“Celui qui a fait cette équipe (du MHR) est un escroc”, accuse Bernard Laporte dans le marasme ambiant

“Celui qui a fait cette équipe (du MHR) est un escroc”, accuse Bernard Laporte dans le marasme ambiant
“Celui qui a fait cette équipe (du MHR) est un escroc”, accuse Bernard Laporte dans le marasme ambiant

Alors que le MHR entame samedi une opération de survie contre Castres pour se maintenir en Top 14, le directeur du rugby Bernard Laporte dresse un bilan extrêmement sévère de la situation actuelle, sans oublier de tirer sur ses prédécesseurs.

L’heure du bilan n’est pas encore arrivée pour le MHR mais une chose est sûre : quelle que soit l’issue de la saison, il n’y aura aucun état d’âme. Les têtes voleront au profit des têtes fortes, menace Bernard Laporte dans cet entretien sans concession avec les joueurs. “Je suis dur, mais juste”, justifie le directeur du rugby, qui a mis tout le monde dos au mur. A quatre matches de la fin de la saison régulière et à deux jours d’un rendez-vous crucial à Castres, Montpellier espère toujours sauver sa place en Top 14. Il sera alors temps, selon Laporte, de façonner un effectif d’aujourd’hui en 2025. aujourd’hui “complètement déséquilibré”pour lequel il rejette toute la faute sur ses prédécesseurs. «On le paie cash»accuse-t-il en ouvrant le parapluie, avant de prononcer un discours injurieux : « Il nous reste quatre finales. Si nous gagnons trois sur quatre, nous pouvons nous en sortir. ».

Bernard, avez-vous digéré la défaite (20-25) contre Perpignan, qui était tout sauf un match neutre ?

Il y a eu deux phases, une dynamique et une descendante, et cela s’est terminé par une défaite, alors que nous aurions dû gagner cent fois. Si on regarde les occasions manquées, les tirs au but… C’est le haut niveau. Quand on a des opportunités, il faut les saisir. Si vous ne les enfilez pas, l’adversaire reste dans le match et vous le perdez. On vient de vivre deux semaines sérieuses, mais après, c’est la compétition qui décide.

Il faudrait gagner trois matches sur quatre. Si tel est le cas, à mon avis, nous pouvons nous en sortir.

Pourtant, l’état d’esprit général était là, dans un contexte de forte pression…

Oui, la première mi-temps a été de loin notre meilleure de la saison. Le problème, c’est qu’on ne marque pas. Nous sommes à 10-5 à la pause alors que le score devrait être de 20-5. Nous nous créons des occasions, mais maintenant nous devons les saisir. Comme PSG-Dortmund, c’est pareil.

Vous n’avez plus votre destin entre vos mains, quels changements dans votre approche de la fin du championnat ?

Il nous en reste encore un peu, mais nous devons gagner trois matches sur quatre. Si tel est le cas, à mon avis, nous pouvons nous en sortir. Cela dépendra vraiment de ce que fera Lyon, qui accueille le Racing 92 le jour où on accueille Toulouse (24e jour). Vu le calendrier, ça devrait être entre Lyon et nous (le MHR reçoit le LOU lors du 25e journée, 8 points séparent les deux équipes). Il nous reste encore quatre finales à jouer.

Si nous devons y aller (lors du match de barrage), nous y irons. Nous serons installés après Toulouse.

Tout est encore possible dans la course au maintien, y compris disputer un match d’accès. Le sujet est-il tabou ?

Dans la situation dans laquelle nous nous trouvons, il faut y réfléchir et se préparer. Concernant les Jiff (joueurs issus des formations), on a déjà pensé à tout ça. Comme je l’ai dit aux joueurs, il y a deux sorties : soit on gagne trois matches, et on peut l’éviter, soit c’est le « match d’accès ». Il n’y a pas d’autre scénario. Si nous devons y aller, nous y irons. Nous serons programmés après Toulouse.

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Où trouve-t-on quelque chose à espérer ?

Si nous sommes plus efficaces dans nos actions, nous trouverons une plus grande compétitivité. Avec tout le respect que j’ai pour Perpignan et la saison qu’ils font, c’est un match qu’il faut mener de vingt points à la mi-temps.

Guirado, Mercer, Ouedraogo sont partis, ils n’ont pas été remplacés. Ce n’est pas la faute de cette équipe mais de ceux qui l’ont construite.

Montpellier est-elle armée pour ce type de mission commando ?

