le traumatisme et la réponse des Émirats arabes unis

le traumatisme et la réponse des Émirats arabes unis
le traumatisme et la réponse des Émirats arabes unis

Quelques tours de roue, et le rapport de force s’inverse drastiquement dans le peloton. Il y a un an, Jonas Vingegaard donnait une leçon à Tadej Pogačar dans les Alpes pour s’offrir un deuxième triomphe en jaune. Avant de perdre son premier sponsor titre et, semble-t-il, toute forme de chance et de réussite, l’équipe Jumbo-Visma écrasait le peloton tandis que les rivaux d’UAE Team Emirates vivaient amèrement un retour relativement relatif dans le rang sur le Tour de France.

A Combloux comme à Courchevel, la splendeur de Pogi s’éteint brusquement. C’est peu dire qu’il brille à nouveau au firmament du cyclisme international à l’heure où toutes les stars se rassemblent à Florence pour attaquer le Tour de France 2024, sur lequel le Slovène s’apprête à renouer avec des performances historiques (suscitera-t-il le doublé Giro-Tour ; sera-t-il le plus jeune triple vainqueur de l’histoire du Tour ?). Car après la gifle, l’équipe UAE Team Emirates a montré ses muscles.

Le doublé Giro-Tour, petit lait pour Pogacar ? « S’il commence à faire 35 ou 40 degrés… »

Le traumatisme : Combloux, plus violent que Loze

Il y avait le visage livide de Pogačar et les mots, diffusés à la radio à son équipe : “J’ai fini, je suis mort.” Dans le Col de la Loze, l’une des plus belles monstruosités récemment déterrées par le Tour, les jambes lâchaient, le souffle s’arrêtait, le cerveau presque déconnecté, résigné. Pour la première fois peut-être, l’espiègle Pogi s’est vu imposer des limites. Il avait déjà connu la défaite mais, au moins, il avait toujours su tenter de faire bouger les choses. Là, il ne lui restait plus qu’à souffrir, sans espoir, presque sans but.

L’échec de l’ancien prodige, devenu cannibale, fut spectaculaire. Mais Pogačar avait déjà perdu le Tour avant de se perdre sur la Loze. Après deux semaines de combats incandescents, Jonas Vingegaard avait passé la veille la première lame dans le contre-la-montre entre Passy et Combloux. Sa fuite vers Courchevel a donné plus d’ampleur à sa démonstration de force au lendemain d’une performance autrement plus significative : en l’espace de 22,4 kilomètres, le Danois avait soufflé Pogačar (repoussé à 1’38”, soit 4 secondes et demie d’écart au kilomètre) et ridiculisé le reste du peloton.

Après l’étonnement, semblable à celui qui avait saisi les hommes en jaune et noir lorsque Pogačar avait tout renversé sur La Planche des Belles Filles en 2020, l’équipe émiratie a tenté de relativiser. L’échec de Loze laisserait penser que leur champion n’était pas au meilleur de sa forme, après une préparation tronquée par des fractures au poignet et à la main gauche. Le Slovène avait pourtant repoussé Wout van Aert (3e) de plus d’une minute. “Pogacar volait littéralement” murmurait-on le soir même autour du Slovène. « L’équipe était confiante d’être en jaune aujourd’hui. »

La réaction : Disons qu’on en a marre de perdre

Pogačar s’est vite repris en s’imposant sur Le Markstein avant de filer vers de nouvelles victoires du nord au sud de l’Europe. Mais pour ses dirigeants et donateurs émiratis, la défaite passe toujours mal. Le talent unique de Pogačar était de briller dans le monde entier mais, sur le podium des Champs-Élysées, cela fait maintenant deux ans de suite qu’ils subissent la loi de Jonas Vingegaard et de son équipe néerlandaise, qui développe des relations de plus en plus étroites et concrètes avec l’Arabie saoudite. « Disons simplement que nous en avons marre de perdre » disons encore une fois du côté des Émirats arabes unis.

En été, une « super équipe » est constituée pour le Tour 2024 avec Adam Yates, Joao Almeida et Juan Ayuso pour accompagner Pogačar. Marc Soler est immédiatement dans les petits papiers, après avoir tiré Pogačar dans la montée de la Loze. Le casting est rapidement complété par Pavel Sivakov, Tim Wellens et Nils Politt. Tout est annoncé en décembre, au moment où Pogačar dévoile ses ambitions pour le Giro, ce qui, assure-t-il, ne freinera pas sa progression vers le Tour. Six mois plus tard, il roule sur une Rosa et tous ses lieutenants (dont aucun n’a participé au Giro) sont présents au rendez-vous qui leur a été fixé.

“Yates est mon bras droit” a expliqué Pogačar dans le podcast de Geraint Thomas. « Ayuso et Almeida seront de bons serviteurs en montagne. Soler et Sivakov sont les grands de la montagne et peuvent aussi aider sur le plat, et il y a aussi Wellens et Polit. » Réaction de Thomas, qui a eu sa part d’armadas avec Sky et Ineos : “Mon Dieu, c’est une escouade à succès !”

Et maintenant : la grande agression ?

Lundi, Pogačar et sa bande sont descendus de la station d’Isola 2000, qu’il pourrait bientôt annexer (19e étape, 2 024 mètres d’altitude, 11e arrivée la plus haute de l’histoire du Tour) et où ils mettent la dernière main à leur préparation commune. Ils ne sont évidemment pas venus à Florence pour admirer les innombrables merveilles de la Renaissance italienne. Ils débordent d’ambition et de confiance, comme le résume le leader : « Nous avons hâte de commencer et nous espérons nous battre pour la victoire et offrir un grand spectacle. »

La concurrence est bien plus relevée que lors du dernier Giro, où Pogacar n’avait pas dû s’épuiser excessivement. Comme en mai, la Garde de juillet de Pogi veut elle aussi frapper le plus vite possible, avec un démarrage particulièrement musclé sur les routes italiennes. Le parcours est taillé pour le Slovène, qui excelle de toute façon sur presque tous les terrains. Et la dynamique est inexorablement favorable aux Emirats Arabes Unis, qui viennent d’écraser le Tour de Suisse et comptent désormais 48 victoires en 2024 (Lidl-Trek suit avec 30 succès).

Surtout, Pogačar a tout intérêt à asseoir son autorité au plus vite, pour mieux étouffer les velléités dissidentes, à commencer par celles de Vingegaard condamné à prendre le pouvoir au fil du Tour. Après trois mois sans compétition, le Danois espère retrouver ses meilleures jambes dans les dernières grandes ascensions. Mais où se situera-t-il à ce moment-là face à Pogačar ? Remco Evenepoel (Soudal Quick-Step) a peut-être apporté une réponse mercredi : « Je m’attends à ce que Tadej soit pratiquement inaccessible. »

 
For Latest Updates Follow us on Google News
 

PREV l’association qui cartonne
NEXT direction la finale du championnat ou les vacances pour les Parisiens