La classe affaires de Qatar Airways passe sous le scanner

Par François Simon21 avril 2024

La bonne nouvelle

Voyage

C’est sans doute ainsi que le voyage se présente au présent : accéder à un monde privilégié fait de coupe-file, de sourires accueillants, de crèmes délicates et de pyjamas en coton peigné au cœur de votre Qsuite, sur la ligne Paris – Tokyo. Mais qu’y a-t-il de l’autre côté des hublots ?

Vous pensez, non sans raison, que voyager n’est plus ce qu’il était. Vous aimiez le temps long, les soupirs des soufflets des wagons, l’écume des locomotives, le conducteur sonnant le début du service. Envie de revivre les premiers voyages en avion ? Le confort était rudimentaire dans ces vieux bombardiers reconvertis. Aujourd’hui, la desserte aérienne a changé, notamment celle de Qatar Airways.

Dans les temps anciens, les turbulences étaient courantes. Les passagers bénéficiaient de fauteuils en osier ou en rotin, qui avaient une particularité amusante : ils n’étaient pas fixés. Puis il y avait des odeurs d’huile de ricin dans un vacarme diabolique et un froid glacial. Il s’agissait, dans ces conditions, d’être prospère, artiste ou ministre. Et avoir un pelage épais.


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Un vol de luxe à bord de Qatar Airways

Agents de bord de Qatar Airways. RD

Aujourd’hui, vous embarquez dans le micro-ondes. En trois ou quatre heures, vous avez vingt diplômes supplémentaires, trois fois plus de pouvoir d’achat et l’illusion du dépaysement. La classe économique aurait dépoétisé le voyage, vous aurait rendu morose, gâché deux semaines de détente.

Vous étiez radieux, vous voilà prêt à gifler une plante verte. Heureusement, il existe un moyen de vaincre ce spleen violent, cette neurasthénie vicieuse : en cassant ce qui reste de sa tirelire. Parmi toutes les compagnies, une retient aujourd’hui notre attention pour sa classe affaires : Qatar Airways et sa Qsuite. Voyons si cette réputation est justifiée ; direction Charles-de-Gaulle, terminal 1.

1 – Files d’attente

Avouez-le, après avoir vécu ces moments déclassifiés d’attente comme le monde entier, c’est tellement bon de savourer cette incroyable sensation d’être accéléré dans le temps ! Mais se voir jeté dans le privilège peut vous faire tourner la tête, vous faisant ressentir le vertige de ce monde. Restez modeste et digne, car la prochaine fois, celui qui vous regardera avec un regard sarcastique, ce sera vous. Le luxe, pour être apprécié, doit être aléatoire et parfois immérité. La vie est un yoyo : restaurant d’entreprise un jour, cloche en vermeil et soufflé aux oursins le lendemain. Nous n’y pouvons rien, c’est comme ça. Au terminal 1, attendez six minutes, mais dans un climat d’inquiétude… Le rêve peut continuer. Douane mise à part (mais mal signalisée), n’enlevez pas ce sourire satiné, vous êtes déjà sur votre tapis volant.

2 – La cloison de séparation

Agents de bord de Qatar Airways.

Agents de bord de Qatar Airways. RD

Une véritable porte château zippée qui vous isole pendant toute la durée du voyage, transformant votre petite boîte capitonnée en un Elysée royal. Ainsi va la Qsuite… Personne pour vous voir bâiller ou pleurer sur le dernier Ducobu Student. Une merveille qu’on porterait sous le bras comme bouclier pour traverser Charles-de-Gaulle au retour.

3 – La bande sonore

A bord de l’avion de Qatar Airways, la phraséologie du personnel féminin est parfaitement maîtrisée avec un débit clair et assuré. En revanche, les garçons ont du pain sur la planche, avec une voix parfois Playmobil et des éléments de langage blanchis. Dommage. Quant aux passagers, ils sont généralement sages, types hommes d’affaires avec un front soucieux, un stoïcisme admirable face à une situation de rêve.

Ici, nous avons une réussite banale et humble. Ne m’avez-vous pas vu ni secouer le pot. En revanche, les enfants se distinguent par une grande liberté et, contrairement aux générations précédentes qui interagissaient de manière homothétique avec leurs parents, ici, les choses sont gâchées. En gros, ils parlent comme dans les mangas, avec des interjections, des intonations guerrières et la richesse du babillage hanounien (toutes cultures confondues).

4 – Parfums

. Les commodités distribuées par un personnel de bord sympathique et attentionné sont de la marque Diptyque.. Les commodités distribuées par un personnel de bord sympathique et attentionné sont de la marque Diptyque.

