50 ans, 20ème saison à la tête du sportif du RC Vannes, Jean-Noël Spitzer a donné son accord pour prolonger pour trois saisons son histoire d’amour bretonne. Sans languette de bois, granit pur.
Jean-Noël, pouvez-vous confirmer votre prolongation pour trois saisons ?
Oui, oui, nous avons un accord même s’il n’est pas signé parce que nous avons des choses à voir sur l’organisation. Mais j’ai donné mon accord verbal au président.
Nous étions sur un cycle de 20 ans, est-ce qu’on revient en arrière de 20 ans ?
(rires) Il y a encore des lois, aujourd’hui ma retraite sera à 67 ans. Mais oui c’est un nouveau cycle. Nous avons encore des perspectives d’évolution au club, nous souhaitons mener à bien les quelques projets qui nous attendent.
Il y a quelques semaines, parlant de votre avenir, vous expliquiez que vous ne fermeriez aucune porte, entrée ou sortie, mais que ce ne serait pas « à tout prix », ajouter deux ou trois ans supplémentaires. Quelle est la raison principale de votre prolongation ?
C’est le fait qu’il y a un nouveau système de gouvernance au sein du club avec l’arrivée de nouveaux actionnaires, des gens qui viennent pour le RCV et qui partagent deux choses, le RCV et la Bretagne. Il y a un conseil de surveillance, il y a un directoire, on a des gens qui vont nous soutenir qui sont des chefs d’entreprise bretons, des entreprises bretonnes, qui ont le RCV à cœur, que ce soit en top 14 ou en Pro D2, et puis notre territoire. Notre organisation insufflera une nouvelle vie aux athlètes.
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Alors pas de lassitude ?
C’est un métier fatigant mais comme d’autres, un métier de passion. Tous ces métiers sont énergivores, ce type de métier n’est pas des plus désagréables.
Je suis profondément Breton
Le Rugby breton, est-il votre plus belle maîtresse ?
Ma femme ne va pas être contente ! En tout cas, c’est une grande partie de ma vie et j’ai le sentiment qu’on n’est pas encore au bout de l’aventure.
Ce tatouage breton sur l’avant-bras, est-il encore plus profond qu’un simple tatouage ?
Bien sûr, je suis profondément breton, aujourd’hui tout ce qui se passe dans le monde, que ce soit sur le plan environnemental ou sur le plan sociétal, me rend encore plus attaché à la Bretagne.
Vous n’êtes pas le seul membre du staff à arriver en fin de contrat. Il y a presque tout le staff, est-ce que ça fait partie des choses que vous négociez en ce moment ?
Aujourd’hui, c’est certainement l’une des discussions après l’accord oral et la signature.
Y a-t-il une réflexion sur une réorganisation, un resserrement, une augmentation des effectifs dans la voie de la formation ? Un entraîneur de la défense en route ?
Franchement, nous ne fermons la porte à rien, ni pour la saison prochaine ni pour maintenant. Nous sommes toujours ouverts à la réflexion même si je ne suis pas du tout favorable au travail « en silos », défense d’un côté, attaque de l’autre. Il n’y aura pas d’entraîneur de défense spécifique comme un entraîneur d’attaque spécifique. Tout est lié. Aujourd’hui, nous n’en ressentons pas de besoin spécifique mais nous ne fermons pas la porte.
Le premier tiers de votre première saison d’entraîneur en Top 14 est passé, vous aviez ciblé les différences à prévoir avec la Pro D2, plus de rapidité, moins d’espace et de temps… Avez-vous été surpris par d’autres choses ?
Ce n’est pas spécifique au Top 14 mais on découvre finalement que nous sommes un sport particulier où on arrive à changer les règles au cours de la saison. Il n’y a pas d’autre sport collectif qui fonctionne comme ça, c’est spécifique au rugby, il faut s’adapter. Entre la 9ème et la 10ème journée, la règle des coups de pied sera encore modifiée, le carton rouge de vingt minutes ne durera que pour un match, Pays de Galles – Fidji. C’est spécifique au rugby…
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Avez-vous encore des marges de progression cette saison ? Avez-vous des plafonds de verre ?
Il y a effectivement des aspects du jeu où notre marge de progression est très limitée. Nous n’aurons aucune progression en termes de vitesse ou de puissance. C’est lié aux qualités intrinsèques de nos joueurs. En revanche, nous avons encore des marges de progression dans le jeu, le jeu de contact et notamment le jeu au sol. Il s’agit d’une compréhension mutuelle des impératifs à avoir, cela va de soi. Mais sur le jeu au sol et dans le jeu aérien, on recrée une situation où la marge d’interprétation de l’arbitre est trop grande, cela peut influencer le résultat. Il faut tout faire pour réduire et non augmenter cette zone grise d’interprétation. Sinon, nous ne serons pas cohérents, c’est comme ça.
Le premier gros bloc de neuf matches est passé, un nouveau bloc à la napolitaine arrive avec le championnat et la Coupe d’Europe, qu’attendez-vous ?
Cela reste tout de même dix matches consécutifs, certainement entrecoupés de matchs de Challenge Européen. On le voit comme une bouffée d’air frais, la pression sera différente, l’expérience aussi, on va l’aborder dans une optique de progrès, on le prend très bien.
« Ils ne savaient pas que c’était impossible, ils l’ont fait », est-ce désormais votre mantra en matière d’exploitation et de maintenance ?
Oui, nous ne sommes pas éliminés de cette compétition même si on peut s’interroger : on se rend compte que depuis 2013, aucune promotion n’a maintenu sa position. On peut s’interroger sur la transition entre les deux divisions. Existe-t-il des vases communicants ? Pas vraiment. La probabilité de continuation au cours des dix dernières années est inexistante. La Ligue devrait s’interroger sur cette difficulté certes trop grande la première année. Depuis Oyonnax il y a plus de dix ans, aucune équipe n’est parvenue à conserver sa première accession. Aucun autre sport collectif français n’est confronté à cette difficulté.