Entrevue avec Jonathan Drouin | La paternité pour lutter contre l’anxiété

Entrevue avec Jonathan Drouin | La paternité pour lutter contre l’anxiété
Entrevue avec Jonathan Drouin | La paternité pour lutter contre l’anxiété

(Denver) Il commence à se faire tard, dans les entrailles de la Ball Arena. Le vestiaire de l’Avalanche du Colorado est désert. Les journalistes ont quitté les lieux et quelques joueurs accomplissent silencieusement leur routine d’après-match dans le gymnase attenant.

Jonathan Drouin, d’un pas léger, revient au quartier général de l’équipe après être allé donner une entrevue télévisée. Quelques minutes plus tôt, alors qu’il restait huit secondes à jouer en troisième période, il marquait le but égalisateur qui permettait à son club de forcer la prolongation – et de remporter le match contre les Sabres de Buffalo. Un coup de foudre tiré depuis l’enclave.

Il a lui-même demandé au représentant de La presse s’il pouvait attendre d’avoir rempli ses obligations. Nous n’étions pas pressés et, évidemment, lui non plus.

La renaissance du Québécois dans l’uniforme de l’Avalanche a été largement documentée l’an dernier. Après un début de campagne fragile, il retrouve ses repères et réalise le meilleur parcours offensif de sa carrière. L’été venu, il ne voulait jouer nulle part ailleurs. D’autres équipes l’ont contacté, mais « par respect » pour l’organisation qui lui avait donné une autre chance, et après avoir « aimé » sa première année là-bas, il a signé un nouveau contrat d’un an.

Difficile de ne pas être frappé par la sérénité affichée par le jeune homme. Même s’il n’est plus si jeune, avec tout le respect qu’il mérite, puisqu’il fêtera ses 30 ans en mars prochain. “Juste une année de plus”, a-t-il déclaré à ce sujet en souriant.

Signe du temps qui passe, Drouin et sa compagne ont vu naître leur deuxième enfant en septembre dernier. Une petite fille, arrivée début septembre, qui dort désormais toute la nuit, mais qui pourtant rend « la vie assez rock’n’roll à la maison ». La vie va vite, admet-il. « Mais nous aimons ça ! » »

PHOTO DAVID ZALUBOWSKI, ARCHIVES PRESSE ASSOCIÉE

Jonathan Drouin

Surtout, la paternité a eu sur lui un effet insoupçonné. « Cela m’a aidé au hockey, d’avoir des enfants », dit l’attaquant.

Mais quand même ? « Je suis quelqu’un qui pense tellement au hockey… C’est le plaisir d’être papa, au lieu de penser au match de la veille ou du lendemain, ou à l’entraînement, peu importe. C’était un de mes problèmes, l’anxiété : je n’arrivais jamais à éteindre mon cerveau pour le hockey. Ça aide, d’être papa quand je rentre à la maison. »

Santé mentale

Jonathan Drouin a d’ailleurs été l’un des premiers joueurs de hockey à aborder publiquement ses problèmes de santé mentale. Alors qu’il portait l’uniforme des Canadiens de Montréal, il a fait l’impasse sur la fin de la saison 2020-2021 et les séries éliminatoires qui ont suivi. L’automne suivant, il a révélé qu’il souffrait d’anxiété et de problèmes de sommeil depuis des années.

Les épisodes de détresse sont désormais loin derrière lui, même si certaines situations le fragilisent encore. Certains soirs, lorsque les enfants sont au lit, le hamster se remet à courir vite. «Mais c’est une grande différence avec ce que c’était à Montréal», insiste-t-il.

Il y a des jours où on vit avec, on ne peut pas s’en débarrasser à 100 %. Mais maintenant, grâce aux expériences que j’ai vécues, il y a beaucoup de gens à qui je peux parler si cela se produit. Et j’ai plein d’outils pour m’aider.

Jonathan Drouin

Cela dit, la belle zénitude de Drouin a été mise à rude épreuve cette saison. Jeudi soir, il n’avait disputé que son septième match en 2024-25, après qu’une blessure au « haut du corps » l’ait contraint à rater deux séquences de 16 matchs.

Il s’est blessé pour la première fois lors du match inaugural de l’Avalanche. Son retour, en novembre, n’a duré que quatre matches, puisqu’il a été touché au même endroit – « pas de chance », selon le principal concerné.

La deuxième convalescence a plus affecté son moral que la première, concède-t-il. « Quand on repart de zéro tout ce qu’on vient de faire pendant cinq semaines, c’est plus difficile. Mais je suis revenu au sommet. »

Des choses simples

« Au sommet », il l’est effectivement. Il a débuté le match contre les Sabres sur la deuxième ligne, mais a été transféré dans l’unité principale en deuxième période, aux côtés de Nathan MacKinnon et Mikko Rantanen, alors que son équipe tentait de combler un déficit de 3-0.

Son entraîneur a eu de la chance puisque le numéro 27 a marqué cinq des six buts locaux dans une victoire de 6-5. Y compris le sien, qu’il a célébré sans retenue devant des supporters déchaînés. Le voilà désormais à huit points en sept matchs.






Faisant face à une série de blessures, l’Avalanche aimerait être dans une position moins précaire au classement, alors qu’elle demeure de justesse au troisième rang de la division Centrale.

La situation s’est enfin stabilisée devant le filet, mais le cycle de la malchance ne semble jamais s’arrêter du côté de l’infirmerie. Après le retour au jeu de Drouin, Valeri Nichushkin et le gardien Scott Wedgewood sont tombés au combat lors des dernières rencontres.

Dans ces circonstances, « il faut faire simple », résume l’ailier. Et ne comptez pas trop sur les grandes stars offensives comme MacKinnon, Rantanen ou Cale Makar.

Sur ce compte, un match 6-5, ça nous plaît ou pas ? Ici, il hésite. “Pas trop souvent!” », conclut-il.

Toutefois, s’il existe une équipe qui possède l’arsenal pour se battre dans ce type de duel, c’est bien l’Avalanche. Arsenal dont Jonathan Drouin fait désormais partie intégrante.

 
For Latest Updates Follow us on Google News
 

PREV André Ayew très ému par l’hommage des supporters de l’OM, ​​malgré son but pour Le Havre
NEXT Landerneau perd à Villeneuve d’Ascq et chute au classement