Comment reconnaît-on un monstre sacré ? Aux légendes, plus ou moins fiables, qui l’entourent. « Quand José Manzano boxait, il avait toujours une ligne de pêche qui lui permettait de confectionner un collier avec les dents de ses adversaires ! », raconte par exemple Michel Contré, entraîneur du club de boxe du Bouscat. “On l’appelait ‘Frappe que un coup'”, renchérit Christian Laborde, président du même club.
Ce portrait peint, on s’attend à rencontrer une brute terrifiante. A sa place, apparaît un agneau de 77 ans, aux cheveux blancs et aux paroles rares, décrit comme « gentil et pacifiste » par Josette, son épouse depuis cinquante-cinq ans, entourée de ses deux filles et de ses trois petits-enfants. . Vendredi 13 décembre, à la salle Monrepos, José Manzano, dit « Pépé », a reçu la médaille d’or de la Fédération française de boxe des mains de Fouad Kasmi, président du Comité départemental de boxe.
Un coup de poing dévastateur
Agressé, le septuagénaire n’en reste pas moins accessible. Si les dates sont floues, les souvenirs d’une carrière amateur avec un record élogieux défilent : 70 combats, une vingtaine de défaites, le reste en nuls ou victoires dont 24 avant la limite. Surtout, Pépé avait un don dont peu de gens peuvent se vanter : le punch. Dévastateur selon les anciens.
Il est devenu boxeur sur le tard – à 21 ans – grâce à une suggestion de sa femme : « Il se battait constamment sur un terrain de football pour défendre les autres. Je lui ai conseillé de s’orienter vers le noble art. » Sous les ordres de l’entraîneur emblématique Manuel Lacasa, Pépé, employé dans le BTP, boxe au sein du Club sportif municipal de Bordeaux (CAM) puis à Cenon jusqu’à ses 27 ans.
Après quoi, lassé d’attendre une autorisation pour boxer professionnellement, il devient à son tour entraîneur (CAM, Pessac et Floirac), obtenant son diplôme de prévôt fédéral en 1977. Des centaines d’athlètes, du simple anonyme, passent entre ses mains. à un futur champion du monde mexicain, tandis que les plus astucieux remarquaient dans les années 1980 sa silhouette légèrement voûtée dans les coins des boxeurs français du championnat de France ou d’Europe.