Dans une semaine où la venue de la star Lionel Messi aurait dû monopoliser l’attention des amateurs de soccer et de sport en général au Québec, c’est plutôt le propriétaire du CF Montréal, Joey Saputo, qui fait les manchettes et cette visibilité indésirable risque de faire de nombreux supporters de l’équipe s’inquiétaient.
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Contrairement à l’Inter Miami CF, qui rendra visite au Bleu-Blanc-Noir samedi soir, celui-ci est loin de nager dans le bonheur absolu. Si l’organisation floridienne est synonyme d’excellente santé financière, notamment grâce au célèbre Argentin qui attire tous les regards, le club montréalais mise sur une gestion serrée à l’égard de son effectif sur le terrain. Et dans les bureaux, les directeurs sportifs successifs ont travaillé avec des contraintes plus visibles que dans des marchés comme New York, Los Angeles et Toronto.
Même si le mot « déménager » n’a pas été prononcé récemment à propos du CF Montréal, son grand patron pourrait arrêter de perdre de l’argent et toucher une somme substantielle en décidant de vendre. Si la situation se dégrade sur la surface de jeu et que les bilans dans le rouge se multiplient, la possibilité de vendre le club deviendra de plus en plus attractive, d’autant plus que Saputo passe beaucoup de temps en Italie à superviser une autre de ses propriétés, le FC Bologne.
Aussi, il convient de rappeler l’intérêt des villes nord-américaines pour la MLS. Trentième équipe de la ligue, le San Diego FC fera ses débuts en 2025 et selon le réseau NBC, il aurait déboursé des droits d’entrée de 500 millions de dollars américains. Si un élargissement du cadre du circuit Garber ne représente pas une piste acceptable à leurs yeux, les intéressés pourraient s’y prendre autrement pour atteindre leurs objectifs. En 2024, le magazine Forbes estimait la valeur du CF Montréal à 430 millions de dollars américains, ce qui est bon pour la 27e place de la MLS. Ce chiffre est inférieur au prix qui sera demandé pour de nouvelles concessions.
Parmi les prétendants, on retrouve les suivants :
-Indianapolis : La Ville a exprimé fin avril son intention de déposer une demande de formation d’expansion. Le maire Joe Hogsett a déclaré avoir rencontré le commissaire Don Garber. Les autorités responsables souhaitent développer, pour un coût d’un milliard de dollars, une zone – Eleven Park – qui comprendrait un stade de football.
-Las Vegas : la City du Vice n’a pas caché son intérêt pour la MLS qui reste bien vivante. D’ailleurs, il peut compter sur un soutien important parmi les propriétaires du circuit, celui de David Beckham, de l’Inter Miami CF. « C’est une vraie opportunité. Nous avons vu une équipe de hockey [les Golden Knights] atterrissez là-bas et les Raiders sont là. Dans le futur, qui sait si la MLS arrivera avec un club ? a-t-il déclaré l’automne dernier à l’agence Bloomberg, bien avant la confirmation du transfert de l’Athletics d’Oakland à Las Vegas.
-Phoenix : début avril, le média Arizona Sports rapportait qu’un groupe d’investisseurs dirigé par Nick Sakiewicz, un ancien membre de la direction des Coyotes, avait son dévolu sur un terrain situé à Mesa. Il espère une modification des lois locales afin de construire un stade.
-Tampa Bay : les Rays (baseball majeur) veulent commencer la construction d’un nouveau stade vers la fin de la campagne et les infrastructures pourraient permettre la tenue de matchs de football professionnel. Évoluant en USL, les Rowdies ont déjà exprimé leur souhait d’accéder à la MLS il y a plusieurs années.
-Detroit : l’Auto City compte également sur un club évoluant en USL et le commissaire Garber l’a nommé en 2020 parmi les marchés ayant une chance logique d’accueillir une concession.
Des jours plutôt gris
Le départ – non confirmé publiquement par le CF à ce jour – d’Olivier Renard ajoute des nuages gris au ciel de plus en plus sombre au-dessus de l’équipe. Déjà, le journaliste de soccer du site The Athletic, Tom Bogert, avait évoqué quelques jours plus tôt la volonté du Québécois Mathieu Choinière d’être échangé en raison d’un différend salarial. Ces récents développements risquent-ils d’alimenter de nouvelles spéculations sur l’avenir à long terme de la franchise évoluant dans la Major League Soccer (MLS) depuis la saison 2012 ?
Les plus pessimistes répondront probablement par l’affirmative, rappelant le caractère fougueux de Saputo et ses déclarations des dernières années concernant un éventuel transfert. Aussi, d’autres observateurs pourront mentionner que le CF en est à son 10e entraîneur-chef (Laurent Courtois) depuis son arrivée en MLS, ce qui est loin de représenter un exemple de stabilité.
Rappelons également que Montréal a misé sur la masse salariale la plus basse de toute la MLS en 2023, soit 10,5 millions de dollars. C’est loin du Toronto FC, en tête avec 25,7 millions de dollars. Ensuite, il y a les abonnements annuels du CF : certes, il a réussi à vendre ses 15 000 abonnements 2024, mais il peut remercier Messi dont la présence à Montréal ce week-end est très attendue, à tel point que les fans n’ont pas hésité à acheter des forfaits pour le dans le seul but d’assister au match de samedi. Auparavant, le CF n’avait jamais réussi à écouler la totalité de ses abonnements.
Avant la pandémie, notamment en octobre 2018, Saputo avait déploré le manque de soutien du milieu des affaires envers son équipe, tout en parlant explicitement de transfert.
« Je suis déçu que nous ne soyons pas au niveau que nous devrions être. L’implication du milieu des affaires est nécessaire à la santé financière de l’équipe. C’est bien de parler de NBA, ou du retour du baseball, mais il faut accorder plus d’attention aux équipes déjà en place. Car ramener une équipe qui a déménagé coûte beaucoup plus cher”, a-t-il déclaré en conférence de presse.
En 2022, CF a perdu 12 millions de dollars, selon « Forbes ». Les pertes s’élevaient à 8 millions de dollars un an plus tard, mais la valeur du club augmentait de 15 %.
