27 ballons perdus, 73% de passes réussies, 0 duel gagné sur 5, telles sont les statistiques effrayantes de Trent Alexander-Arnold lors du derby du nord de l’Angleterre face à Manchester United. Connu pour être précieux offensivement, mais moins visible en défense, le numéro 66 de Liverpool a été joliment retourné par la bande de Rúben Amorim et a signé ce dimanche sa pire prestation de la saison. Suffisant pour que son statut soit remis en cause et pour que le Real Madrid reconsidère son intérêt ? Non.
Des rumeurs comme des parasites
A la fin du contrat avec le Rouges dans six mois, comme Mohamed Salah et Virgil van Dijk, Trent Alexander-Arnold aurait été sur les tablettes d’un géant : le Real Madrid depuis plusieurs semaines. Pour autant, la rumeur n’aurait pas inquiété le principal concerné selon son entraîneur Arne Slot : « Je ne crois pas à ces choses. Je pense que neuf personnes sur dix vous diront que c’est affecté (par rumeurs de transfert). Mais je suis le numéro 10e personne qui te dira non, a assuré le technicien néerlandais en conférence de presse. Ce qui l’a affecté, c’est qu’il devait affronter Bruno Fernandes et Diogo Dalot. Ces joueurs sont très bons. » Comme beaucoup d’arrières latéraux aujourd’hui (Achraf Hakimi, Alphonso Davies…), l’international anglais est bien plus à l’aise pour percer les défenses adverses ou réaliser des passes laser que pour arrêter les attaquants.
On parle de son départ pour le Real Madrid ; vu la façon dont il défend, il ira ensuite aux Tranmere Rovers.
Il n’en fallait pas plus pour que Roy Keane, consultant pour Sky Sports et ancien milieu de terrain emblématique de United, crache son venin sur « TAA » : « C’est trop facile, il suffit de lui envoyer quelques ballons. On parle de la qualité offensive de Trent, mais il a défendu comme un écolier aujourd’hui. On parle de son départ pour le Real Madrid ; vu la façon dont il défend, il ira ensuite aux Tranmere Rovers. Il doit faire mieux. » Ce cliché est symptomatique d’une chose : l’évolution tactique des latéraux modernes n’est pas du goût de grand monde. Pourtant, cette arme, qui fonctionne surtout si les milieux compensent les hausses, s’est déjà montrée redoutable plus d’une fois par le passé.
-Des latéraux qui ne savent plus défendre, le mal du siècle ?
Pur produit de Rougesl’arrière droit de 26 ans doit beaucoup à Jürgen Klopp, l’ancien entraîneur de Liverpool. D’abord à https://twitter.com/TrentAA/status/1792268969375572146l’Allemand avait fait de l’international anglais l’une des pièces maîtresses de son gegenpressing. Résultats : une Ligue des Champions, une Premier League et une FA Cup, entre autres. Souvent pointé du doigt pour ses erreurs défensives, le vice-capitaine de Liverpool, qui compte encore 334 matches avec Liverpool, pour 20 pions et 85 passes décisives, a pu compter sur l’actuel patron mondial du football au sein du groupe Red Bull pour le défendre :«Les compétences qu’il a, pour être influent en possession, c’est fou. Je ne sais pas si nous avons déjà vu un arrière droit comme celui-là. […] Devons-nous simplement accepter que les talents de classe mondiale soient jugés sur une chose là où ils ne sont pas tout à fait de classe mondiale comme dans d’autres domaines ? S’il n’était pas un bon défenseur, il ne jouerait pas. Il est impliqué dans tout et il se porte bien.» Tout est donc une question d’équilibre. S’il n’est pas irréprochable dans les situations de face-à-face, ses apports offensifs effacent une bonne partie de ses erreurs défensives. N’en déplaise à certains, le football a changé, et les grandes équipes s’appuient désormais davantage sur ce type de profil. Pour le meilleur et pour le pire.
Rúben Amorim frustré après le match nul contre Liverpool
