Très bon depuis le début de la saison, Giovanni Habel-Küffner (29 ans) retrouvera pour la première fois dimanche soir son ancienne équipe du Stade français Paris. En milieu de semaine, le troisième ligne est revenu sur les belles années qu’il a vécues dans la capitale, s’est penché sur le choc de ce week-end et a analysé son style brutal, qui fait de lui un joueur redouté du Top 14.
Quels ont été vos propos après la gifle que vous avez reçue à Toulon ?
On a eu un match assez difficile là-bas. On a été dominés en attaque, c’était un match de retour. Nous avons commis des erreurs dans les vingt premières minutes et ensuite c’était difficile de revenir dans le match. Nous avons réalisé un bon début de saison et nous devons retrouver le « momentum » d’avant la trêve, pour remettre notre jeu sur les rails ce week-end.
N’as-tu pas passé les examens trop facilement à Mayol ?
Oui, nous n’étions pas là en défense. Les Toulonnais ont eu le ballon rapidement et cela nous a posé des problèmes. C’est ce qu’il faudra corriger ce week-end.
Vous recevrez Jean Dauger pour la deuxième fois consécutive un dimanche soir. Est-ce que cela a un impact pour vous ?
Cela dépend de chaque personne. Ce sont des matchs qu’on a envie de jouer, surtout si on espère participer aux matchs de la phase finale, car ils ont lieu le soir, à 21 heures. Nous profiterons donc de l’événement dimanche. Le plus difficile c’est que la journée est longue, on attend juste le match. Mais pour le public, c’est une bonne chose. On n’a joué qu’un seul match à 21 heures, contre Toulouse. Les billetteries étaient fermées, ce qui était une bonne chose.
Que faites-vous pour rester occupé en attendant le match ?
Oh, j’en fais le moins possible… Je veux garder mon énergie pour la soirée. Je me repose à la maison.
Le Stade français vient de dépasser les 40 points sur le Racing. Quel genre de match attendez-vous dimanche ?
J’ai vécu deux années merveilleuses à Paris. Le début de saison a été plus difficile, mais le Stade Français a retrouvé la forme la semaine dernière. Je m’attends à un match similaire ce week-end. Je pense que les Parisiens vont marquer des points, avec une équipe assez solide. J’espère que ce sera un bon match.
Sur le plan personnel, ce match contre votre ancienne équipe sera-t-il particulier ?
J’ai beaucoup d’amis là-bas. Quand vous jouez contre votre ancienne équipe, dire non serait un mensonge, mais nous sommes tous des concurrents et nous voulons gagner chaque match. Dimanche, ce sera sympa de revoir mes anciens coéquipiers, de pouvoir jouer contre eux. Ce sera un bon moment.
Dans quelle mesure le Stade français a-t-il joué un rôle dans votre progression ?
Le Stade Français m’a donné beaucoup de confiance. Avant d’arriver dans la capitale, j’ai passé sept ans à Pau. Le temps passé à Paris m’a donné la certitude de pouvoir aller dans un autre club, tout en ayant encore du temps pour jouer.
De bon joueur de Top 14 à Pau, vous êtes devenu un bon joueur de Top 14 dans une équipe jouant la qualification….
Oui, à Paris, j’ai joué la phase finale pour la première fois. Avec Pau, il y a eu des hauts et des bas, mais on s’est davantage battu pour le maintenir. Jouer la phase finale avec Paris m’a ouvert les yeux sur toutes les possibilités qui pouvaient exister. Tous les joueurs veulent gagner Brennus, mais toutes les équipes ne peuvent pas le faire. L’année dernière, je pensais vraiment que nous pourrions aller jusqu’au bout, mais notre parcours s’est terminé en demi-finale. Ce fut malgré tout une belle aventure.
Quels sont vos souvenirs inoubliables de Paris ?
La demi-finale s’est jouée à Bordeaux. C’était la première fois que j’allais aussi loin. Nous formions un groupe très soudé. Je pense que l’année dernière, on pouvait vraiment espérer gagner le Brennus.
Et en ville ? Comment avez-vous vécu le déménagement de Pau vers la capitale ?
Il est très difficile de faire des comparaisons. On m’a demandé lequel était le mieux entre Paris, Pau et Bayonne. Paris est une ville vraiment spéciale, unique au monde. Alors oui, il n’y a pas la nature qu’on pourrait avoir à Pau, il n’y a pas de plage comme au Pays Basque, mais j’ai passé deux années merveilleuses à visiter des musées, à assister à des spectacles ou à des concerts. Il y a aussi de nombreux restaurants. A Paris, vous avez tout ce que vous voulez.
Vous avez aimé cette ville où les gens vivent à 100 à l’heure ?
Oui, mais quand j’allais en ville, je n’étais jamais trop pressé. J’ai pris le temps d’apprécier les monuments, les bâtiments. J’ai grandi dans une petite ville de Nouvelle-Zélande. Quand j’ai dit à mes amis que j’habitais Paris, c’était spécial.
