que retenir de la première démonstration de son interface cerveau-ordinateur ? – .

que retenir de la première démonstration de son interface cerveau-ordinateur ? – .
Descriptive text here

Atlantico : Un homme de 29 ans paralysé, premier humain à bénéficier de l’implantation neuronale de type Neuralink, https://twitter.com/neuralink/status/1770563939413496146. Il a été démontré qu’il était capable de contrôler son ordinateur par la pensée. Que retenir de cet événement ?

Laurent Alexandre : Commençons par rappeler que le dispositif Neuralink installé sur ce jeune homme n’est pas le premier à montrer de tels résultats. Nous avons déjà observé des résultats équivalents dans le passé, c’est-à-dire des personnes capables de contrôler un appareil électronique ou encore un bras robotique grâce à un implant cérébral. La différence fondamentale vient du fait qu’Elon Musk entend sortir une gamme complète de prothèses intracérébrales et qu’il compte industrialiser le procédé. L’entrepreneur a également annoncé, le jour du test, avoir commencé à implanter des singes aveugles de naissance dans le but de leur redonner la vue.

N’oublions pas qu’Elon Musk, qui est aussi le patron de Space X, n’a pas inventé les fusées. Cela ne l’a pas empêché d’écraser, voire de ridiculiser, Arianne. Il envoie des milliers de satellites en orbite alors qu’Ariane, en 2023, n’aura effectué que trois vols. Sa capacité à industrialiser les secteurs dans lesquels elle décide d’intervenir est réelle : elle est aujourd’hui propriétaire d’environ 75 % des satellites qui tournent autour de la Terre. Il y a donc fort à parier qu’elle parviendra à réduire drastiquement les coûts des implants intra-cérébraux, comme cela a été le cas pour l’industrie aérospatiale.

Quels sont les enjeux que soulève une telle réalité ? En augmentant ainsi les volumes et en baissant les coûts, faut-il espérer que ces produits soient accessibles à tous ?

Pour le moment, c’est la Food and Drug Administration (FDA) qui distribue les autorisations aux Etats-Unis. De tels produits n’ont été agréés que dans le cadre d’une action corrective, visant à réparer une connexion défectueuse ou à guérir une pathologie. L’objectif d’Elon Musk est bien plus ambitieux. Il réfléchit déjà à la prochaine étape : l’augmentation. C’est aussi ce qui l’a poussé à des discussions très houleuses avec Larry Page, le patron de Google, dont la vision s’oppose à celle d’Elon Musk.

En résumé, Elon Musk envisage d’augmenter l’intelligence humaine car il estime qu’il est nécessaire de la défendre contre l’intelligence artificielle. Larry Page estime, de son côté, qu’il est temps d’admettre que les humains ne sont plus l’espèce la plus intelligente sur Terre. Neuralink est censé devenir à terme une réponse à ce problème. Il est tout de même important de souligner qu’aucune technologie ne peut, à ce jour, améliorer l’intelligence d’un individu.

Faut-il penser qu’à terme, la technologie Neuralink va réellement augmenter le degré d’intelligence des individus équipés ? Où cela passera-t-il par un énième appareil ?

L’amélioration de l’intelligence humaine ne se fera pas via le dispositif Neuralink actuel. D’autres appareils, plus complexes, seront construits spécifiquement à cet effet. Ne perdons pas de vue que Neuralink reste assez simple d’un point de vue neurotechnologique. C’est un implant qui permet de contrôler un robot ou un ordinateur par la pensée. La comparaison d’une telle réalisation avec l’effort que représenterait l’augmentation des capacités intellectuelles de la population, nous amène à reconnaître que le premier est nettement plus simple que le second.

Les capacités de Neuralink se limitent pour l’instant au contrôle exercé par la pensée sur certains appareils électriques. A terme, cela devrait peut-être permettre de redonner la vue aux aveugles, y compris à certains qui n’ont jamais vu de leur vie, et permettre aux paralysés de remarcher. L’Ecole Polytechnique Fédérale de Lausanne (Suisse) et le Commissariat à l’énergie atomique ont déjà réussi à faire marcher des paraplégiques en 2023. Pour y parvenir, un pont électronique est réalisé entre le cerveau et la partie inférieure de la moelle épinière, en aval de la section médullaire. .

Quels sont les éventuels risques inhérents à ce type de technologie qu’il convient de citer ?

Les neurotechnologies suscitent de nombreuses préoccupations. Elles ont été résumées par l’Académie française de médecine le 13 décembre 2023.

Dans son communiqué, l’Académie note le risque de dépendance que de tels implants pourraient engendrer envers les géants du numérique. Cela souligne également le danger d’une société à deux vitesses, entre des personnes plus intelligentes, parce qu’elles ont été technologiquement augmentées, et une population en général qui, autrement, n’aurait pas pu bénéficier de telles améliorations.

Il me semble évident que lorsqu’il s’agit de faire marcher des paraplégiques, de permettre à des personnes paralysées de contrôler un ordinateur avec leur pensée ou de redonner la vue à des aveugles, il n’y a pas de débat à avoir. . Les gains potentiels dépassent de loin les dangers. En revanche, lorsqu’on considère une augmentation intracérébrale, la question devient plus complexe mais on a le temps d’y réfléchir. La prothèse intracérébrale qui transformera un idiot en astrophysicien n’existe pas dans le monde réel… et ne sera certainement pas disponible demain matin.

 
For Latest Updates Follow us on Google News
 

PREV Quantinuum s’associe à Microsoft pour une nouvelle phase d’informatique quantique fiable avec la démonstration de Qubits logiques fiables -03 avril 2024 à 15h00
NEXT nouvelle boisson pour le 275e de Saint-Charles