des chimistes.

« Il ne faut surtout pas reproduire l’exemple de la Métropolitaine », indique-t-il, en référence à l’asphalte d’une partie de l’autoroute qui a été arraché à cause du bitume utilisé qui n’était « pas de bonne qualité ».

« Ici, s’il s’agit uniquement d’esthétique, on parle de quelques travaux de finition supplémentaires, mais s’il y a plusieurs infiltrations d’eau, cela pose un problème d’étanchéité », ajoute M. Barrieau.

Où avancent les travaux ?

Selon Martin Girard, les travaux de réfection du tunnel Louis-Hippolyte-La Fontaine « avancent bien ». Aucun autre retard n’est à prévoir. La fin de la fermeture de trois voies sur six est toujours prévue pour l’automne 2026.

Les travaux sur le tube en direction sud devraient toujours se terminer au printemps prochain. Le chantier se déplacera ensuite dans le tube en direction du nord jusqu’à l’automne 2026.

Le bétonnage de la partie centrale des zones de transfert de circulation ne se fera pas avant « fin 2026 ou en 2027 », indique prudemment le ministère.

La reconstruction de la chaussée de l’autoroute 25 dans les deux sens et la réfection des structures de l’échangeur Souligny doivent être complétées en 2025.

Apprendre encore plus

  • 2,5 milliards
    C’est le coût annoncé du méga projet. Mais il y a quelques mois, le consortium Renouveau La Fontaine a reconnu que cette somme risquait d’être dépassée.

    Source : MINISTERE DES TRANSPORTS ET DE LA MOBILITE DURABLE

 
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