Cristiano et Messi, mûrs pour un jubilé

Cristiano et Messi, mûrs pour un jubilé
Cristiano et Messi, mûrs pour un jubilé

Les deux joueurs sont encore capables, dans leurs registres respectifs, de montrer quelques vestiges de leur immense talent. Mais c’est intermittent. Les échecs ont pris le dessus.

Deux des plus grands joueurs de l’histoire du football, dont la rivalité a marqué les années 2010, ont peut-être participé au tournoi de trop. On ne sait jamais avec ces deux monstres. En quinze ans, ils ont accumulé 13 Ballons d’Or, et ont pratiquement toujours été sur le podium entre 2006 et 2023. En quittant Manchester United et le Paris Saint-Germain, les deux stars ont abandonné le football européen et ont choisi un exil doré en non-rente. -Clubs européens. En Arabie Saoudite pour le Portugais, à Miami pour l’Argentin. Ils n’ont cependant pas quitté leurs équipes nationales respectives et cela pose question.

C’est toujours un plaisir de revoir les joueurs qui nous ont fait rêver lors des matchs d’exhibition. Zidane, Iniesta et tant d’autres retraités remplissent les stades et ravissent les spectateurs à chaque fois qu’ils touchent le ballon lors de ces matches. Ce n’est pas le cas pour les matchs à enjeux élevés. Quand on joue pour obtenir un résultat, l’adversité n’est plus la même, l’exigence non plus. Et quand le corps ne suit plus, la déception s’installe souvent. Dans les stades, pour le taquiner, dès que Cristiano Messi rate une passe, la foule se met à scander le nom de Messi, et vice versa. Cristiano le prend mal et exprime plus souvent sa frustration, un cadeau pour le public qui s’en donne à coeur joie. Sur les réseaux sociaux, cette cruauté s’exprime souvent avec de nombreuses expressions méchantes. Cela oppose les partisans de l’un contre l’autre.

Les deux joueurs sont encore capables, dans leurs registres respectifs, de montrer quelques vestiges de leur immense talent. Mais c’est intermittent. Les échecs ont pris le dessus. Il faudrait instaurer une limite d’âge pour éviter ce spectacle désolant. Les coéquipiers, généralement beaucoup plus jeunes, ne les ménagent pas non plus. On l’a vu avec l’équipe du Portugal : Cristiano est boycotté, souvent parce qu’on n’a pas confiance en sa capacité à créer le danger ou à marquer des buts. Leur palmarès, leur prestige méritent mieux.

Ceux qui souhaitent encore les voir en compétition ont des arguments à faire valoir. Messi, avec son expérience, son talent et le génie de ses actions offensives, continue de nous faire rêver. Cristiano est toujours capable de sauter plus haut que ses plus jeunes adversaires et de tirer à 130 km/h à 30 mètres. C’est vrai, mais ce n’est pas suffisant.

Les paroles d’une chanson de Charles Aznavour, légende de la chanson française, résument la situation. Il aimait dire « il faut savoir quitter la table quand l’amour est servi », avant d’ajouter « et je ne savais pas comment ». La plupart des fans du football contemporain ne veulent pas avoir à prononcer cette phrase pour ceux qui ont écrasé toute concurrence ces quinze dernières années.

Ceux qui ont apprécié leur rivalité, exacerbée par leur appartenance aux deux clubs dont la compétition est au sommet de la rivalité footballistique, souhaitent continuer à les voir jouer, mais pas en compétition. Lors des matchs de gala. Il y a tellement de causes qu’ils pourraient encourager en y participant.

Il y a quelques années, un projet visant à créer des sélections de joueurs évoluant dans un même pays a été imaginé. L’idée consistait à organiser des matchs entre joueurs de la Liga, ceux de la Premier League, de la Serie A ou de la Bundesliga. On aurait aimé que cela prospère, mais c’est malheureusement resté lettre morte.

Cela aurait eu l’avantage de voir Messi, Cristiano, Iniesta, Xavi, Xabi Alonso, Puyol, Ramos ou Casillas jouer ensemble dans la même équipe. Ils auraient été opposés à une sélection Bayern-Dortmund ou Inter-Juventus pour le plaisir des yeux. Il faudrait relancer l’idée pour les joueurs de plus de 35 ans.

Messi et Cristiano devraient prendre exemple sur l’Allemand Toni Kroos. Il a su s’arrêter à temps, ou à Zidane, même si ce dernier a raté son dernier match officiel. De Modric aussi. Il a le même âge que Cristiano, et deux ans de plus que Messi, mais ne provoque pas encore les reproches qui commencent à fleurir à l’encontre de son ancien collègue et rival.

Le fait qu’il soit resté dans le club où il a connu la gloire atténue les critiques. Sa fidélité est louée dans tous les stades du monde. Sa modestie est appréciée. On dit qu’il aurait accepté une baisse de salaire pour continuer. Il a compris qu’il fallait faire des concessions pour rester. Sur le plan sportif, il a digéré son nouveau statut de remplaçant et a appris à se ménager. Il ne joue pas tous les matchs et ne participe jamais à l’intégralité des 90 minutes de jeu. Il n’hésite pas non plus à passer aux choses sérieuses. On l’a souvent vu en défense, son retour du corner vers sa propre ligne des 18 mètres pour prendre le ballon à un joueur du Bayern en demi-finale de Ligue des champions en dit long sur son engagement envers le club. Il a mis son ego de côté et fait les efforts nécessaires pour gagner le respect des jeunes qui l’entourent. Rodrygo, son jeune coéquipier au Real, l’appelle affectueusement « papa ». Il a le même âge que son père biologique. Il n’est pas en concurrence avec quelqu’un de plus jeune que lui.

Dans le football comme dans la vie, une génération chasse l’autre. Le public n’aime pas assister au naufrage de ceux qu’il adorait ni aux frustrations de jeunes qui ont tout leur avenir devant eux.

 
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