Alessandro Mangiarratti a voulu le faire dans le respect des règles. Officiellement, il est toujours sous contrat avec Yverdon Sport. Alors, pour s’exprimer, il a préféré attendre que le club lui en donne l’opportunité, plutôt que de le faire dans son dos. Lematin.ch a pu le contacter tôt mercredi, au lendemain de son éviction.
Le Tessinois de 46 ans, rentré chez lui, n’a pas grand-chose à reprocher à ceux qui sont toujours ses employeurs, mais qui l’ont démis de ses fonctions d’entraîneur lundi. « J’ai toujours protégé le club », se souvient-il. Car c’est aussi Yverdon qui lui a permis de découvrir la Super League, il y a un peu moins de quatorze mois.
« Quand on est entraîneur, il faut être assez stable et souverain dans chaque situation, accepte-t-il. Ce furent quatorze mois très intenses et je dois remercier Yverdon pour l’opportunité qui m’a été donnée. Cela aura été très intéressant comme coach, avec beaucoup de situations à gérer. Même si, au final, tout va très vite : on prend préparation de match sur préparation de match, problème après problème. Il s’agissait aussi de développer le club. Je prends cette expérience de manière très positive.
Seul décideur des compositions
Le discours est presque fataliste. Aucun ressentiment. Des regrets ? « Je pense que nous avons peut-être raté deux victoires à domicile ces dernières semaines. Je ne veux pas trouver d’excuses. Les dirigeants yverdonnais ont invoqué l’absence de résultats pour justifier leur décision.
“Le club a ses objectifs, je ne veux pas aller à l’encontre de ça”, élude Mangiarratti. Mais je pense que la deuxième partie de saison sera plus calme, car les joueurs arrivés cet été ont su s’adapter. Ce ne sont pas des pièces de puzzle que vous pouvez mettre et enlever et qui s’emboîtent. Mais c’est la réalité d’Yverdon Sport.»
Autrement dit, à la Municipalité, il faut faire selon les conditions imposées. En fonction des joueurs disponibles, notamment. Avec des choix dictés par la direction, comme on l’a souvent supposé ? Là, Mangiarratti balaie fermement : « J’ai fait ce que je voulais dans les compositions de mon équipe ». Comme pour rappeler qu’il était le seul décideur de ce qui se passait sur le terrain. En coulisses, on imagine en revanche que sa puissance a été moindre au mercato.
Peu importe. Mangiarratti s’est toujours débrouillé, jouant le rôle d’interface entre les supporters, pas toujours convaincus par le chemin parcouru, et le club. “La négativité venait toujours de l’extérieur, en interne, ça se passait bien”, souligne l’ancien coach de Vaduz. Lequel a dû faire face à la révolte grandissante de ses partisans ces derniers -.
“Les fans ont essayé de me cibler”
Il y a d’abord eu une banderole « Mangiarratti Basta », que les ultras avaient pris l’habitude de déployer. Avant une vive contestation après l’élimination en Coupe de Suisse contre Lugano début décembre, où l’entraîneur devait quitter les vestiaires. Et puis, samedi, lors du dernier match de Mangiarratti contre Sion (défaite 1-0), autre message des supporters : “Papa Noël, un nouvel entraîneur s’il te plaît !” Il a été entendu.
“Je n’arrive pas vraiment à expliquer ce qui s’est passé avec les supporters”, rappelle le sélectionneur. Je pense que la première banderole est apparue après quatre ou cinq matches, lorsque nous avions joué contre Zurich, Servette, Winterthour, YB et Bâle. Ce n’était pas si simple, même si je comprends que les fans voulaient des hits. Ils ont essayé de me cibler, mais j’ai toujours protégé les joueurs et le club.
De quoi repartir avec un peu d’amertume, tout de même. Sans doute Mangiarratti a-t-il hérité d’un don quelque peu empoisonné, succédant au populaire Marco Schällibaum. Présenté comme un coach moderne et proactif, il a aussi dû se contenter des moyens du bord.
Même s’il ne le dit pas. “Je me souviendrai des moments que j’ai passés avec les joueurs”, a-t-il déclaré positivement. Comme lors de notre victoire 3-2 à la dernière minute à Lucerne, ou encore la victoire dans le derby contre Lausanne la saison dernière. Sans oublier l’entretien acquis à la maison.
Cela faisait partie de l’objectif. Demandez à son successeur de faire de même. Rien d’évident.