Flamme olympique. On vous explique pourquoi elle voyage dans une lampe de mineur

D’Athènes à Marseille, à bord du Belem, la flamme olympique devait être protégée par une lanterne semblable à celles utilisées par les mineurs du fond.

Tout bon Nordiste doit retrouver les traces de son héritage culturel partout où il va. Ainsi, les plus attentifs auront reconnu une lampe de mineur utilisée pour préserver la flamme olympique lors de son trajet d’Athènes à Marseille sur le Belem.

Ces derniers jours, c’est certainement l’objet le plus photographié et filmé. Une vingtaine de centimètres de haut, une structure composée de métal et d’une plaque de verre. Rien de plus fonctionnel pour enfermer une flamme sacrée. L’objet, choisi par le comité d’organisation olympique, est un héritage direct du passé minier.

Durant sa traversée de 12 jours à bord du Belem, trois gardes sont chargés de votregardez la flamme allumée à tout moment. Du pont aux cales, en passant par les cuisines, ils s’enfoncent dans les entrailles du navire et déplacent leur lanterne olympique à l’aide d’une poignée, tels des mineurs descendant vers le fond.

Régulièrement, ils ouvrent la petite boîte en verre avec une clé et remplissent le réservoir de la lanterne avec 50 millilitres de pétrole liquide. La mèche est changée toutes les deux semaines. De quoi entretenir la flamme. Sans le savoir, ils reproduisent un geste ancestral.

Une lanterne de la fin du 19ème siècle

Car le modèle qui protège la flamme est une version contemporaine des lampes de sécurité, apparues dans les mines du Nord et du Pas-de-Calais à la fin du XIXe siècle, en pleine révolution industrielle. Ils servaient à éclairer le mineur mais surtout à le protéger des accidents.

En ajoutant un diaphragme, un écran et un verre de protection, les ingénieurs de l’époque rendirent ces lampes de sécurité totalement étanches à l’air pour éviter au maximum le grisou. La flamme du mineur, Source de lumière, devient ainsi protectrice. L’ingénierie la plus efficace connue à ce jour pour protéger une petite flamme fragile contre les éléments.

Justement, le sel, l’humidité, l’eau et les vents violents sont autant de menaces pour tout voyageur en mer et peut-être plus encore pour la flamme à bord du Belem. La lanterne des mineurs sert alors à la protéger. Un protocole est même prévu en cas de vents extrêmes. La lanterne doit être ramenée à l’intérieur du navire et recouverte d’une boîte en plexiglas.

Par ailleurs, sur un bateau, notamment sur un trois mâts à ossature bois, le feu peut vite devenir un ennemi mortel. Ainsi la lanterne de protection du Belem est même équipée de filtres à particules qui réduisent les émissions de fumées et limitent tout risque de départ d’incendie.

Sécurité maximale donc. Et si malgré ces mesures, la flamme venait à s’éteindre, une autre est contenue dans une seconde lanterne de mineur et cachée dans un lieu tenu secret. Enfin, deux autres flammes arrivent de Grèce. Comme ce fut le cas en 1968 pour les Jeux Olympiques de Grenoble.

A l’époque, pour traverser la Méditerranée jusqu’en France, l’avion était préféré au bateau. Là encore, des contraintes spécifiques aux déplacements doivent également être prises en compte. Le Comité olympique décide alors de commander 5 lampes de mineurs pour protéger la flamme. Cinq objets gravés des anneaux olympiques et de l’inscription « Grenoble 1968 ».

Une histoire de protection de cette flamme devenue tradition, patrimoine régional. D’Olympie à Marseille, le Belem a réussi sa mission d’escorte du feu olympique, grandement aidé par ce petit objet passé inaperçu. Hormis les spectateurs nordistes, la mémoire des centaines de milliers de mineurs régionaux est ainsi ravivée.