les Bleus à l’épreuve de l’océan pour mieux gérer leurs émotions

les Bleus à l’épreuve de l’océan pour mieux gérer leurs émotions
les Bleus à l’épreuve de l’océan pour mieux gérer leurs émotions

A un mois des Jeux de Paris, les septistes français sont dans la dernière ligne droite de leur préparation olympique. Pour gérer leurs émotions à l’approche de ce grand rendez-vous, leur entraîneur Jérôme Daret a mis en place un gros travail de préparation mentale. Ce mercredi, il a déposé ses joueurs au large de Capbreton. Encadrés par des sauveteurs professionnels, les Bleus ont dû rejoindre le rivage en équipe malgré courants contraires, vagues et crampes…

Ils mouillent leurs maillots… mais pas sur les terrains de rugby, cette fois. Au milieu de l’océan ! Lors de l’entraînement olympique de Capbreton, les septistes français ont eu droit à un étrange entraînement ce mercredi matin. Ils ont dû se mettre à l’eau, à un peu plus d’un kilomètre des côtes landaises, pour revenir à la nage.

Réunis au port à 8h30, les joueurs ne savent pas ce qui les attend. «Je m’attends à souffrir», prédit en souriant Thibaud Mazzoleni. « J’attends un petit dépôt au large pour un retour à la baignade. Disons que nager n’est pas ma meilleure qualité mais je me débrouille dans l’eau. J’ai passé quelques vacances ici quand j’étais petite. La septiste française se souvient aussi de l’arrivée de Stéphanie Barneix à Capbreton, alors qu’elle traversait l’Atlantique Nord à la force des armes en paddle board avec ses coéquipières Flora Manciet et Alexandra Lux.

Requins, eaux profondes, bandeaux… tout pour déstabiliser les joueurs

C’est la sauveuse nautique et aventurière qui encadre la séance. Elle fait le point avec les joueurs avant l’embarquement et les prévient de la présence éventuelle de méduses ou de requins au large. Andy Timo éclate de rire nerveux avec Varian Pasquet, la tête dans les mains. La rencontre de requins est très peu probable mais c’est possible, nous explique le sauveteur après la formation. “Nous avons essayé de les déstabiliser.”

Après les recommandations, les Bleus embarquent sur les bateaux : direction le Gouf de Capbreton, un grand canyon sous-marin. Tout cela les yeux bandés ! C’est dans cet espace unique, au-dessus d’une des tranchées les plus profondes de l’Atlantique, que les rugbymen doivent se jeter à l’eau. Répartis en quatre équipes avec une seule planche de sauvetage par groupe, les hommes de Jérôme Daret débutent leur périple suivis de près par les quatorze sauveteurs professionnels venus de toutes les Landes pour l’occasion.

Une heure d’essai dans les vagues

Deux groupes font la course en tête : celui de Théo Forner, William Irahuga, Antoine Zeghdar et Paul Leraître, au coude à coude avec Rayan Rebbadj, Jonathan Laugel, Aaron Grandidier et Nelson Epée. Arrivés sur le rivage après un peu plus d’une demi-heure, ils sont montés jusqu’au drapeau rouge hissé au sommet de la dune de Capbreton. Mais ils ne sont pas au bout de leur peine. Jérôme Daret, le préparateur physique Julien Robineau et Stéphanie Barneix ont décidé de les renvoyer à l’eau, face aux vagues, pour prolonger l’épreuve.

Étonnement et colère pour les uns, patience et concentration pour les autres… Tout le monde rentre à la plage après une heure d’effort et termine la séance par une course jusqu’au poste de secours. Certains joueurs souffrent de crampes, mais ils arrivent avec le sourire.

« Il peut y avoir des situations similaires au rugby. Les décisions des arbitres sont vécues comme injustes. Stéphanie Barneix

“C’était incroyable!” rigole le capitaine Paulin Riva. « Très très dur mais une super expérience. Il fallait se serrer les coudes. La côte n’approchait pas rapidement mais le but était de bien se coordonner pour tenter d’avancer sans trop réfléchir. Il y avait peut-être des petites différences de niveaux mais les garçons n’ont pas abandonné, c’était super. Il y a des garçons qui prennent à tour de rôle la tête du groupe et cela motive tout le monde.

