Le ciel tombe sur Jeff Gorton, l’actuel vice-président des opérations hockey des Canadiens de Montréal.
Autrefois perçu comme un architecte prometteur, capable de transformer en profondeur une organisation, sa réputation est aujourd’hui fortement écornée.
L’échange de Kaapo Kakko au Seattle Kraken cette semaine, contre des atouts moindres, a ravivé des souvenirs douloureux de sa gestion douteuse des Rangers de New York.
À Montréal, où les revendications des supporters sont à leur paroxysme, ce passé refait surface comme une ombre menaçante.
Entre 2017 et 2020, Jeff Gorton a eu une rare opportunité dans la LNH : quatre choix parmi les dix premiers au repêchage.
Ce type de capital permet habituellement de bâtir une équipe de championnat, mais aujourd’hui seuls Alexis Lafrenière et quelques éléments secondaires (Filip Chytil, Braden Schneider, K’Andre Miller) survivent à New York.
Les échecs de cette période sont accablants :
Kaapo Kakko (2e au total, 2019) : L’ailier n’a jamais été à la hauteur des attentes associées à un deuxième choix. Échangé cette semaine contre Will Borgen et deux choix tardifs au repêchage, il illustre la mauvaise appréciation du potentiel de certains joueurs. Pendant ce -, des talents comme Trevor Zegras, Cole Caufield et Matthew Boldy brillent ailleurs.
Lias Andersson (7e au total, 2017) : Considéré comme l’un des plus gros flops des dernières décennies, Andersson n’a jamais percé et évolue désormais loin de la LNH. Nick Suzuki ou Jason Robertson auraient pu être choisis à la place.
Vitali Kravtsov (9e au général, 2018) : Encore un échec lamentable, échangé contre des miettes après un passage décevant avec les Rangers. Le défenseur Evan Bouchard, choisi juste après, aurait comblé un besoin criant à New York.
Alexis Lafrenière (1er au total, 2020) : Bien que Lafrenière ait montré des signes de progrès, il demeure loin du niveau attendu d’un premier choix. Tim Stützle, repêché troisième cette année-là, est déjà une star incontestée.
Les Rangers, malgré leurs ressources, n’ont jamais été en mesure de maximiser leur fenêtre de reconstruction sous Gorton.
Si les réussites telles que les acquisitions d’Artemi Panarin et d’Adam Fox ont aidé l’équipe, elles n’ont pas suffi à combler les lacunes en matière de recrutement.
Et le mérite n’en revient pas à Gorton. Seulement le fait que ces joueurs voulaient absolument jouer à New York.
Le contraste est frappant : la majeure partie du succès actuel des Rangers repose sur des joueurs acquis en dehors des repêchages dirigés par Gorton et Nick Bobrov.
L’échange de Kaapo Kakko est un signal d’alarme pour les partisans montréalais, qui craignent de répéter les mêmes erreurs sous la direction de Gorton et Bobrov.
Les décisions récentes, notamment la sélection de Juraj Slafkovsky au premier rang en 2022 à la place de Logan Cooley et David Reinbacher en 2023, sentent déjà la panique à Montréal.
Même si Slafkovsky présente un potentiel intéressant, son évolution est scrutée de près, et certains craignent que la patience ne s’épuise rapidement.
Reinbacher, quant à lui, doit surmonter une blessure majeure pour être à la hauteur des attentes. Matvei Michkov est donc déjà un joueur générationnel à Philadelphie.
Certains arguments suggèrent que le duo Gorton-Bobrov apprend de ses erreurs passées. Des sélections comme Lane Hutson (62e en 2022), qui s’impose déjà comme un vol du repêchage, ou Ivan Demidov (5e en 2024), qui performe dans la KHL malgré un - de glace limité, offrent des lueurs d’espoir.
Cependant, le scepticisme demeure : ces choix suffiront-ils à éviter un nouveau fiasco monumental ?
