9 nouveaux témoignages, dont un viol sur mineur, mis en lumière par un nouveau rapport

9 nouveaux témoignages, dont un viol sur mineur, mis en lumière par un nouveau rapport
9 nouveaux témoignages, dont un viol sur mineur, mis en lumière par un nouveau rapport

Le coup final. Dans un troisième rapport du groupe Egaé, commandé par Emmaüs pour faire la lumière sur les agissements de l’abbé Pierre, neuf nouveaux témoignages mettent en cause le prêtre – évoquant notamment des viols sur mineure et des agressions sexuelles à caractère incestueux. Ces révélations ont été transmises lundi 13 janvier aux représentants Emmaüs dans 40 pays par visioconférence. Cette publication de 19 pages, qui fait suite aux deux premiers rapports d’Egaé sur les actions de l’abbé Pierre publiés respectivement en juillet et septembre 2024, enterre définitivement l’image héroïque dont jouissait le prêtre depuis sept décennies.

Dans ce reportage du groupe cofondé par la militante féministe Caroline de Haas, émerge une personnalité complexe, manipulatrice et capable de menaces pour parvenir à ses fins. La publication, détaillant des faits survenus entre les années 1960 et 2000, rapporte notamment « un acte de pénétration sur un garçon mineur », un garçon âgé de 9 ans au moment des faits – qui ne souhaite pas que les détails de son témoignage soient éclaircis mais “a fourni des éléments pour attester de la véracité de son témoignage”, précise le rapport publié sur le site Emmaüs. Une femme, membre de la famille du prêtre, a également confié avoir été victime d’abus incestueux, commis « à la fin des années 1990 » – alors que le prêtre avait presque 90 ans. Selon elle, le prêtre lui aurait touché la poitrine, l’aurait forcé à l’embrasser et aurait tenu des propos à caractère sexuel.

Des victimes d’horizons variés

Les autres témoignages sont rapportés par des femmes qui ont rencontré l’abbé Pierre dans des circonstances très variées : deux soignants, travaillant dans les hôpitaux où il était soigné ; un agent de bord ; un salarié Emmaüs ; un participant à un camp de jeunes ; une jeune femme travaillant dans un hôtel où il séjournait. Tous dénoncent des attouchements sur la poitrine, les parties génitales, les fesses, des baisers forcés ou des actes d’exhibition de la part de celui qui était alors considéré comme une icône.

Outre ces 9 nouveaux témoignages, le groupe Egaé a annoncé avoir entendu plusieurs personnes ayant eu des nouvelles de victimes de l’abbé Pierre – victimes décédées, ou ne souhaitant pas témoigner, ou ne pouvant être entendues. « Au moins neuf personnes supplémentaires (en plus de ces 9 nouveaux témoignages, NDLR) ont ainsi été identifiés, » indique le rapport. Parmi elles, deux histoires concernent deux garçons âgés de 8 à 10 ans, et se seraient déroulées sur des périodes antérieures à 1965.

Une procédure

Ces éléments, qui présentent des redondances avec les deux premiers rapports du groupe Egaé, font craindre ce qui apparaît comme un véritable modus operandi de la part d’un agresseur sexuel en série. Dans un premier rapport publié le 17 juillet, également réalisé par le groupe Egaé à la demande conjointe d’Emmaüs et de la Fondation Abbé Pierre, sept premiers témoignages faisaient état d’agressions sexuelles sous forme d’attouchements et d’embrassements forcés. Une première analyse psychologique de l’abbé Pierre suggère alors que des faits plus anciens pourraient remonter à la surface.

En effet, le 6 septembre 2024, un deuxième rapport accablant révélait 17 nouveaux témoignages, concernant des actes qui auraient été commis entre les années 1950 et les années 2000 en France, aux Etats-Unis, au Maroc mais aussi en Suisse. Le reportage mentionnait alors des « contacts non sollicités sur les seins », des « baisers forcés », des « fellations forcées », des « contacts sexuels répétés sur une personne vulnérable », des « actes répétés de pénétration sexuelle » ou encore des « contacts sexuels avec un enfant » – le la plus jeune victime avait 9 ans au moment des faits.

Création d’une organisation dédiée et permanente

Suite au deuxième rapport, de nombreuses villes décident de renommer les « rues Abbé Pierre ». La Fondation Abbé Pierre, co-parrain du rapport, annonce un changement de nom “mais pas de combat”, a rappelé Christophe Robert, délégué général de la fondation engagée dans la lutte contre le mal-logement. Mi-décembre, le journal Le publiait des extraits de la correspondance du prêtre, révélant une personnalité tourmentée, voire hantée par les questions de sexualité dès son plus jeune âge – allant jusqu’à se mutiler en lui coupant les parties génitales.

Au total, le dispositif d’écoute mis en place à l’initiative d’Emmaüs a recensé, en six mois, 33 témoignages directs de violences sexuelles commises par l’abbé Pierre. Le cabinet Egaé a également identifié plus d’une vingtaine d’autres faits, portant le nombre de victimes identifiées à au moins 57. A l’issue des deux autres, ce troisième rapport était attendu comme le dernier, clôturant ainsi la mission d’Egaé. « La mission de collecte de discours du groupe Egaé s’achèvera fin janvier, précise la firme dans un email envoyé aux victimes. Dès février, une organisation dédiée et permanente prendra le relais. »

Dans un communiqué publié le 13 janvier, la Conférence des évêques de France a assuré les victimes de sa proximité. « Réaliser qu’il a utilisé son aura médiatique et l’œuvre sociale qu’il avait bâtie – suscitant par la suite l’engagement de tant de Français au service des plus pauvres – pour abuser sexuellement des femmes, des enfants et des personnes en situation de précarité, est consternant. » Le CEF encourage également chaque victime à se rapprocher « si elle le souhaite, d’un des systèmes d’écoute ou de soutien de l’Église ; ou encore le dispositif mis en place par Emmaüs, dont elle tient à saluer l’œuvre de vérité qu’a entrepris le mouvement en écoutant les victimes. »

 
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