Souvenirs d’un grave accident sur le circuit Gilles-Villeneuve

Souvenirs d’un grave accident sur le circuit Gilles-Villeneuve
Souvenirs d’un grave accident sur le circuit Gilles-Villeneuve

La plupart des amateurs québécois de Formule 1 âgés de plus de 30 ans se souviennent de l’accident d’Olivier Panis lors du Grand Prix du Canada en 1997.

Le pilote de l’équipe Prost était septième lorsqu’il a heurté violemment le mur au virage cinq au 54e tour. L’épreuve a été arrêtée suite à ce violent accident et le pilote français a été immédiatement pris en charge par les secours avant d’être transporté à l’hôpital. Il avait les deux tibias cassés.

Là, il devait être opéré par le Docteur Pierre Ranger, chirurgien orthopédiste de renom affecté au Grand Prix. Le problème, c’est que le médecin n’était pas là.

“Ce n’est pas quelque chose dont j’aime beaucoup me vanter, parce que j’étais un délinquant, un vrai”, a déclaré mercredi le Dr Ranger dans une interview avec “JiC”.

Le médecin était l’orthopédiste de garde du Grand Prix depuis des années et n’avait jamais eu à intervenir par le passé.

“C’était très agréable, mais c’était un week-end perdu où je ne pouvais rien faire et j’étais peut-être à Montréal en attendant ça”, a-t-il expliqué.

Cette année-là, il prend donc le risque de passer le week-end chez lui à Magog, en Estrie.

«J’étais à Magog, je faisais du turf et j’étais habillé comme un gars qui faisait du turf», a-t-il raconté. Je sentais l’essence et mon pull était taché de vert. Le Grand Prix commence, mon garçon était là et c’est arrivé au début de la course alors il m’a dit « papa, je pense que tu dois venir voir ça ». Je regarde l’accident et je me dis que je ferais mieux d’aller à l’hôpital, car on savait qu’il était blessé.

Ce n’était que le début de l’histoire. Il tente de se rendre à Montréal le plus rapidement possible, mais reste coincé un moment sur le pont Champlain. Lorsqu’il arrive à l’hôpital du Sacré-Cœur, il n’a pas le temps de se changer.

Mais quelle que soit la tenue, l’opération se passe bien.

Complications

«Nous l’avons opéré, tout s’est bien passé, mais c’est devenu un peu compliqué», se souvient le Dr Ranger. Ces traumatismes majeurs peuvent avoir une complication appelée « syndrome des loges » et c’est tout simplement qu’il y a trop de pression dans les muscles, qui devient si importante qu’elle peut nécroser les muscles et entraîner des complications majeures comme la perte de l’usage de la jambe.

Ces complications surviennent généralement 48 heures après l’intervention. Et c’est précisément ce qui est arrivé à Panis. Le Dr Ranger a dû ouvrir les jambes du coureur pour soulager la pression.

Ça a fonctionné. Mais l’histoire ne s’arrête pas là.

Intervention en France

Peu avant d’opérer Panis après l’accident, le Dr Ranger a reçu un appel d’un homologue français.

“Les professeurs de français, c’est très enrichissant pour eux d’opérer quelqu’un de Formule 1”, explique le médecin. Il y a un professeur de français, que je ne nommerai pas, qui m’a appelé avant que je commence à opérer et il m’a dit ‘vous allez nous transférer M. Panis’.

“Je lui demande pourquoi : ils veulent l’opérer”, a-t-il ajouté. Il n’en est pas question, il mourra dans l’avion, il aura des embolies graisseuses, on n’envoie pas une personne avec des fractures des os longs dans un avion à l’étranger. Alors j’ai dit non.

« Je l’ai connu, c’était juste pour la gloire et je l’ai dit à Olivier. Nous sommes devenus amis, je le voyais tous les jours. C’est un gars excellent.

À son retour en France, Panis a invité le Dr Ranger à lui rendre visite en Normandie pendant que sa rééducation se poursuivait. Le médecin québécois allait de toute façon visiter la France avec sa famille cet été-là.

À son arrivée à l’aéroport, quelqu’un de l’entourage de Panis l’y attendait. Il fallait se rendre là où le pilote effectuait sa rééducation, et rapidement.

“Quand je suis arrivé, on m’a mis dans une chambre, il était là et il était blanc”, se souvient le médecin. Olivier m’a dit : “Pierre, il y a quelque chose qui ne va pas.”

Un médecin sur place accuse alors le docteur Ranger d’avoir commis une erreur lors des complications subies par le pilote à Montréal. Ranger nous assure que ce n’était pas le cas. Panis, de son côté, a choisi de faire confiance au Québécois pour poursuivre ses traitements.

« Il m’a dit : ‘Pierre, pour l’avenir, tu peux le faire ?’, et j’ai dit oui, certainement, a-t-il dit. J’ai dit « monsieur, dehors ». Et je suis resté en Normandie. Nous avons eu de la chance car ça n’aurait pas été agréable de se faire dire que le pilote français avait été opéré au Québec et ce n’était pas correct. Cela n’aurait pas été drôle.

Finalement, Panis s’est bien remis de ses blessures et a pu participer aux trois dernières épreuves de la saison.

Son amitié avec le médecin québécois se poursuit.

Regardez l’interview complète dans la vidéo principale.

 
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