En septembre 2022, une sonde envoyée par la NASA a réussi à dévier la trajectoire d’un astéroïde. Deux ans plus tard, l’astrophysicien azuréen Patrick Michel dirigeait la mission européenne chargée d’étudier les conséquences de cette collision.
Les essentiels du jour : notre sélection exclusive
Chaque jour, notre rédaction vous réserve la meilleure actualité régionale. Une sélection rien que pour vous, pour rester en contact avec vos régions.
France Télévisions utilise votre adresse email pour vous envoyer la newsletter « Les incontournables du jour : notre sélection exclusive ». Vous pouvez vous désinscrire à tout moment via le lien présent en bas de cette newsletter. Notre politique de confidentialité
Tout a commencé il y a 2 ans. Du jamais vu dans l’histoire de l’humanité. Une sonde envoyée depuis la Terre, à une vitesse de 2000 km/h, soit 6 fois la vitesse d’une balle, est entrée en collision avec un astéroïde d’environ 150 km de diamètre, situé à 10 millions de kilomètres. Ce vaisseau spatial appelé DART, piloté par la NASA, n’était pas plus gros qu’un réfrigérateur. Le corps céleste frappé s’appelle Dimorphos.
Il faut aujourd’hui pouvoir tirer toutes les conclusions possibles de cet essai grandeur nature pour en déduire un modèle scientifique. Pour cela, il manque des éléments essentiels. C’est l’objet de la nouvelle mission, baptisée HERA, dont l’un des responsables scientifiques est l’astrophysicien azuréen Patrick Michel : « En fait, nous n’avons pas les images de « l’après » (collision). Nous avons donc besoin d’un détective qui reviendra sur les lieux du crime et nous dira exactement ce qui s’est passé.
Cet astéroïde a-t-il un cratère à sa surface produit par l’impact ? Si oui, quelle taille et quelle profondeur ? Ou avons-nous complètement déformé l’astéroïde ?
Patrick Michel, directeur de recherche CNRS – Observatoire Côte d’Azur, Université Côte d’Azurà France 3 Côte d’Azur
Afin d’étudier Dimorphos, qui s’est avéré être l’équivalent d’un fragile amas de décombres cosmiques, la sonde spatiale HERA a été construite en 3 ans avec à son bord, deux petits satellites d’observation, 2 drones commandés depuis le satellite. Du jamais vu à cette distance.
Selon Patrick Michel, c’est la structure de l’astéroïde lui-même qui est le facteur qui influence le plus sa réaction à un impact :« Il faut pouvoir mesurer ses structures internes pour pouvoir interpréter ». La mission HERA de l’Agence spatiale européenne partira en octobre pour l’examiner plus en détail.
Bien qu’elles ne constituent pas le risque le plus élevé pour la Terre, comparées aux tremblements de terre ou aux tsunamis, les « attaques » aux stéroïdes sont prises en compte très sérieusement.
Ce que nous essayons de faire, c’est d’offrir un plan solide aux générations futures pour pouvoir faire face à ce risque le jour où il se matérialisera.
Patrick Michel, directeur de recherche CNRS – Observatoire Côte d’Azur, Université Côte d’Azurà France 3 Côte d’Azur
Pendant ce temps, dans un laboratoire situé au Nouveau-Mexique, des chercheurs américains viennent de réaliser une expérience sur un astéroïde de 12 millimètres de large. La taille d’une bille. Ils l’ont exposé aux rayons X, “le faisceau le plus brillant du monde”selon les déclarations du premier auteur de l’étude, Nathan Moore, à l’AFP. La majeure partie de l’énergie produite par l’explosion nucléaire est sous forme de rayons X, ce qui signifie que dans l’espace, sans atmosphère, il n’y aurait ni onde de choc ni boule de feu.
Les chercheurs ont conclu qu’une explosion nucléaire suffirait à modifier la trajectoire d’un astéroïde de 4 kilomètres de diamètre. Le modèle utilisé suppose une bombe d’une mégatonne, plus de 60 fois plus puissante que celle d’Hiroshima. Et qui devrait exploser à quelques kilomètres de sa cible, mais à des millions de kilomètres de la Terre.
A condition d’être prévenu suffisamment à l’avance !