Fuites dans la presse et critiques de la direction… Deschamps perd-il son groupe ? – .

De notre envoyé spécial à Paderborn,

Quelques secondes avant de quitter le podium pour laisser la place à Eduardo Camavinga, après une conférence de presse magistralement gérée, Ibrahima Konaté avait un message à destination des journalistes samedi. « Nous aurons besoin de vous tous. Même s’il y en a ici qui écrivent des trucs assez étranges. Il faut arrêter ces conneries ! », a-t-il ri, tout en faisant passer habilement le message.

Celui d’une presse qui, depuis plusieurs jours et la nouvelle purge contre la Pologne, se fait l’écho d’un groupe qui ne vit peut-être pas aussi bien que le dit la gestion de Didier Deschamps et de son staff lors de cet Euro. En effet, au cours des dernières 72 heures, nous avons lu et entendu pas mal de choses :

  1. Que les remplaçants se plaignaient du manque d’intensité dans les séances d’entraînement, en partie responsable de leur manque d’énergie lorsqu’ils entraient en jeu en fin de match.
  2. Que certains joueurs, notamment les nouveaux, ont été surpris par le manque de travail tactique de l’entraîneur avant les matches.
  3. Que les deuxièmes (voire troisièmes) couteaux ont eu du mal à accepter le fait de ne pas avoir joué une seule minute, notamment le petit bleu Warren Zaïre-Emery, relégué au plus bas de la hiérarchie du milieu de terrain.
  4. Enfin, cette partie du groupe, comprenant « certains titulaires ou cadres », selon L’Equipe, n’ont « toujours pas goûté ces derniers jours au management plus assertif du sélectionneur », qui n’hésiterait pas à les piquer en tête-à-tête, contrairement à ses habitudes habituelles.

Tout cela donne un joli petit lot de bouderies et de chuchotements. Typiquement le genre de sous-entendus que déteste Didier Deschamps, lui qui est connu pour sa capacité à fédérer les groupes en mode « vie ou mort ».

Les fuites, un classique quand le bateau tangue

On pourrait dire que cette information diffusée dans un contexte où les Bleus font face à de nombreuses critiques n’est que l’œuvre d’une presse mal intentionnée, heureuse de tirer sur l’ambulance, celle-là même que Domenech reprochait à son goût du « sang ». Mais il faut bien comprendre que ces plaintes venues des couloirs ne sont pas tombées du ciel comme par miracle. Pour que des informations sortent sur ce qui se passe en privé dans le groupe, il faut qu’il y ait des fuites.

C’est ce que nous confie un fin connaisseur des arcanes de l’équipe de France. « Si le climat est bon dans le groupe, rien de particulier ne sortira. Mais si les critiques sont dures, évidemment la tension va s’installer et des choses plus négatives vont sortir, car certains joueurs vont évacuer leur frustration, assure-t-il. C’est souvent un bon indicateur de l’ambiance dans le groupe. Ici, visiblement, la mauvaise qualité des trois premiers matches et les problèmes rencontrés par ceux qui jouent moins, conduisent à cette situation. »

« La plupart des joueurs parlent à leurs agents pendant la compétition et certains, notamment ceux dont le statut a changé, peuvent s’ouvrir plus que d’habitude. Et puis quand les résultats sont moins là, tout le monde a tendance à parler davantage », confirme un proche d’un joueur de l’équipe de France. Prenons l’exemple du Qatar : hormis l’épisode du départ secret de Karim Benzema après sa blessure, rien de négatif n’est jamais sorti du groupe pour être rendu public. Le fait que les Bleus aient remporté leurs deux premiers matches de poule, permettant ainsi aux « coiffeurs » de participer au troisième match contre la Tunisie, a aidé.

Les agents, ces bavards qui en disent (parfois) trop

Cette année, voyant que leur nom n’était pas sur la feuille avant le match contre la Pologne ou qu’ils n’étaient pas inscrits pendant le match, certains joueurs ont compris que leur chance de jouer quelques minutes venait probablement de passer. « Lors d’une compétition, les journées sont longues et les joueurs passent beaucoup de temps au téléphone avec leurs proches et leurs agents. Ils ont besoin de parler, de raconter leurs joies, leurs déceptions et leurs amertume. Et comme tout ce milieu est complètement infiltré par les médias, ça finit par sortir», explique un ancien de la Maison Bleue.

« Dans 99 % des cas, cela ne vient pas directement des joueurs mais de leur entourage, principalement des agents et des conseillers. Je ne crois pas que les joueurs aient envie de faire fuiter une information ou un élément d’ambiance lors d’une grande compétition. Parfois, ils ne se doutent même pas que telle ou telle personne de leur entourage connaîtra un journaliste et lui transmettra l’information », confie un ancien attaché de presse d’un club de Ligue 1 pour qui les fuites n’ont plus de secret.

« Cela rend les choses incontrôlables car si on peut toujours rappeler aux joueurs qu’ils ont un devoir de confidentialité, que c’est pour le bien du groupe, on ne peut pas le faire avec toutes les personnes qui les entourent », poursuit-il. Censés représenter les intérêts de leurs adversaires, certains conseillers semblent parfois jouer contre eux en laissant fuiter des choses qui pourraient nuire au groupe. « Il peut y avoir un peu de panique quand « leur » joueur ne joue plus. Il faut savoir garder la tête froide, ce n’est malheureusement pas la qualité principale de toutes les personnes dans ce milieu. »

Un signe de perte de puissance du coach ?

Enfin, dans ces fuites improvisées, il y a une bonne part de mauvaise foi. Surtout quand le bateau tangue et qu’il faut trouver un fusible pour détourner l’attention. « L’une des caractéristiques de cet environnement est d’éviter toute responsabilité dès que les choses tournent mal. On pointera alors du doigt les coupables qui, évidemment, sont toujours d’autres, soupire un expert. Si l’entourage d’un joueur n’est pas très satisfait des choix de l’entraîneur, nous laisserons échapper quelque chose de négatif à son sujet. La pauvreté du travail tactique de DD à l’entraînement, par exemple.

Cela signifie-t-il que le sélectionneur a en partie perdu le contrôle du groupe ? L’un de ceux qui le connaissent très bien n’est pas loin de le penser. « L’usure du pouvoir fait-elle qu’il n’a plus les bonnes réactions, les bons mots aux bons moments, comme ce fut le cas pour Joachim Löw après quatorze ans à la tête de la Mannschaft ? »

Une victoire lundi contre la Belgique et tout peut basculer dans l’autre sens, évidemment. « Par contre, si ça se passe mal, ça va tourner au vinaigre, prévient ce même témoin. Espérons qu’il n’a pas complètement perdu la main et que sa fameuse « chatte » est toujours là. » C’est vrai qu’on a tendance à l’oublier celle-là ces derniers temps.

 
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