Mort d’Etienne Willem, l’enchanteur du « Paris des merveilles »

Après avoir travaillé au studio d’animation 352 au Luxembourg, Étienne Willem a publié sa première bande dessinée il y a tout juste vingt ans, Bas anciens chinés et soie aux Éditions Paquet. D’emblée, l’auteur appose sa marque de fabrique : beaucoup de dynamisme et de lisibilité dans ses planches, des personnages bien définis dans un style hérité du dessin animé.

Toujours sur le scénario et le dessin, et désormais sur la couleur, Étienne Willem relève encore le niveau en 2010 avec une série animalière médiévale : L’épée des Ardenois (Paquet). Le trait gagne alors en profondeur et en subtilité, et on comprend tout le talent de l’auteur qui dessine de magnifiques visages pour ses personnages.

Un registre des animaux qu’il tient avec Les ailes du singe toujours chez le même éditeur. Les aventures et le grand spectacle sont toujours de mise, ici à New York dans les années 1930.

Un héros aviateur et des scènes de voltige…

Les Ailes du Singe Tome 2 : Hollywoodland – Par Etienne Willem – Editions Paquet

Quand la BD animalière est aussi glamour !

Les Ailes du Singe Tome 2 : Hollywoodland – Par Etienne Willem – Editions Paquet

2018 marque un tournant notable dans sa carrière. Non seulement il a quitté Paquet et s’est installé à Grand Angle avec La fille de l’Exposition universellemais il décide aussi de s’associer pour la première fois à un scénariste, Jack Manini pour cette trilogie qui suit les pérégrinations d’une héroïne tout au long des trois expositions universelles qui ont eu lieu à Paris en 1855, 1867 et 1878. Étienne Willem s’applique alors à de grandes compositions de planches, évoquant à merveille le Paris du XIXe siècle.

« Au départ, je crée le storyboard en damier, pour me concentrer sur la narration.nous a-t-il expliqué à l’époque. Pour éviter de choisir une symétrie qui me coincerait ensuite et gênerait la narration. L’échange avec Jack entraîne la modification de certains angles de vue, et décide de la composition du plateau. Assurer une narration fluide et efficace, tout en évoluant vers une mise en page plus restrictive, sans que l’un souffre de l’autre. »

Jack Manini et Etienne Willem (de gauche à droite)

Photo : Charles-Louis Détournay.

En 2020, il débute la nouvelle série de Artilleursqu’il préparait depuis longtemps, comme il nous l’a expliqué lors de notre dernière interview : « Il y a une dizaine d’années, j’ai lu et aimé les livres de Pierre Pével, l’auteur romancier du cycle Ambremer – Le Paris des Merveilles. Lors d’un festival à Nancy à la fin des années 2000, j’ai demandé à le rencontrer. Nous avons beaucoup discuté et sommes partis en bons amis pour réfléchir à une éventuelle collaboration. Pour ma part, j’avais au départ envie d’adapter ses romans. Mais Pierre m’a recontacté par la suite en m’expliquant qu’il serait sans doute plus simple d’écrire directement pour la bande dessinée. Nous avons ainsi commencé le projet de Artilleurs, qui avançait très lentement puisque nous n’avions pas encore d’éditeur. »

Trois voleurs qui n’ont peur de rien ;

Les Artilleuses – Par Pevel et Willem – Editions Bamboo

Ces trois tomes, publiés en dix-huit mois chez Drakoo, méritaient une suite. Et cette fois, Étienne Willem s’est attelé à adapter le célèbre Cycle d’Ambermer avec Le Paris des Merveilles, toujours en collaboration avec le romancier Pierre Pevel. A chaque page, l’auteur excelle à imaginer cet univers à mi-chemin entre steampunk et magie.

“Comme l’univers steampunk est par essence méta-textuelil a partagé avec nous, Je peux alors m’amuser à placer plusieurs références dans les cases. Le fond devient un merveilleux terrain de jeu complémentaire. En cherchant attentivement, le lecteur trouvera des références à Adèle Blanc-sec, Doctor Who, James Bond,… Je pense même avoir caché un schtroumpf quelque part. »

Le Paris des merveillesvolume 1 : Les enchantements d’Ambermer – D’Etienne Willem, avec et adapté par Pierre Pevel – Drakoo / Bamboo

Le Paris des merveillesvolume 1 : Les enchantements d’Ambermer – D’Etienne Willem, avec et adapté par Pierre Pevel – Drakoo / Bamboo

Après avoir réalisé un premier diptyque, Étienne Willew a travaillé sur la suite, tout en continuant d’offrir de magnifiques dédicaces lors des festivals où il allait volontiers à la rencontre de son public. On ne reverra plus sa grande silhouette qui portait si bien le kilt… Nos pensées vont à sa famille et à ses proches.

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