Jeff Gorton, autrefois vanté pour sa vision, se retrouve désormais dans l’eau chaude jusqu’au cou. Les erreurs de son passé le rattrapent et sa marge de manœuvre à Montréal s’amenuise.
Si le Canadien ne parvient pas à maximiser ses prochaines opportunités, notamment grâce à ses jeunes espoirs, la colère des fans pourrait bien balayer cette administration.
À New York, Gorton est considéré comme un perdant à tous les niveaux.
À Montréal, le nom de Matvei Michkov résonnera encore longtemps, et pour plusieurs raisons.
Chaque performance exceptionnelle du jeune Russe relance le débat sur le choix controversé des Canadiens de Montréal d’ignorer ce talent unique pour sélectionner David Reinbacher au cinquième rang du repêchage de 2023.
Cette décision, qui continue de diviser les partisans, place aujourd’hui Jeff Gorton et son administration dans une position délicate.
Michkov est sans aucun doute un joueur exceptionnel. Ses statistiques et son impact sur la glace font de lui l’un des talents les plus fascinants de sa génération.
Cependant, plusieurs équipes, dont le Canadien, ont décidé de passer. Les Flyers de Philadelphie, qui ont sauté sur l’occasion en le sélectionnant septième, savourent probablement déjà leur audace.
Mais pourquoi tant de réticences autour d’un tel joueur ? Elliotte Friedman, sur le podcast 32 Thoughts, a proposé quelques pistes de réflexion.
Selon lui, Mishkov voulait se rendre à Philadelphie et a travaillé dans ce sens. Sa capacité à dicter son avenir, dès l’âge de 18 ans, a fait sourciller plusieurs dirigeants.
Ce type de comportement, bien qu’impressionnant pour un jeune joueur, a créé des inquiétudes chez les dirigeants du CH, qui cherchent des excuses.
Les Canadiens de Montréal n’ont jamais expliqué directement leur raisonnement, mais plusieurs indices laissent entrevoir des inquiétudes hors glace.
Jeff Gorton, Nick Bobrov et Kent Hughes auraient considéré le caractère et les ambitions de Michkov comme des risques potentiels pour l’harmonie d’une équipe en reconstruction.
À Montréal, où la pression médiatique et populaire est immense, le moindre faux pas peut tourner au scandale.
David Reinbacher, en revanche, représentait un choix sûr. Défenseur intelligent, mature et dévoué, il a coché toutes les cases recherchées par une organisation désireuse de bâtir des bases solides.
Cependant, le choix de Reinbacher est perçu par certains comme conservateur, presque craintif, face à l’opportunité de transformer l’équipe avec un talent comme Michkov.
Jeff Gorton, déjà sous pression pour d’autres décisions passées, se retrouve désormais obligé de se défendre publiquement.
L’idée qu’il aurait contacté des journalistes, directement ou indirectement, pour apaiser les critiques autour du dossier Michkov n’arrange pas sa situation.
Les propos d’Elliotte Friedman, liant le cas Michkov au potentiel d’Ivan Demidov (choisi en 2024), suggèrent une tentative de réorienter l’attention vers le présent et l’avenir prometteur de certains espoirs.
Cependant, ces efforts ne suffiront pas à calmer les fans frustrés, surtout si Michkov devient la superstar que beaucoup prédisent.
A chaque exploit russe, le choix de passer à côté semblera encore plus incompréhensible.
Le Canadien devra vivre avec cette décision pendant des années. Chaque match, chaque point, chaque exploit sera un signal d’alarme pour une organisation qui a choisi la sécurité plutôt que le génie.
Reste à savoir si Ivan Demidov, David Reinbacher ou d’autres espoirs suffiront à apaiser les partisans… ou si le nom de Michkov deviendra à jamais le symbole d’une occasion manquée pour Montréal.
À jamais le symbole de l’échec de Jeff Gorton…