Avez-vous eu l’occasion de parler à vos ex-partenaires cette semaine ?
Je les ai soutenus la semaine dernière pour le derby. C’est calme là-bas (sourire).
Vous avez quitté la capitale un an avant l’expiration de votre contrat. Comment avez-vous vécu cette fin prématurée de votre aventure ?
Je savais que mon aventure au Stade Français touchait à sa fin, mais je voulais la terminer en allant en finale. C’était un peu brutal que tout se termine en demi-finale. Derrière, la porte s’est ouverte sur une nouvelle aventure, à Bayonne.
Pourquoi avez-vous décidé de vous inscrire à l’aviron ?
Quand j’étais à Pau, j’ai passé beaucoup de temps à Bayonne. Je connaissais la région. J’ai aussi aimé le discours de Grégory Patat, son projet, sa vision de l’équipe. Enfin, le Pays Basque est vraiment magnifique. J’ai deux enfants qui grandissent, j’avais envie de quitter Paris et l’appartement que nous occupions pour avoir une maison avec jardin. J’avais aussi des relations avec Joël Rey, qui m’a formé à Pau. Le choix était donc plutôt simple.
Comment s’est passée la rencontre avec Joël Rey ?
J’ai vécu avec lui ma première année à Pau. Il entraînait des attaquants et ne parlait pas un mot d’anglais. Je ne parlais pas un mot de français, mais ça a marché entre nous. Ensuite, j’ai beaucoup joué avec son fils Lucas. Nous sommes restés en contact. Lorsqu’il m’a appelé pour me demander si je voulais jouer à Bayonne, ma réponse a été « bien sûr ».
D’autant que Bayonne souhaitait vous recruter depuis un moment…
Oui, nous en avons parlé il y a quelques années, mais je n’avais jamais eu l’occasion de vivre dans une grande ville comme Paris. Je voulais vivre cette expérience. Ma femme était heureuse. Nous voulions revenir dans une ville plus petite et plus « détendue ».
Que pensez-vous de votre début de saison ?
C’est une question difficile… Lors du premier match, je n’ai joué que vingt minutes et j’en suis ressorti avec une commotion cérébrale. J’ai raté le match de Pau que je visais depuis la sortie du calendrier. J’étais dégoûté ! Heureusement, je n’ai pas eu trop de difficultés à revenir et maintenant j’essaie de donner l’avantage à l’équipe lorsque je mets le ballon dans mes mains. Je veux apporter de l’expérience à cette équipe, car je pense que nous avons un très bon groupe de joueurs, capables de faire quelque chose. Il nous reste juste à retrouver l’élan.
D’un point de vue extérieur, il semble que vous ayez pris de l’ampleur ces dernières semaines…
Je n’y pense pas. J’essaie de faire la même chose chaque week-end. Peut-être que je suis plus cohérent ici…
Vous occupiez principalement le poste de huit à Paris. Aujourd’hui, il alterne entre six et huit. Quel impact cela a-t-il ?
Quand j’ai signé, je pensais plutôt partager la huitième place avec Cassiem. Le troisième jour, le personnel m’a demandé si je pouvais rentrer dans un six. J’ai répondu oui. Nous avons cette formation avec Cassiem en huit et moi en six. Cela a bien fonctionné. Tant que je suis sur le terrain, je suis heureux. Déjà à Pau, nous alternions souvent entre Beka Gorgadze et Luke Whitelock aux positions six et huit. Ce n’est pas un grand changement pour moi.
Que pouvez-vous nous dire sur votre complémentarité avec Uzair Cassiem ?
Uzair est un très bon porteur de ballon. C’est une machine, un guerrier. Il partage avec moi son expérience. Ensemble, essayons de donner l’avantage à l’équipe.
Vous êtes plutôt calme tous les jours. Vous vous transformez sur le terrain ?
Je pense que je suis un peu plus énervant sur le terrain, oui (sourire). J’aime ce côté du rugby. Cela ne me fait pas peur quand, dans un match comme à Toulon, je sors du terrain et me fais huer. Je l’aime! C’est lié à mon style de jeu et je ne compte pas m’arrêter.
Vous aimez argumenter sur le terrain…
Ce n’est pas comme le rugby à l’époque, mais il y a quand même un peu d’espace, je pense que c’est une bonne chose. Après le match on se serre la main, j’ai beaucoup d’amis dans le monde du rugby. En plus, ça devient de plus en plus difficile d’être comme ça, parce que j’ai joué avec tellement de gens dans ma carrière et les gars ont changé de club.
Avez-vous une couleur de cheveux spécifique prévue pour cette réunion ?
C’est une bonne question. J’y pense. Peut-être que je reviendrai aux cheveux bleus, avec lesquels nous avons gagné des matchs. Il y aura peut-être un petit éclair de rose. Je vais aller le voir !