“Je l’ai acheté avant qu’Elon ne devienne fou.” Selon les réseaux sociaux, c’est le type d’autocollant que de plus en plus de propriétaires de Tesla arborent à l’arrière de leur véhicule – comme pour s’excuser d’avoir contribué à la fortune de l’éminence grise. de Donald Trump, devenu l’égérie d’une grande partie de l’extrême droite mondiale.
Certains vont même plus loin, appelant au boycott des entreprises du milliardaire, à commencer par Tesla. Pour la première fois de son histoire, les ventes du constructeur ont chuté de 1,1% l’an dernier, dans un marché des véhicules électriques en très forte croissance. Selon les analystes, cette baisse est largement imputable à la multiplication des modèles concurrents, notamment chinois. Mais l’image sulfureuse renvoyée par le patron de Tesla a probablement dissuadé certains acheteurs. Le déclin serait prononcé en Californie, bastion progressiste qui représente un tiers du marché américain.
Un coup de pouce pour Tesla
Ce ne serait pas la première fois que les excès d’Elon Musk pénalisent ses propres entreprises. Mais nous ne sommes plus en 2018, lorsque le gendarme boursier américain l’avait contraint à se retirer de Tesla après une série de tweets manipulateurs. L’excentrique milliardaire s’est depuis transformé en champion de l’ultra-droite, à la tête d’une fortune colossale estimée à plus de 420 milliards de dollars. Le prochain président américain lui est redevable, et l’a déjà nommé pour codiriger un « Department of Government Efficiency » chargé de réduire la bureaucratie.
Elon Musk se retrouvera donc à la fois juge et partie. Libertaire revendiqué, l’entrepreneur n’a jamais caché son hostilité à l’égard des réglementations, considérées comme des obstacles à l’innovation qu’il convient de lever. D’où la confiance des investisseurs de Tesla, qui tablent sur un assouplissement des règles encadrant la conduite autonome – une promesse de longue date du constructeur, récemment réactivée par Elon Musk pour tenter de maintenir ses parts de marché. Donald Trump a déjà annoncé vouloir assouplir les règles.
Un tremplin pour SpaceX ?
L’impact du rôle politique d’Elon Musk sur SpaceX est plus difficile à évaluer. Mais pour la partie de son activité liée aux marchés publics, on imagine l’administration Trump se montrer particulièrement bienveillante. Se profile-t-il notamment une réorientation du programme spatial américain qui pourrait abandonner la Lune pour Mars – avec SpaceX aux commandes plutôt que la NASA, dont Donald Trump a déjà confié la gestion à un proche d’Elon Musk ?
-Plus problématique est la situation de X (anciennement Twitter), devenu, sous couvert de liberté d’expression, un relais de propagande et de désinformation. Le réseau social n’a pas communiqué ses chiffres depuis longtemps, mais plusieurs analyses attestent de la fuite des annonceurs et d’une érosion de l’audience. Depuis l’élection de Donald Trump, on assiste à un exode important de médias et de personnalités vers Bluesky, une alternative créée par le fondateur originel de Twitter. Mais il est probable qu’Elon Musk se soucie désormais peu de la rentabilité financière de X, compte tenu de la visibilité que le réseau permet de donner à ses idées.
La lune de miel avec Trump va-t-elle durer ?
Reste à savoir si la lune de miel entre Elon Musk et Donald Trump durera, alors que les deux hommes s’opposent notamment sur les questions énergétiques – le premier défendant la transition vers l’électricité avec Tesla, le second celui de l’industrie pétrolière. Alors qu’un conflit tarifaire se profile entre Washington et Pékin, Tesla pourrait également être contrainte d’en payer le prix alors que l’entreprise se développe activement sur le marché chinois. Mais Elon Musk l’a démontré à de nombreuses reprises : malgré ses excès, il sait se montrer pragmatique.
