Une éponge qui soigne, une balane qui colle… Quand la biodiversité marine inspire les chercheurs – Édition du soir Ouest-France – .

La science étudie et s’inspire de la nature pour répondre aux problèmes humains. Ce biomimétisme s’intéresse particulièrement à la biodiversité du milieu marin. Vers, éponges de mer, algues, moules… sont une Source d’inspiration inépuisable pour l’innovation durable.

Les organismes vivants ont développé des stratégies pour survivre dans des environnements hostiles, pour se nourrir, se déplacer ou se protéger des prédateurs. Les chercheurs et ingénieurs s’inspirent des animaux, des plantes et même des molécules. « La nature est un laboratoire depuis des milliards d’annéesrappelle Robert Bunet, docteur en biologie moléculaire à l’Institut océanographique Paul-Ricard. Les organismes ont essayé des choses, mais n’ont retenu que les solutions les plus adaptées pour perpétuer l’espèce. »

Algue brune Taonia atomaria. (Photo : Robert Bunet)

L’océan, un environnement contraint

Si la nature représente un champ d’étude infini, l’océan, où la vie est apparue il y a 3,9 milliards d’années, est celui qui offre le plus grand potentiel. « Le milieu marin est soumis à des turbulences, des pressions ou des températures extrêmes. En biologie, plus les environnements sont contraints, plus les organismes développent des techniques pour survivre. observe Juliette Verseux, chargée de projet sur le biomimétisme marin au Centre d’études et d’expertise en biomimétisme (Ceebios). Seulement 13 % des espèces marines ont été décrites, ce qui laisse tant de possibilités de découvertes.

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L’éponge marine cicatrisante

La biodiversité marine est impliquée dans treize prix Nobel de médecine et 25 000 molécules extraites du milieu marin ont permis la création de médicaments, antibiotiques et anticancéreux. « Plus d’un tiers de ces molécules proviennent d’éponges marines » explique Juliette Verseux. A Roscoff, le chercheur Laurent Meijer s’inspire de ces animaux pour trouver un remède capable de retarder l’apparition de la maladie d’Alzheimer. En Polynésie, une autre éponge de mer contient des molécules susceptibles de contribuer au traitement du diabète.

Cette éponge calcaire contient une molécule qui pourrait combattre la maladie d’Alzheimer et le syndrome de Down. (Photo : Cécile Debitus et Michelle Klautau)

Un ver marin au sang prodigieux

Le biologiste Franck Zal s’intéresse à l’arénicole, très présente sur les côtes bretonnes, capable de respirer sous l’eau et dans l’air. L’hémoglobine de ce ver marin, identique à celle de notre sang, permet de conserver plus longtemps les organes humains, car elle contient cinquante fois plus d’oxygène. Dans son laboratoire pharmaceutique de Morlaix, Hemarina, le chercheur développe des produits basés sur les propriétés de l’hémoglobine de ce ver.

Vers marins Arenicole. (Photo : archives Thierry Creux / Ouest-France)

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Les algues, une alternative non toxique

Les algues brunes pourraient remplacer les substances toxiques présentes dans les peintures antifouling utilisées pour ralentir la fixation des algues et des animaux sur les coques des bateaux. « Les substances naturelles présentes dans ces algues repoussent les colonisateurs » précise Robert Bunet, à l’origine de cette recherche. Les Laboratoires de Biarritz s’intéressent également aux algues, dont l’une est capable d’absorber les UV pour proposer une alternative végétale aux écrans minéraux utilisés pour les crèmes solaires.

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Le biologiste Robert Bunet a découvert que des substances naturelles présentes dans les algues brunes pouvaient remplacer les produits toxiques des peintures antifouling. (Photo : Robert Bunet)

Une colle de coquille puissante

Pour s’accrocher à son rocher, la balane produit une sorte de colle, un mucus adhésif sécrété pour résister aux prédateurs et aux marées. Les moules s’ancrent aux roches humides grâce au byssus, une fibre élastique résistante à l’eau, aux rayons ultraviolets et au sel. Des chercheurs américains se sont inspirés pour créer une molécule adhésive. Cette colle naturelle et non toxique, capable de se solidifier dans le corps humain, pourrait être utilisée en médecine ou en dentisterie.

 
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