S’adapter à l’imprévisible, en mer comme sur terre

Le plus dur pour les joueurs, selon Stéphanie Barneix, a été de se remettre à l’eau alors qu’ils pensaient avoir terminé leur course. « Il y en a qui ont accepté tout de suite », raconte le secouriste. « D’autres se sont plaints. Mais ils sont tous partis. Des situations similaires peuvent se produire lors d’un match de rugby. Des décisions de l’arbitre vécues comme injustes ou comme une surprise. Il faut gérer ses émotions pour qu’elles ne polluent pas la performance.

Un sang-froid dont le sauveteur a besoin au quotidien : « Notre métier est très imprévisible. On peut avoir une belle plage, tout va bien, il fait beau et tout d’un coup une personne fait un arrêt cardio-respiratoire. Là, il faut switcher. C’est ce que nous voulions partager. A tout moment, il peut y avoir des cartons, des blessures, des matchs reportés… Nous ne savons pas tout ce qui pourrait arriver mais il faut toujours le savoir. prêt.”

« Résilience » : concept clé du projet français

Jérôme Daret estime avoir atteint son objectif : « C’était une séquence axée sur la gestion des émotions. L’objectif est de pouvoir gérer ce qui est imprévisible. Quand on va se jeter à l’océan, il faut savoir s’entraider, collaborer mais surtout gérer ses émotions. Car si on panique, si on manque de sérénité, on peut vite se retrouver en difficulté.

Cette formation est le fruit d’un long travail qui trouve sans doute sa source au stade Louis-II de Monaco en juin 2021. Les Bleus avaient vu disparaître leur rêve de disputer les Jeux de Tokyo après leur défaite face à l’Irlande, en finale des Jeux Olympiques. tournoi de qualification. Une blessure qui a poussé Jérôme Daret et son équipe à se lancer dans un nouveau projet plus fort en vue de Paris 2024. Avec un maître mot : « résilience ».

Les Bleus plus forts que jamais

Une résilience que l’entraîneur et les joueurs ont d’abord recherchée sur le terrain. En trois ans, les Français sont passés de la septième place mondiale (2021-22) au titre de champions du monde, début juin à Madrid. S’il a pu compter sur la coopération des clubs de Top 14 pour fournir davantage de joueurs pour les Jeux (comme un certain Antoine Dupont), Jérôme Daret a aussi puisé son inspiration loin du rugby.

Pour préparer mentalement son équipe, il a fait appel à Stéphanie Barneix qui a animé six séances sur le thème « La puissance de l’océan ». Depuis septembre 2023, la Landaise fait découvrir aux Bleus l’immensité de l’océan, ses imprévus et ses dangers. L’objectif était de leur apprendre à réagir et à s’adapter dans un contexte changeant et parfois hostile. « Stéphanie, c’est un peu pour nous l’archétype de la résilience », explique Jérôme Daret. « C’est un personnage incroyable qui a résisté aux violentes tempêtes. Je n’entrerai pas dans les détails mais le message était assez puissant.

« Il faut se mettre en danger. » Jérôme Daret

L’aventurier poursuit : « J’ai fait des traversées, j’ai été touché quatre fois par un cancer. Ce que je voulais leur transmettre, c’est que nous devons retirer nos forces des épreuves comme celle d’aujourd’hui. Ils ne doivent pas les subir, ils doivent aller les chercher. ont des ressources insoupçonnées et ils doivent les mobiliser pendant les Jeux.

Peyo Lizarazu, le frère de Bixente, présent avec les Bleus

Ce mercredi, l’entraîneur français a également fait appel à un autre sportif de l’extrême pour observer ses joueurs. Peyo Lizarazu, champion du monde de surf, l’un des précurseurs européens du surf de grosses vagues, et… frère de Bixente. Il livre également ses impressions aux joueurs après leur sortie en haute mer. « Aujourd’hui, ce qui m’a plu en vous voyant, c’est de voir certains dans le port qui avaient l’air inquiets et puis certains qui prenaient les choses en main. Bien joué.”

Après trois années de travail sous la houlette de Jérôme Daret et au terme d’une saison 2023-24 historique (avec deux médailles d’or dont le titre mondial à Madrid), les Bleus rêvent désormais d’atteindre leur objectif suprême : l’or olympique. « Nous sommes devenus des ‘rookies préférés’. Aujourd’hui, nous sommes capables de gagner. On découvre tout et il faut se mettre un peu en danger, sortir de notre zone de confort et c’est ce qu’on fait. Nous ne dormons pas, nous avançons ! Le sélectionneur est déjà sûr d’une chose : avec ou sans titre, ils n’auront aucun regret.

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