“Je me sens de mieux en mieux au fur et à mesure des matchs”, confie Antti Raanta, le gardien vedette de GE-Servette – rts.ch

Fin septembre, GE-Servette s’est offert un magnifique cadeau en mettant la main sur Antti Raanta. Arrivé au terme de sa carrière dans la LNH, le gardien finlandais fait désormais le bonheur des spectateurs de la Ligue Nationale. RTSsport.ch l’a rencontré aux Vernets avant la trêve internationale. Histoire, notamment, d’évoquer le derby lémanique, mardi contre Lausanne, en huitièmes de finale aller de Ligue des champions.

Bons gardiens, GE-Servette a vu plusieurs passer entre ses poteaux durant ce premier quart de siècle. Reto Pavoni, Gianluca Mona, Tobias Stephan et Robert Mayer – toujours présents aux Vernets -, pour ne citer qu’eux, ont tous marqué l’histoire du club grenat. Pourtant, aucun n’a l’étoffe, sur le papier du moins, de celui que l’on surnomme « le Roi Scorpion » outre-Atlantique : Antti Raanta (35 ans).

Car le parcours du natif de Rauma est imposant, avec ses 301 matches disputés en NHL. Champion dans son pays en 2013 avec Ässät Pori, il remporte également, 2 ans plus tard, la Coupe Stanley avec Chicago.

Certes, le transfuge de Caroline, vainqueur du Trophée Jennings en 2022 – prix décerné au duo de gardiens ayant encaissé le moins de buts en saison régulière dans la meilleure ligue du – est l’une des attractions de la National League. Et cela au même titre que les Français Pierre-Edouard BellemareLa nouvelle recrue offensive d’Ajoie.

Rencontre avec un Finlandais bavard – loin des clichés donc – et éminemment sympathique.

Il faut montrer à nos supporters que nous sommes capables de battre Lausanne

Antti Raanta

RTSsport.ch : Avant votre arrivée à Genève fin septembre, vous n’aviez plus joué depuis le 8 février et souffriez d’une blessure au bas du corps. Comment vous sentez-vous?

ANTI-RANTA : Durant la préparation, j’ai beaucoup patiné dans mon pays, afin de me maintenir en forme. Mais en tant que gardien, c’était ennuyeux et difficile d’être seul, de ne pas pouvoir s’entraîner en équipe. J’ai donc dit oui sans hésiter lorsque Genève m’a manifesté son intérêt. Ici, les coachs ont été formidables et m’ont laissé le temps de reprendre le rythme : j’ai pu m’entraîner 2 semaines avant de jouer mon premier match. Ce n’est jamais facile de retrouver son meilleur niveau après une blessure. Mais je me sens de mieux en mieux au fur et à mesure des matchs, même si j’ai une marge de progression. J’ai adoré mon premier mois ici. Et maintenant, je sais comment tirent mes coéquipiers. Donc les entraînements deviennent plus faciles pour moi (rires). En tout cas, je me concentre sur le moment présent. Sans trop se projeter.

RTSsport.ch : Il a fallu se réadapter aux patinoires européennes. Compliqué, après 11 années passées outre-Atlantique ?

ANTI-RANTA : Au début, lors des entraînements, la plus grande taille de la glace ne me choquait pas tellement. Ce n’est que lors de ma première rencontre que je me suis dit : « ok, c’est quand même un peu différent ». Les mouvements à effectuer ne sont pas tout à fait les mêmes que dans la LNH. J’apprends à connaître les clubs adverses, à faire attention aux joueurs qui évoluent jeu de puissance. C’est une nouvelle expérience, dans un championnat qui est sans doute le meilleur d’Europe. Ici, le style de jeu est plutôt offensif, ce qui constitue un défi pour un gardien.

RTSsport.ch : Mardi à Malley, GE-Servette affrontera Lausanne en 8ème match aller de Ligue des Champions. Qu’attendez-vous ?

ANTI-RANTA : J’ai entendu dire que lorsque le GSHC joue à Lausanne, les supporters locaux sont excités. Ils empêchent notre bus de partir, des choses comme ça. Mais j’attends ce duel avec impatience, ce ne sera que du plaisir. De plus, le voyage ne sera pas long. Nous avons perdu deux fois contre eux en championnat, il s’agit donc de montrer à nos supporters que nous pouvons les battre.

RTSsport.ch : Il y a une belle présence finlandaise au GSHC. Comment faciliter votre intégration ?

ANTI-RANTA : Oui, c’est super d’avoir 5 compatriotes ici (Réd : Sami Vatanen, Markus Granlund, Teemu Hartikainen, Sakari Manninen et Oula Palve, prêté par Ajoie pour un mois). Nous sommes rapidement devenus amis, même si nous ne nous connaissions pas tous auparavant. Trois d’entre eux ont des enfants, j’ai moi-même un fils de 4 ans et une fille de 7 ans. Cela nous rapproche et ils m’ont aussi beaucoup aidé en dehors de la glace. C’est formidable de pouvoir parler finnois. Bon, dans le vestiaire, on ne se dit pas vraiment des poèmes (rires). Mais lors d’une mauvaise journée, cela fait du bien d’exprimer ses sentiments dans sa langue maternelle. Pendant 8 ans, je n’ai eu aucun coéquipier finlandais dans la LNH, donc j’apprécie vraiment ça.

