Un Biarrot finit par recevoir les fonds de l’assurance vie de son père 57 ans après son décès

Un Biarrot finit par recevoir les fonds de l’assurance vie de son père 57 ans après son décès
Un Biarrot finit par recevoir les fonds de l’assurance vie de son père 57 ans après son décès

Alain Rozès a décidé d’en rire. A 76 ans, le souriant retraité biarrot vient de toucher les bénéfices de l’assurance vie de son défunt père, Jacques. Rien que du très ordinaire. À un détail près : ce dernier est décédé en… 1967 ! Lorsque le nouvel héritier cherche dans son ordinateur la preuve du virement effectué sur son compte bancaire le 6 mai 2024, l’œil s’écarquille. Il préfère prévenir : “Attendez, c’est une somme énorme.” Petit sourire satisfait. Roulements de tambour. Cinquante-sept ans plus tard, lui et ses 4 frères et sœurs ont reçu chacun « 144 euros et 20 centimes ! » « .

A l’origine, il s’agissait de Simone, leur mère, décédée en 2022, bénéficiaire du pécule placé par son mari. Elle aurait dû le toucher rapidement après sa disparition mais « n’a jamais vu la couleur de cet argent. Elle ne connaissait probablement pas l’existence de cette assurance-vie et n’a donc rien réclamé”, précise Alain Rozès.

Il soupçonne l’assureur de l’époque de ne pas avoir fait beaucoup d’efforts pour la retrouver, même s’il avait appris le décès de sa cliente. « Cela n’aurait pas été très compliqué : elle n’a pas changé d’adresse. La maison de Vianne, dans le Lot-et-Garonne, où nous avons grandi, est restée la sienne toute sa vie. »

C’est également le frère d’Alain Rozès, qui y réside désormais, qui a été contacté par la compagnie d’assurance et a donné les coordonnées des autres membres de sa fratrie. C’est ainsi qu’en janvier 2024, Biarrot reçoit une énigmatique lettre à en-tête d’Axa, intitulée « demande de contact ».

Jachère

La brève missive indique un numéro de contrat d’assurance dite « vie entière ». Il est précisé qu’après « enquêtes » il pourrait être l’un des bénéficiaires. Les explications s’arrêtent là. Il lui est demandé de contacter le service compétent pour confirmer qu’il est bien le fils de ses parents. Au téléphone, il apprend, stupéfait, que l’abonné est son père. Il ne parvient pas à obtenir d’autres explications, ni sur le montant ni sur les détails du contrat.

Alain Rozès, imaginez comment le dossier a pu se perdre dans les limbes au fil des décennies : « À la mort de mon père, les petites compagnies d’assurance locales étaient encore légion. De nationalisations en dénationalisations, de rachats en regroupements, ils ont fini par s’agglomérer pour former d’énormes groupes. Aujourd’hui, c’est Axa qui nous retrouve mais qui sait à qui il était abonné à l’époque ? « .

« La patience est une vertu que j’ai suffisamment cultivée pour pouvoir me passer d’y recourir à nouveau. »

Des fonds d’assurance-vie jamais versés, des contrats laissés en friche pendant des années faute d’enregistrement du décès du titulaire : ce n’est pas rare. Destinée justement à endiguer le phénomène, la loi Eckert, entrée en vigueur en 2016, impose désormais aux assureurs de vérifier régulièrement dans les fichiers nationaux informatisés auxquels ils ont accès si les souscripteurs de leurs contrats sont toujours en vie. En cas de décès, la réglementation leur impose de mettre en œuvre tous les moyens possibles pour retrouver les bénéficiaires. En cas d’échec, au bout de dix ans, le capital impayé est transféré à la Caisse des Dépôts et Consignations et finit finalement dans les caisses de l’État.

Ce ne sera pas le cas des quelque 720 euros au total que se partagent aujourd’hui les descendants de Jacques et Simone Rozès. Alain Rozès pensait que la somme était encore inférieure. «Je me doutais que ce serait presque rien. Mon père n’avait pas de gros revenus et ne devait contribuer que de petites sommes. Ayant vendu de l’assurance vie pendant quelques mois au début de ma vie professionnelle, je sais que cela rapporte des sommes dérisoires et qu’avec le temps on oublie très souvent l’existence même des contrats passés. »

“En principe”

L’ancien cadre de la Sécurité sociale de Bayonne, souligne que ni lui ni ses frères et sœurs « ne sont dans le besoin » et qu’aucun ne « court après l’argent ». Sa mère, se retrouvant jeune veuve, « payée au smic à l’usine avec trois enfants étudiants, deux au lycée et une grande maison à entretenir », aurait en revanche sans doute apprécié l’acarien, même maigre. .

S’il s’amuse, non sans tendresse, du résultat dérisoire du placement de son père après plus d’un demi-siècle et de cet héritage insolite issu du passé, Alain Rozès avoue aussi une once de colère. « Par principe », estimant que les fonds annoncés « mettaient du temps à être versés » une fois les bénéficiaires trouvés, il a souhaité accélérer la manœuvre. « Ne voyant rien venir, j’ai appelé à plusieurs reprises la plateforme téléphonique de l’assureur. J’ai fini par écrire un e-mail. »

Le retraité montre une copie de ce mail daté du 27 avril. Il conclut joliment sa demande de versement rapide des fonds : « la patience est une vertu que j’ai suffisamment cultivée pour pouvoir me passer d’y recourir à nouveau. » Voilà ce qui est dit.

 
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