Par
Ovale masqué
Publié le
13 janvier 2025 à 20h13
Cela fait maintenant trois ans que les franchises sud-africaines participaient à la Coupe des Champions. Vous n’en aviez peut-être pas encore conscience et c’est normal, puisque jusqu’alors, leur présence dans la compétition avait laissé autant de traces dans l’histoire que celle du Castres Olympique (oui, je profite de la dernière opportunité pour faire cette vanne, il semble qu’ils se qualifieront cette année).
Les mauvaises langues et les gens en deuil la semaine dernière vous diront que c’est logique, les Africains ne veulent pas s’intégrer. D’autres vous diront que même avec les meilleures intentions du Monde, il est impossible de jouer dur dans une compétition lorsqu’il faut entreprendre des voyages qui donneraient des crises d’angoisse à n’importe quel rédacteur du rapport du GIEC. Chacun aura son avis, mais pour le moment, on peut parler d’un énième flop pour une compétition qui se cherche encore plus une identité qu’un adolescent fan d’Indochine.
Et malgré tout ça, certains voulaient croire que ce Sharks – Toulouse allait nous offrir le gros choc intercontinental que nous attendions. Ces dernières semaines, le battage médiatique s’est accru. On nous a vendu le champion en titre face au vainqueur de la Challenge Cup, une pluie d’internationaux et même des airs de revanche du quart de finale France – Afrique du Sud 2023.
On nous avait promis un blockbuster à la Spielberg, un classique intemporel, qu’on regardera encore avec des étoiles plein les yeux dans 20 ans. Au final, ce match ressemblait à un de ces nombreux films Netflix qu’on met à 21h07 pour accompagner son plateau de sushis. Au bout de 15 minutes, on comprend que c’est une grosse merde, et si on arrive à aller jusqu’au bout, c’est uniquement parce qu’on ne trouve pas la télécommande.
Humidité digne d’une rédaction de Cnews lors de l’annonce d’un attentat, stade à moitié vide, DJ sous coca qui rappelle les pires heures de Boris, soirée disco, maladresses à gogo, rythme haché… oui disons honnêtement, ce match était de la merde. Et même Antoine Dupont n’a pas réussi à sauver l’après-midi. Sans doute trop préoccupé de répondre à ses détracteurs sud-africains, il nous a offert environ 18 percées, 267 mètres parcourus et autant d’occasions mal conclues. Alors certes, les brouillons de Mozart sont infiniment plus beaux que les meilleurs efforts de Vianney. Mais quand même, ça fait mal de voir le GOAT dans le cosplay de Paul Graou. Finalement, en ce moment, c’est sur Instagram que Dupont reste le meilleur. En un seul post, le gars parvient à changer les règles du Rugby ! Même Elon Musk, le seul Sud-Africain plus insupportable que Faf de Klerk, rêverait d’une telle influence.
Parmi les superstars, Eben Etzebeth n’a même pas fait l’effort de venir. Peut-être qu’il se sauve et souhaite nous offrir sa première rencontre avec Emmanuel Meafou sur une plus grande scène, comme Wrestlemania. Le reste de l’armada Boks, Am, Fassi, Estheruizen ? Pas là non plus. Il a donc fallu se contenter de Siya Kolisi, le Yannick Noah de Port Elizabeth, passant le casting de Nouvelle Star dans les couloirs du stade. Super, les sensations fortes, brrrr ! Sur le terrain en revanche, c’est non, désolé, nous ne vous emmènerons pas à Baltar. En tout cas, après Créteil et le Plessis Robinson, on se sent toujours traumatisé par la banlieue parisienne.
Bon, essayons d’être positif. Il y a eu quand même quelques moments cocasses, comme lorsqu’Anthony Jelonch nous a livré une de ses fameuses courses digne de Sammy du Scoubidou et une grande tout droit venue du Moyen Âge.
On peut se moquer de sa foulée de diplodocus en surpoids, mais on se demande si pour le moment il ne court pas plus vite que Romain Ntamack.
Ah oui, Joël Merkler a lui aussi réalisé de gros tacles. On le sentait à l’aise en Afrique du Sud, prêt à défier Bongi Mbonambi pour le titre de meilleur doublé orque du Seigneur des Anneaux. Le talonneur double champion du monde avait l’air très fatigué, presque fondant sur le terrain, tel un vieux Mars posé sur un radiateur.
-Mais pas de Malcom Marx ni de Deon Fourie pour venir à la rescousse cette fois, le banc des Sharks étant uniquement composé de joueurs générés automatiquement sur Rugby Manager. En parlant du dernier déminage, même Ox Nche a réussi à se faire blanchir par Doudou Aldegheri. Oui, le même gars qui adopte pourtant un régime herbivore tous les week-ends en Top 14. En fait les Springboks sont comme des dictateurs, ils ont probablement des sosies pour jouer ces matchs qu’ils jugent sans importance, les vrais restent au chaud et tiennent fort pendant l’équipe nationale.
Certains parleront de ce match comme d’une immense déception. Parce que les Sharks sont faux, et parce que les Toulousains n’ont même pas été assez bons pour leur offrir plus de deux essais malgré une domination outrancière. Toulousain comme Thomas Ramos, capable de gestes brillants, mais aussi de faire des choses qui défient toutes les lois du rugby, comme une passe du pied pour un coéquipier situé à 2 mètres.
Mais je n’ai pas été déçu. Car pour être déçu, il faut quand même s’attendre à quelque chose. Et si vous pensiez une seconde que ce match allait être bon, vous êtes sacrément naïf. Car le rugby, hormis le Tournoi des 6 Nations et quelques matchs miraculeux ici et là, n’est presque jamais bon.
Et c’est normal, car il y a 10 000 matches, 112 compétitions qui n’ont ni queue ni tête, et même les Sud-Africains n’ont pas trouvé la potion magique pour réussir à disputer 40 matches à haute intensité par saison. On joue tout le temps, on ne sait même plus pourquoi, mais apparemment il faut jouer encore plus, faire une Coupe du Monde des Clubs, des Test Matchs aux USA, en Arabie Saoudite, à Aurillac ou sur la Lune. Le rugby n’intéresse déjà pas grand monde, mais apparemment il est vital qu’il s’exporte vers des gens qui s’en foutent pas plus que nous. D’accord.
Et on continue de regarder tous les week-ends, parfois même le jeudi soir pour les plus désespérés, par habitude, et en se disant « hé, allez, cette fois, ce ne sera peut-être pas une purge ». Et en fait oui, c’est définitivement une purge. J’imagine que c’est comme continuer à se gratter quand on sait que ça va se croûter, c’est stupide, mais humain. Mais là, j’en ai marre d’être stupide. Alors je te retrouve à la fin du mois pour le début du Tournoi des 6 Nations, tu sais, la seule chose qui te rappelle chaque année pourquoi tu aimes ce sport.
Et bien par contre, pour cette édition, ça commence par un match contre le Pays de Galles, un vendredi soir à 21 heures, deux aberrations en une.
Vraiment, tout est foutu.
Suivez toute l’actualité de vos villes et médias préférés en vous abonnant à Mon Actu.