. Les commodités distribuées par un personnel de bord sympathique et attentionné sont de la marque Diptyque. RD

L’arrivée en cabine reste encore un grand moment, les radins s’étant lourdement parfumés les yeux en duty free – je sais, j’en fais partie –, avec en tête du hit-parade : oud et vétiver puissant ; les eaux de Cologne reviendront. Plus tard, il se dissipe pour laisser place à une odeur crémeuse profonde. Et pour cause, le personnel navigant commercial vient de distribuer les sacs de voyage préparés par Diptyque. Une bonne partie du montage crèmes, façon prélat en début de messe. La ventilation effectue un vaste travail de ramonage (presque) discret (82 dB), initialement couvert par la musique de l’ascenseur.

6 – Accès VIP

Ici, aucun de vos amis ne vous salue avec des blagues douteuses. A la place : votre nom écrit en véritables lettres majuscules sur une pancarte tenue par une hôtesse dûment colorée aux couleurs mélangées du Qatar – bordeaux, blanc et noir. Ces services, qui permettent un enregistrement et un embarquement prioritaires, sont facturés et peuvent être réservés en ligne.

5 – Manger

Les repas servis à bord se veulent consensuels, visitant différentes cuisines du monde, portés par une rigueur conviviale.Les repas servis à bord se veulent consensuels, visitant différentes cuisines du monde, portés par une rigueur conviviale.

Les repas servis à bord se veulent consensuels, visitant différentes cuisines du monde, portés par une rigueur conviviale. RD

La nourriture reste très réservée dans son expression olfactive : pas de véhémence de sardines grillées dans cet espace très ventre et bouche serrée. Les plats à bord sont d’un niveau plus que suffisant, jouant sur tous les méridiens du genre et s’efforçant de parler l’espéranto gastronomique, accommodant les susceptibilités et les appétits, allant du mezzé accompagné de pain pita (houmous, mouhammara, baba ganousch…) à la morue charbonnière. au yuzu, des cannellonis aux épinards aux fraises nappées de sirop d’eau de rose.

Il y a là une sorte de rigueur agréable, cependant marquée par des températures (trop) froides dans les entrées, parfois tièdes (la soupe miso), mais toujours avec cet esprit de premier de classe voulant faire le meilleur, malgré des velléités style années 70. des sauciers servant un bon turbot innocent au beurre citronné et gratin dauphinois. Ou un cheesecake aux myrtilles désobligeant à sa race avec un traitement mousseux et sophistiqué.

7 – Hospitalité

C’est palpable dès l’arrivée à l’aéroport. Prenant les choses en main, débordant d’attentions et de prévenances, de gourmandises et d’expressions d’une grande gentillesse, le personnel anticipe même ce à quoi on ne s’attendait pas. Les gestes dénotent un nouvel esprit d’hospitalité : ne pas se tenir haut à la manière des années Tapie, mais plutôt s’accroupir, par le bas, pour placer les couverts avec application et scénographie, en ajustant leur parallélisme, en respectant même le manche de la tasse. ou la rondeur du bol. Sous nos yeux, le siècle change, il nous prépare à une arrivée en douceur à Tokyo-Narita et son urbanité exquise.

8 – Commodités

Le salon d'affaires Al Mourjan de l'aéroport Hamad de Doha, entouré de végétation.Le salon d'affaires Al Mourjan de l'aéroport Hamad de Doha, entouré de végétation.

Le salon d’affaires Al Mourjan de l’aéroport Hamad de Doha, entouré de végétation. RD

Ils sont pour ainsi dire les Kinder Surprise du voyage. Des chaussettes de planche, des bouchons d’oreilles standards, des produits Diptyque et surtout un extrait du monde du pyjama en coton peigné de première qualité, une véritable promesse d’un déboursement nocturne réussi dans les règles de l’art.

On n’imagine pas l’immense joie de se déshabiller pour rejoindre cette enclave inattendue de la Qsuite en uniforme aérien et de glisser le fauteuil préalablement recouvert d’un matelas rembourré en position sommeil.

Le ciel peut vous tomber sur la tête, vous dormez comme un séraphin sur des oreillers moelleux 100% coton composés de 118 fils au centimètre carré – 80 fils étant considérés comme une entrée de gamme.

9 – Chic radical

Personne ne vous reprochera de vérifier les variations saisonnières, rappelez-vous toujours que les prix sont généralement plus bas lorsque vous prévoyez de partir en février, mars, mai, juin, octobre ou novembre, plutôt qu’en haute saison. La réservation de billets en classe affaires plus de 30 jours avant le départ peut également entraîner une baisse des tarifs.


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