Raanta en action le 2 novembre contre le HC Bienne. [Keystone – Salvatore Di Nolfi]

Je ne veux pas écarter l’équipe finlandaise

Antti Raanta

RTSsport.ch : Vous n’avez pas été sélectionné pour la récente Coupe Karjala avec votre équipe nationale, qui vous échappe depuis 2013. Est-ce un objectif d’y revenir ?

ANTI-RANTA : J’ai parlé avec l’entraîneur Antti Pennanen peu après mon arrivée en Suisse. Nous avons eu une bonne discussion et c’était agréable de voir qu’on s’intéressait à moi. Je ne veux pas écarter l’équipe finlandaise. Mais pour le moment, je me concentre sur mon club : cette trêve internationale a été bénéfique pour mon corps. Si je suis en forme en 2025 et que je suis considéré comme assez bon, je me verrais cependant disputer l’un ou l’autre tournoi de préparation à la Coupe du Monde.

RTSsport.ch : Rejoindre l’équipe finlandaise n’est pas facile, encore moins quand on est gardien de but. Dans votre pays, il existe de nombreux portiers talentueux !

ANTI-RANTA : En effet, il y a tellement de gardiens finlandais dans la LNH (éd. : 9)… S’ils sont disponibles pour le championnat du monde, il sera difficile de prétendre à la première place. Il faudra que je réalise des performances énormes pour être sélectionné. Nous verrons.

Mon meilleur souvenir dans la LNH ? D’avoir relégué Henrik Lundqvist sur le banc des Rangers de New York pour 4 matchs de suite

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Antti Raanta

RTSsport.ch : Lorsque Chicago a remporté la Coupe Stanley en 2015, votre nom n’était pas gravé sur le trophée, malgré vos 14 participations en saison régulière. Vous auriez dû jouer au moins un match en séries éliminatoires…

ANTI-RANTA : À l’époque, j’étais un peu déçu. Mais j’étais le 3e gardien des séries et j’avais passé les 2 derniers mois de la saison régulière dans la AHL. C’est comme ça, on ne peut pas mettre tous les noms sur la tasse, il y a une limite réglementaire. Durant l’intersaison, j’avais encore le droit de garder le trophée une journée en Finlande et j’ai reçu une magnifique bague (ndlr : comme tous les membres d’une équipe championne). C’était incroyable de faire partie de cette grande équipe. Personne ne peut m’enlever ces souvenirs.

RTSsport.ch : A part ce titre avec les Blackhawks, quel est votre meilleur souvenir dans la LNH ?

ANTI-RANTA : Mes 4 clubs différents là-bas m’ont permis de vivre de bons moments. Mais je me souviens particulièrement de l’époque où j’étais le remplaçant de Henrik Lundqvist aux Rangers de New York. À un moment donné en 2016/17, j’ai eu la chance de jouer 4 matchs d’affilée. C’était cool ! À l’époque, il était plutôt inhabituel pour Lundqvist de rester sur le banc pendant plus d’un match.

RTSsport.ch: Le Suédois, désormais à la retraite, était-il furieux ?

ANTI-RANTA : Mmmh… Disons qu’il a travaillé dur pour retrouver son statut de n°1. De l’extérieur, on ne connaît que le concurrent qui veut tout gagner. Mais c’est un gars vraiment sympa. Cet épisode, que je raconte souvent à mes amis, m’avait en tout cas confirmé que j’avais ma place dans cette ligue. Et que j’étais capable de porter une équipe sur mes épaules en tant que n°1.

Raanta a gardé le filet des Rangers de New York de 2015 à 2017. [Keystone - Gene J.Puskar]
Raanta a gardé le filet des Rangers de New York de 2015 à 2017. [Keystone – Gene J.Puskar]

RTSsport.ch : Votre séjour à Carolina, de 2021 à 2024, a également eu son lot de réussites.

ANTI-RANTA : Lors de ma première saison avec les Hurricanes, j’ai eu l’opportunité de disputer les séries éliminatoires. On a même gagné un 7ème match contre Boston au 1er tour. Après cette victoire, j’ai ressenti un sentiment extraordinaire, l’un des meilleurs que l’on puisse ressentir en tant que gardien. D’autant que cela s’est passé chez nous, devant nos 20 000 supporters. Je ne l’oublierai pas de sitôt.

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RTSsport.ch : Entre 2012/13, lorsque vous êtes tombé en panne en Finlande ; et 2021/22, où vous avez remporté le Trophée Jennings dans la LNH : quel est, avec le recul, votre exercice préféré en tant qu’individu ?

ANTI-RANTA : En fait, je préférerais choisir 2013/14, ma première saison dans la LNH, à Chicago. J’étais libéré mentalement, je réalisais à peine que je jouais ce championnat. Une fois en vacances, je me suis soudain dit « Oh mon Dieu, j’ai réussi ! J’ai joué 25 matchs dans la LNH » ! En fait, ma deuxième saison avec les Rangers a été ma plus réussie. Mais ma première année à l’Arizona en 2017/18, avec 47 matches joués, a aussi été bonne dans le genre…

Comments collected by Michaël Taillard

 
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