Un casse-tête financier et technique pour les autorités [INTÉGRAL] – .

Un casse-tête financier et technique pour les autorités [INTÉGRAL] – .
Un casse-tête financier et technique pour les autorités [INTÉGRAL] – .

Lors de la Coupe du monde 2030, plus d’un million de visiteurs se rendront au Maroc pour assister aux matchs dans les six villes désignées. Le pays a donc six ans pour non seulement se conformer aux normes de la FIFA relatives à l’organisation de la compétition, mais aussi offrir une expérience inoubliable à ses touristes. Le Royaume est donc appelé à réaliser un saut qualitatif à tous les niveaux : stades, hôtels, sécurité, transports et… télécommunications.

Sur ce dernier point, l’Organisation internationale exige que le pays hôte se dote des meilleures infrastructures et des technologies de pointe en matière de téléphonie mobile et de réseau Internet. En 2022, le Qatar avait déployé un important réseau 5G couvrant tous les stades, ainsi que d’autres zones telles que les aéroports, les métros et les fanzones. Le Maroc doit donc faire de même, voire mieux, pour y être.

Pour atteindre cet objectif, le Comité marocain de la Coupe du monde 2030 a confié la responsabilité de ce dossier au ministère de la Transition numérique et de la Réforme administrative. Dans ce cadre, la ministre chargée de ce département, Ghita Mezzour, a tenu plusieurs réunions avec les différents acteurs, notamment l’Agence nationale de régulation des télécommunications (ANRT) et l’Agence de développement du numérique (ADD).

Lors de son passage au Parlement ce lundi 20 mai, le ministre a assuré que la 5G sera opérationnelle d’ici 2030. Des préparatifs sont en cours pour y parvenir, notamment à travers la reconfiguration du spectre des fréquences et la libération des bandes de fréquences nécessaires à la 5G.

Une technologie disruptive

Cependant, le déploiement à grande échelle de la 5G s’avère être une tâche compliquée, tant techniquement que financièrement. En réalité, l’organisme chargé de réguler le secteur, l’ANRT, avait inscrit à plusieurs reprises l’entrée en service de ce nouveau standard de réseau à son agenda, sans grand succès. Cette technologie figurait par exemple dans la note d’orientation générale de l’ANRT 2020-2023.

L’ANRT et l’ensemble de l’écosystème télécom marocain parviendront-ils cette fois à surmonter les obstacles ? Cette technologie constitue un véritable défi pour l’ensemble du secteur, et ce pour plusieurs raisons. Contrairement aux quatre générations précédentes, la cinquième génération du réseau de téléphonie mobile présente une « disruption », dans le sens où elle impose une manière radicalement nouvelle de faire les choses.

Chaque génération s’appuie sur la technologie de la précédente, en y ajoutant une couche supplémentaire. La 5G représente une avancée majeure. Il ne s’agit pas simplement d’une continuité technologique, mais plutôt d’une évolution majeure par rapport aux générations précédentes.», explique Abdelouahed Jraifi, expert en télécoms.

Par exemple, lorsque la 4G est introduite, l’équipement 3G est conservé, tandis que des logiciels et du matériel spécifiques à la 4G sont ajoutés. Ce n’est pas le cas de la 5G, qui nécessite des investissements massifs dans des infrastructures entièrement nouvelles. Pour des raisons financières, la plupart des opérateurs dans le monde optent pour une solution hybride : la 5G NSA (non autonome), qui s’appuie sur l’infrastructure 4G existante, contrairement à la 5G SA (autonome).

Réarrangement de fréquence

Si l’investissement dans cette nouvelle technologie relève de la responsabilité des opérateurs, la 5G pose également un défi à l’ANRT. En fait, cette technologie est la première à utiliser tous les types de fréquences : basses, moyennes et hautes. Le déploiement de la 5G nécessite une réorganisation complète des fréquences, déjà utilisées par de nombreux acteurs tels que les forces de l’ordre, les services maritimes, l’aviation, les télécoms et autres cessionnaires, chacun avec sa propre bande passante. fréquences.

Les fréquences sont des ressources rares et limitées à l’échelle mondiale. Pour éviter les interférences, il est essentiel de respecter des allocations de fréquences spécifiques», insiste Abdelouahed Jraifi. La 5G implique soit la réutilisation de fréquences existantes, soit l’utilisation de nouvelles hautes fréquences, dites fréquences millimétriques, qui offrent des débits très élevés. “Ces dernières sont peu nombreuses, ce qui conduit l’ANRT à réguler l’offre et la demande. Compte tenu de la forte concurrence pour ces précieuses fréquences, elles sont attribuées aux plus offrants.», poursuit notre expert.

Un non-sens économique

Dans un marché des télécommunications libre et compétitif comme celui du Maroc, le déploiement de la 5G doit avoir un intérêt économique pour les opérateurs. Cependant, en raison des investissements massifs nécessaires, la rentabilité n’est pas toujours garantie. Ceci explique la réticence de ces opérateurs à emprunter cette voie.

Ce problème n’est pas spécifique au Maroc, car dans plusieurs autres pays, le choix a été fait d’activer la 5G uniquement dans les grands centres urbains et dans certaines zones industrielles, où il existe un potentiel d’utilisateurs intéressant. . Pour le Maroc, «compte tenu de l’obligation de déployer la 5G, elle sera principalement installée dans les zones où se trouvent les stades et les grandes villes qui accueilleront des événements majeurs comme la Coupe du Monde», prédit Abdelouahed Jraifi.

Nouvelle économie

Au-delà de la simple organisation de la Coupe du monde, le déploiement de cette technologie doit non seulement être économiquement viable, mais aussi jouer un rôle crucial dans l’innovation technologique. Pour ce faire, il faut favoriser les usages rendus possibles par des débits plus élevés et une latence considérablement réduite.

C’est le cas de la télémédecine, permettant de réaliser des analyses voire des opérations médicales à distance, des voitures autonomes, de l’Internet des objets (IoT), de l’industrie 4.0 ou encore de la gestion de réseaux complexes. comme ceux des transports et de l’électricité. Tout cela doit être intégré dans une vision globale, qui ne considère pas la 5G comme un simple accessoire destiné aux touristes, mais comme la matrice d’une nouvelle économie de la connaissance et de la connectivité.

 
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