Avant les Championnats d’Europe d’athlétisme qui débutent ce vendredi à Rome, la Fédération française d’athlétisme sort d’une semaine compliquée après son erreur administrative qui a privé dans un premier temps Azeddine Habz (1500 m) et Simon Bédard (10 000 m) d’être qualifiés. European Athletics a accepté de les réintégrer, menaçant la FFA de sanctions si cela se reproduisait. Le directeur de la haute performance, Romain Barras, reconnaît son erreur et promet que des leçons ont été retenues.
“Il vaut mieux que cette erreur se produise maintenant, et pas avant les Jeux Olympiques !”, veut rassurer Romain Barras. Le patron des Bleus a passé une semaine éprouvante après l’erreur de sa fédération. Azeddine Habz et Simon Bédard ont été oubliés « à vélo ». Car le comité de sélection français s’est réuni seulement quelques heures avant la date limite (14 heures le 30 mai) imposée par la fédération européenne et « il faut rentrer plus de 125 noms dans la machine, dans un logiciel qui est lent. A 14h01, c’est fini, tout est bloqué.»
Romain Barras accepte et fait son mea culpa mais est surpris par la rigidité du corps continental. « Avec World Athletics, on rentre un certain nombre de noms et il y a un échange avec eux pour affiner la liste. Cette fois, la liste a été considérée comme définitive et on s’est tordu en deux, le président André Giraud, toute la FFA, les entraîneurs, Mehdi Baala, moi, et ça a payé. C’est beaucoup de stress, ça peut arriver, mais ça ne devrait pas arriver.
Pour pimenter encore plus le tout, certains sportifs français n’ont pas hésité à critiquer la FFA. Sasha Zhoya, absente en raison d’une gêne musculaire, a demandé sur Instagram à la fédération « si elle avait besoin d’une secrétaire ». Mouhamadou Fall s’est également moqué sur les réseaux sociaux. Romain Barras n’a pas apprécié. Sans le nommer. “Quand on ne sait pas remplir une fiche de localisation trois fois de suite… On assume nos erreurs, ce n’est pas le cas de tout le monde.” Le terme d’amateurisme ne convient pas non plus au réalisateur de haut niveau.
« Chaque difficulté cache une opportunité »
« Cela arrive une fois tous les quinze ans et cela arrive aussi parce que nous avons une manière de fonctionner très particulière. Nous essayons d’avoir les méthodes de sélection les plus équitables possibles. Pour ce faire, la FFA ne sélectionne pas ses athlètes sur le seul critère de normes minimales, ni sur le seul classement. Mais selon des critères mixtes, sur des périodes de qualifications, des performances pures mais aussi des chances de figurer dans le top 16 de votre discipline par exemple. « Nous sommes les seuls à fonctionner comme ça et le comité de sélection existe pour ça. C’est un modèle particulier mais juste pour les sportifs.
Le processus de sélection sera peut-être revu avant les Jeux Olympiques pour ne plus commettre l’erreur. Et surtout, la FFA a déjà pris rendez-vous avec World Athletics et le CNOSF après les Championnats d’Europe pour remettre les choses au clair et s’assurer qu’aucune bourde ne puisse refaire surface. Pour Barras, « chaque difficulté cache une opportunité ». Il apprécie la réaction solidaire des athlètes français pour soutenir Habz et Bédard, quitte à se moquer de leur propre fédération. « C’est l’esprit bleu et ça prouve leur cohésion. Je trouvais ça normal et ça me faisait même plaisir paradoxalement. Le contraire m’aurait inquiété.
Et l’ambiance générale de l’équipe de France n’a pas souffert selon le patron des Bleus, qui se dit ne pas être inquiet à 50 jours des JO de Paris malgré la cascade de mauvaises nouvelles.
