Le contrat était prêt. Les accords ont été conclus. Mais il restait encore une chose à faire à Jesse Marsch avant de confirmer qu’il allait devenir sélectionneur du Canada : passer 24 heures à regarder des vidéos des défenseurs.
«Quand j’ai vu Moïse [Bombito] et Derek [Cornelius]J’ai compris que ces gars étaient plutôt intelligents, athlétiques et talentueux”, a-t-il déclaré. La presse lors d’un entretien virtuel vendredi dernier.
“Puis j’ai appelé Kevin [Blue, secrétaire général de Canada Soccer]. J’ai dit: “Bienles défenseurs sont meilleurs que je ne le pensais. On y va.” »
Quelques mois plus tard, à Toronto contre le Panama, Bombito lui offre « peut-être la meilleure performance d’un défenseur central » à laquelle il ait assisté en tant qu’entraîneur. “Il a été littéralement parfait dans ce match”, dit-il. Les partisans de Toronto ont également remarqué qui a scandé son nom à la fin du mois d’octobre lors de la victoire 2-1 au BMO Field.
Les clubs m’ont appelé pendant l’été. Ils m’ont demandé quels étaient ses défauts. Je leur ai dit qu’il n’en avait pas. Son seul défaut était de n’avoir quasiment aucune expérience pour son âge.
Jesse Mars
« Je l’ai souvent dit : il peut être dans la catégorie des meilleurs défenseurs du monde. Il se concentre là-dessus. Sa croissance va continuer à un rythme très rapide. »
Jesse Marsch a passé une partie de sa journée de vendredi à s’entretenir avec divers médias canadiens. Il nous parle de sa maison en Toscane, en Italie, dans la petite ville balnéaire de Viareggio. « Je suis à la montagne, j’ai vue sur la mer et je vois la tour de Pise depuis ma maison ! », dit-il.
Derrière lui, les rampes en bois de son escalier sont ornées de guirlandes de sapins, signe que les vacances approchent. « Joyeux Noël, Jean-François ! », dira Marsch, en français, à la toute fin de l’entretien.
“Les clubs ne savent pas à quel point il est bon”
Nous lui parlons de Bombito, et des autres joueurs constituant un vivier important de talents canadiens en Ligue 1 française, dans le cadre de cette interview retraçant sa première année à la tête de l’équipe masculine.
Et ce n’est d’ailleurs pas fini puisque dès le lendemain de notre discussion, il a dû prendre la route pour se rendre à Marseille, à six heures de chez lui. L’OM d’Ismaël Koné et Derek Cornelius accueillait Lille et Jonathan David, son artilleur vedette canadien.
Pour mémoire, l’entraîneur américain connaît bien Marseille, puisqu’il a refusé leur offre de devenir leur entraîneuril y a quatre ans maintenant.
Jonathan David a marqué cinq buts pour le Canada depuis l’arrivée de Marsch. Et il est, cette saison, l’un des attaquants les plus prolifiques d’Europe, avec 17 succès en 24 matches – dont contre le Real Madrid – toutes compétitions confondues. Un transfert dans un grand club l’attend dans les prochains mois.
“C’est drôle, parce que je pense que les clubs ne savent même pas à quel point il est bon”, souligne le technicien en souriant. […] J’ai essayé de le récupérer à Leeds [son ancien club]d’ailleurs! Je n’ai réalisé l’étendue de son talent qu’en travaillant avec lui. C’est un joueur et une personne fantastique. »
Samedi, Koné n’a pas joué pour Marseille, car il réchauffe le banc depuis son rappel à l’ordre par son entraîneur Roberto De Zerbi en novembre. L’Italien a évoqué un « besoin de changement de mentalité » pour son jeune milieu de terrain, sans manquer de souligner qu’il avait subi deux blessures depuis son arrivée en août.
«J’ai eu cette conversation avec Ishmaël cet été», nous a raconté Jesse Marsch. Je lui ai dit que les plus hauts niveaux du Football demandent plus de discipline et de concentration. »
«Quand je vais le voir [samedi]cela fera partie de notre discussion. Je lui dirai de continuer à se dépasser. C’est bien pour lui de devoir être plus mature et de se mettre au défi. Mais il doit jouer, c’est sûr. »
« Pas de - à perdre »
La prochaine rencontre du Canada n’aura lieu qu’en mars prochain : il affrontera le Mexique en demi-finale de la Ligue des Nations. D’ici là, Jesse Marsch effectuera une tournée pancanadienne à la fin janvier, en passant par le Québec le 22.
Sinon, comme ce samedi, il se déplacera pour voir les matchs de ses joueurs en Europe.
« J’essaie de ne pas être trop invasif, car je sais que les exigences d’engagement des clubs sont très élevées. Mais j’essaie de les soutenir et de prendre de leurs nouvelles de - en -. Je suis toujours là pour eux. »
À l’entendre dire, ils étaient également là pour lui ces derniers mois.
«Je savais qu’ils avaient de la qualité», confie Marsch. Mais je ne savais pas qu’ils étaient si intelligents. J’ai compris à quel point ils étaient engagés, dévoués [selfless]. Mais la qualité numéro un qui m’a le plus impressionné était leur désir d’apprendre. »
Cette mentalité, dit-il, a aidé son équipe à « maximiser le potentiel » des joueurs.
« Ce que nous disons depuis le début, c’est que nous n’avons pas de - à perdre. »