Alors que son compagnon faisait le tour du monde en mer en 2020, Hortense Hébrard partait à la rencontre de ceux qui, comme elle, vivaient l’aventure du Vendée Globe, en solitaire, à terre. De ces témoignages est né un documentaire : « Vendée Globe, trois mois sans vous ».
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Partis à la réalisation de leur rêve, les aventuriers du Vendée Globe sont bien décidés à affronter la course seuls, pendant trois mois et sans assistance.
Quatre années d’organisation intense sont nécessaires aux marins avant de se lancer dans un Vendée Globe, épaulé par leur partenaire. Le départ de la course marque le début d’un temps de séparation, pas si facile pour ceux qui restent à terre.
En 2020, appréhendée par l’absence de son mari, le skipper Clément Giraud, Hortense Hébrard s’est vu poser une question :
« Comment vais-je m’organiser ? En son absence, comment puis-je me définir comme femme, mère et épouse ?.
Et les autres ? Comment font-ils ? Elle est allée à leur rencontre. Une manière de répondre à ses questions, et sans doute aussi de donner un sens à ces 3 mois d’attente.
“Il s’agit d’un investissement très profond. Il y a beaucoup d’aventure, de mystère et d’inattendu. Il faut avoir de la résistance, de la stratégie, de la pertinence dans la durée, il faut être tenace et bon dans la durée, c’est ça qui est compliqué « .
Les mots prononcés par Jacques Caraës, directeur de course du Vendée Globe, au départ de l’édition 2020 de « l’Everest des mers », ont une double résonance.
« Pertinence, stratégie, résistance », ces mots résonnent également pour les compagnons restés à terre. C’est pour eux, une fois le départ lancé, un tout autre défi, où là encore, il faut avoir le cœur fort.
Sandrine Cousin, épouse de Manuel Cousin, se confie au réalisateur. Pour elle, les récompenses sont au départ des courses.
“Voyez-les partir, elle a ditc’est la récompense. Je ne suis pas triste, mamanmême si je sais que ça va être long et très difficile. Les nuits sont particulièrement dures pour elle. Elle anticipe les tempêtes, mais redoute l’appel téléphonique.
Anne-Laure Bertin, compagne de Thomas Ruyant, se réfugie dans le cocon familial ou celui de proches, mais aussi dans son métier indépendant.
Une fois qu’il est parti, je ne veux parler à personne. Je dois être avec des gens très proches. Je ne peux plus remplir mon rôle de « femme de ». C’est impossible.
Laure Anne BertinCompagnon de Thomas Ruyant
Halvard Mabire est le compagnon de Miranda Merron, qui a participé seule à la course. Chef de projet technique, préparateur et navigateur, il s’est entièrement impliqué dans la préparation. Les avaries du bateau sont sa principale inquiétude.
Avec Miranda, le couple bâtit sur les projets. Il souligne la particularité de son couple « proactif ». “On fait des boulots bizarres», a-t-il déclaré. “Il faut avoir la même soif de projets et d’aventures pour que le couple tienne ensemble.. Mais le temps est long et aujourd’hui, sans elle, il n’avance plus.
Alors, confie-t-il, «Il est temps que Miranda revienne, sinon je prendrai l’habitude de ne rien faire, pour le reste de ma vie.
Nous ne vivons que de projets. Être proactif est à la fois une qualité, mais si vous vivez avec quelqu’un qui souhaite s’installer, à ce moment-là, cela ne peut plus se faire.
Halvard MabiréCompagnon de Miranda Merron
Tifenn Seguin ne pense pas au handicap de son mari, navigateur, né sans main gauche. Ce qui pourrait l’inquiéter, c’est la ténacité de son mari Damien Seguin : «Damien est tellement coureur et il a tellement envie de finir sa course, c’est ce qui m’inquiète..
Directrice de la communication et du sponsoring dans le monde de la voile, elle partage le même environnement professionnel et comprend qu’ils partagent la même passion.
Pourtant, après dix ans d’expérience, elle a appris à vivre, en l’absence de son mari.presque normal» déclare-t-elle.
C’est un projet familial. Tout le monde vit de ça. Même si c’est important d’étaler un peu les choses, c’est pour ça que je suis là. Je gère les relations extérieures.
Tifenn Séguinépouse de Damien Séguin
Aurélia Mouraud partage également le même parcours professionnel que son mari, Alan Roura. Depuis qu’il a pris la mer, elle a appris à distinguer l’urgence professionnelle de l’urgence de son rôle de mère. “Entre nous, l’équilibre s’est établi en mettant un peu moins de pression sur la partie travail” dit-elle.
La vie continue, on n’attend pas, comme dans les images mystifiées. Je n’ai pas l’impression de vivre dans son ombre.
Aurélia Mouraudépouse d’Alan Roura
Malgré des périodes très tendues, entre son travail et ses enfants, Anne-Laure Bertin ne regrette absolument pas le choix de ne pas faire partie du projet de son mari Thomas.
« Je ne suis pas impliqué professionnellement dans le projet de Thomas et je pense que c’est mieux. C’est plus compliqué, en termes d’organisation, mais je suis content que tout ne dépende pas du travail de Thomas ».
Je n’ai pas l’impression que ce soit plus difficile que les quatre années que nous venons de vivre avec ce défi en tête. Il est rattrapé par son boulot, avant, pendant et après, c’est à 2000%. Ce sont des métiers de passion.
Anne-Laure BertinCompagnon de Thomas Ruyant
Anne-Laure Bertin pense aussi que la communication n’est pas indispensable pendant la course. “Chacun mène sa propre viedit-elle. Je veux qu’il se déconnecte de la communication avec la terre. Un petit message suffit de temps en temps”.
Leurs manières de participer directement ou indirectement à l’aventure du Vendée Globe, c’est l’expérience de ces trois mois seuls, en mer et à terre, qui est racontée dans le film d’Hortense Hébrard «Vendée Globe, trois mois sans toi « .
Elle sera diffusée jeudi 16 janvier en deuxième partie et en soirée sur France 3 Bretagne, et désormais sur le site france.tv.