Que pensez-vous du début de saison USD après dix journées disputées ?
On savait que ça allait être un peu plus difficile pour les Dacquois, sans l’effet de surprise de l’année dernière. Nous savions qu’ils allaient être attendus et ils le sont. Même si tout n’est pas parfait, je pense que c’est quand même un bon début de saison. Ils ont quand même réussi trois victoires avec un succès à l’extérieur (pour leurs trois premiers matches, Montauban, Valence-Romans et Colomiers, NDLR). Ils ont été éliminés par Soyaux-Angoulême à domicile (8-16), c’est peut-être le seul résultat vraiment mauvais. Je ne sais pas s’il faut prendre en compte le match de Béziers (50-17), qui s’est joué dans des conditions particulières. Ils ont failli gagner à Brive en disputant un gros match, ils ne sont pas tombés dans le piège du Stade Niçois, déjà vainqueur deux fois à l’extérieur. C’est plutôt positif.
Et celui des Montois ?
Ils se sont alourdis avec leurs deux premières défaites à domicile (Colomiers et Agen). C’est compliqué, ils ont mis du temps à se lancer dans la compétition mais après, ils ont fait un match solide à Soyaux-Angoulême (19-32), ils ont explosé Brive à domicile (33-11). C’est vrai que leur début de saison est en dents de scie, il y a un manque de régularité. Mais si l’on regarde l’ensemble de la Pro D2, c’est pareil pour beaucoup d’équipes : BO, Brive… Rares sont les équipes qui sont sur une trajectoire linéaire. J’ai vu presque tous leurs matchs et on voit qu’ils sont capables de produire du bon jeu, comme celui contre Biarritz (33-15). Je pense que cette rencontre va leur permettre de lancer leur saison.
« Il y a toujours un maillot à représenter, une histoire à respecter, un club, des supporters… »
Entre deux équipes qui comptent le même nombre de points, comment analysez-vous ce derby ?
Il est difficile. Ce qui est sûr, c’est que Dax a un peu plus de pression que le Stade Montois car ce sont eux qui reçoivent, même s’ils vont jouer à Bayonne. D’abord parce que les Dacquois viennent de prendre 50 points à Béziers, mais aussi parce qu’il y a eu des histoires extra-sportives (les Fidjiens Naseara et Nacika poursuivis respectivement pour violences et agressions sexuelles, NDLR) et cela se répercute toujours sur un groupe. Les Montois n’auront pas grand chose à perdre, si ce n’est qu’ils voudront redonner aux Dacquois par rapport à la saison dernière (l’USD a remporté les deux derbys). Les Dacquois devront supporter cette pression. Mais ils ont prouvé qu’ils avaient l’équipe, le groupe, et déjà une expérience collective pour y parvenir.
C’est la première depuis 1985 et la 8e finale du Challenge Yves-du-Manoir à Biarritz qu’un derby landais ne se joue pas dans le département. Que pensez-vous de ce déménagement à Bayonne ?
Je pense qu’il y a une logique économique derrière cela que nous pouvons tout à fait comprendre. Je ne sais pas quels sont les termes de l’accord avec l’Aviron Bayonnais, mais je comprends que les dirigeants dacquois cherchent à accroître leurs sources de revenus. Il faut le voir comme ça. Nous avons souvent parlé de déménagements justement pour leurs hôtes. Les Bayonnais ont souvent perdu à Anoeta (à Saint-Sébastien), jusqu’à s’imposer cette année (contre Rochelle, 37-7). S’il y a une victoire au final, cela pourrait être une bonne opération comptable financière et sportive.
Comprenez-vous que les supporters ont du mal à entendre cet argument ?
Je comprends les supporters dacquois, qui voulaient accueillir le derby chez eux, car c’est un match important et ils auraient aimé recevoir les voisins. Je ne sais pas comment cela a été communiqué et quels étaient les accords entre le club et les supporters. S’il gagne et que les supporters peuvent passer une bonne journée sous le soleil de Bayonne, cela restera un bon souvenir. S’il perd… Mais on ne peut pas le savoir à l’avance.
En tant qu’ancien joueur des Dacquois, que représente pour vous le derby landais ?
Je n’y ai pas joué en tant que joueur. Je l’ai connu comme entraîneur. Même si, aujourd’hui, rares sont les joueurs de Mont-de-Marsan ou de Dax qui seront sur le terrain, il y a toujours un maillot à représenter, une histoire à respecter, un club, des supporters… On sait à quel point ces matches sont importants. Les « pré-derbies » sont toujours assez complexes à gérer. C’est souvent une Source de pression négative. J’ai toujours détesté jouer aux derbys, car cela dépasse le rationnel. La passion s’exacerbe et elle provoque des excès dans tous les sens : joie quand on la gagne, mais tristesse quand on la perd.
Pouvez-vous nous parler de votre lien avec Dax, où vous avez terminé votre carrière de joueur et commencé votre carrière d’entraîneur ?
Cela reste une parenthèse enchantée dans ma vie. Dans ma vie de joueur (2007-2008), parce que j’ai terminé là-bas et on a fait une belle saison. J’ai découvert un autre univers. Dans ma vie d’entraîneur aussi (2008-2010), car Gilbert Ponteins (ancien président emblématique du club entre 2002 et 2013 puis 2018 et 2019) et le club m’ont permis de vivre ma petite mort de rugbyman. J’y ai découvert ce métier et je l’ai beaucoup apprécié. Et dans ma vie d’homme, parce que j’ai partagé des moments plus que privilégiés avec mes frères (Marc a entraîné l’USD et Matthieu y a joué, NDLR). C’était plus qu’important pour moi à l’époque. Même si tout n’a pas été facile, parce que ça ne s’est pas terminé comme je l’aurais souhaité, aujourd’hui, je n’en retiens que du positif. Et j’y ai encore beaucoup de bonnes relations.