Breezy Johnson est de retour en Coupe du Monde, après une absence pour le moins inhabituelle en ski alpin. image : Getty
Alors que tous les regards étaient tournés vers Lindsey Vonn, à Beaver Creek il y a une semaine et à Saint-Moritz ce week-end, une autre Américaine, Breezy Johnson, a fait son retour sur la Coupe du monde de manière tout à fait discrète. Son absence n’avait rien à voir avec une retraite sportive, une maternité ou une blessure grave.
23.12.2024, 05:2923.12.2024, 09:02
Lindsey Vonn était la principale attraction de Saint-Moritz ce week-end. Médias, personnalités, passionnés de ski : tout le monde voulait assister au « retour » de l’Américain en Coupe du monde. La situation était similaire il y a un peu plus d’une semaine, lorsque Vonn jouait le rôle d’ouvreuse de luxe pour la descente de Beaver Creek, chez elle aux États-Unis.
Breezy Johnson était là. Cette course marquait son retour sur le circuit, après plus d’un an sans compétition. Sa dernière apparition remonte à novembre 2023. Un entraînement en marge des épreuves Zermatt-Cervinia, finalement annulées. La descendeuse, quatrième au classement des spécialités en 2021, s’est ensuite fait remarquer par son absence, à Saint-Moritz quelques jours plus tard, où elle avait pourtant brillé la saison précédente, cinquième dans la première des deux descentes.
Un athlète en forme, des entraîneurs américains mal à l’aise avec les journalistes des Grisons : il n’en fallait pas plus pour que les rumeurs concernant Breezy Johnson se répandent. On a en effet appris qu’une enquête impliquant la skieuse avait été ouverte par l’Agence antidopage des États-Unis (USADA), d’où sa non-présence dans la cabane de départ. Une décision de ne pas démarrer prise par elle-même, selon un communiqué personnel.
«Je confirme que je suis impliqué dans une affaire dirigée par l’USADA, qui en est encore au stade préliminaire. Par respect pour mes collègues, j’ai décidé de ne plus participer aux concours tant que la procédure est en cours.
Breezy Johnson
Breezy Johnson a précisé dans sa communication les raisons de cette enquête : le non-respect des obligations de localisation dans le cadre de la lutte contre le dopage. « Je tiens à souligner qu’une affaire de localisation n’implique aucune substance interdite. Il s’agit plutôt de savoir si j’ai correctement mis à jour mes informations de localisation. Je suis, et j’ai toujours été, une athlète propre”, a-t-elle écrit.
Le skieur américain a terminé 3ème à Crans-Montana en 2021.Image : CLÉ DE CLÉ
La décision de l’USADA a finalement été rendue en mai de cette année : une suspension de 14 mois – suite à trois écarts en moins d’un an, le 29 octobre 2022, le 13 juin 2023 et le 10 octobre 2023 –, active à compter de la dernière infraction à la réglementationJohnson n’ayant participé à aucune course officielle après cette date. La spécialiste de la vitesse a accepté cette décision et a depuis détaillé sa négligence à plusieurs reprises, notamment au micro de la SRF. D’abord un simple oubli, puis une mise à jour dans le système de localisation vers un numéro erroné et enfin un problème rencontré avec l’application. Tout cela semble plausible, d’autant qu’aux dates où elle n’était pas aux lieux indiqués, Johnson faisait alors l’effort de se faire contrôler. Certes tard, mais quand même. On ne peut que se demander pourquoi le skieur n’a pas fait preuve de plus de vigilance dès le premier avertissement.
Les conséquences de sa suspension ont cependant été regrettables. En plus de son exclusion temporaire de l’équipe américaine, Breezy Johnson a perdu un sponsor important, même si elle a dû financer elle-même sa préparation pour la saison suivante. Elle puise alors dans ses économies, monte une campagne de financement participatif et sollicite auprès de personnes influentes les 200 000 $ nécessaires à son bon fonctionnement. De l’argent qui a notamment servi à rémunérer le Bernois Stefan Abplanalp, ancien entraîneur des Suisses, et qui travaillait avec elle en préparation de son retour à la Coupe du Monde.
«Je n’aurais pas été disponible s’il s’agissait d’un athlète dopé. Mais Breezy est une femme intelligente. Il traite de choses qui vont bien au-delà du ski. Elle n’avait tout simplement pas la tête sur l’essentiel.
Stefan Abplanalp dans les colonnes de Gazette quotidienne
Le travail effectué durant son année en dehors du Cirque Blanc a apparemment porté ses fruits. Johnson a terminé à Beaver Creek à une honorable 13e place en descente, sa discipline préférée, où elle est montée sur le podium à sept reprises. Les résultats ont en revanche été moins convaincants en super-G, l’Américain n’ayant terminé que 45ème dans la seule épreuve disputée ce week-end à Saint-Moritz. Mais qu’il soit triomphal ou non, son retour est surtout différent de ce que l’on connaît habituellement, car il n’est justifié ni par la guérison d’un genou ni par l’envie d’une seconde carrière.
Celle de Breezy Johnson s’explique par une suspension prononcée par une autorité antidopage. Or, de telles sanctions ne sont pas nombreuses en ski alpin. Les athlètes testés positifs sont peu nombreux, et ceux qui ne remplissent pas leurs obligations sont encore plus nombreux. Pour rappel, Christelle Guignard (1989), Alain Baxter (2002) et Hans Knauss (2005) font partie des rares skieurs suspendus. Il ne s’agissait pas de manquements, mais de tests positifs.
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