Les joueurs sont au courant de tout, on leur a expliqué tous les scénarios. Ensuite, il nous manque Willemse et quelques blessés. Cela fait partie des saisons, mais ce n’est pas normal qu’on soit dépendant de trois, quatre joueurs, avec une masse salariale globale très importante. Cette équipe est complètement déséquilibrée, celui qui a fait cette équipe est un escroc. Je l’ai toujours dit, c’est inacceptable, car on paie ça cash.

Le club compte quatre capitaines cette saison, preuve que le leadership est en déficit…

(Il coupe.) Il est évident qu’il y a un manque de dirigeants. Cela veut dire que lorsque Guirado, Mercer, Ouedraogo sont partis, ils n’ont pas été remplacés. Ce n’est pas la faute de cette équipe mais de ceux qui l’ont construite.

Cela veut-il dire que quelle que soit l’issue de la saison, le MHR devra repartir de zéro ?

Non, pas nul. Mais j’ai dit aux joueurs : on peut changer de cycle en 2025. On a douze joueurs en fin de contrat en 2025, donc effectivement, ça pourrait être un renouvellement. Nous allons recruter une dizaine de joueurs à l’intersaison, et peut-être une quinzaine de plus en 2025. Il faut deux ans pour constituer un effectif.

Ce que je dis aux joueurs reste entre nous, mais je leur dis des vérités qu’on ne leur a peut-être jamais dites.

Quel est le message transmis aux joueurs ?

J’ai toujours eu avec eux une conversation honnête, parfois intime. Ce que je leur dis reste entre nous, mais je leur dis des vérités qui ne leur ont peut-être jamais été dites. Je suis dur, mais juste. Que 2025 pourrait être un nouveau cycle, leur ai-je dit. On ne peut pas être constamment avec un président qui donne des moyens et un club qui est à la traîne. Donc si certains ne jouent pas, il faut changer de joueurs. J’ai la chance à 60 ans d’avoir de l’expérience, c’est mon rôle de mettre la pression.

Votre recrutement a commencé mais vous recherchez toujours le poste d’ouvreur, de pilier et d’ailier ?

En gros, c’est tout. Nous avons déjà recruté un centre d’Aurillac (la Fidjienne Christa Powell, considérée comme Jiff), un troisième demi de mêlée (Alexis Bernardet, Montauban)… Nous recherchons désormais un dix et un très gros pilier gauche qui nous feront du bien. Le problème c’est qu’on ne peut pas recruter plus de dix joueurs car le nombre de nos contrats est bloqué.

Il y a aussi l’affaire Billy Vunipola (3e lignée anglaise des Sarrasins), arrêté le 28 avril par la police espagnole, à Majorque, suite à une soirée avec trop d’alcool. Cet incident remet-il en cause sa mutation ?

Non. Les Sarrasins l’ont bien défendu dans un communiqué. Je vais avoir une discussion avec lui car il ne doit pas boire.

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Faire venir des stars quand on joue en descente, honnêtement, c’est compliqué. Aujourd’hui, on n’a pas de recrutement tape-à-l’œil

Vous aviez promis une équipe de stars mais ce n’est pas le cas pour le moment…

Quand je parle d’une équipe de stars, j’entends des joueurs de haut niveau. Faire venir des stars quand on joue en descente, honnêtement, c’est compliqué. Aujourd’hui, nous n’avons pas de recrutement tape-à-l’œil. Nous avons pris de bons joueurs, la star du moment est Joshua Moorby (arrière néo-zélandais des Hurricanes), qui est très bon. Nous avons aussi besoin des Jiffs, car notre problème aujourd’hui est que les non-Jiffs n’apportent pas de valeur ajoutée. L’autre problème est que les deux piliers arrivés numéro un (Harry Williams et Karl Tu’inukuafe) ne jouent pas. Les gars qui étaient troisièmes ou quatrièmes (au choix) se sont donc retrouvés bombardés dans l’équipe.

Votre politique sportive ne contredit-elle pas le projet d’un centre de formation performant ?

Le centre de formation est fondamental. Joan Caudullo fait un travail considérable mais il hérite aussi de quelque chose… On a cinq gars qui sortent du centre quand Toulouse et La Rochelle en ont quinze. Et quand on sait que ces jeunes ne sont pas comptabilisés dans vos 43 contrats, cela offre une base de joueurs plus large que l’on n’a pas aujourd’hui, et cela nous punit encore une fois. Il faut beaucoup travailler à ce niveau, mais je me demande ce qu’ont fait nos prédécesseurs ? C’est une chose folle. Donc je m’implique pleinement, il n’y a pas un joueur qui signe sans que je le sache. Mon rôle est de construire tout cela.

Le match Usap-MHR a également jeté une lumière flagrante sur la question des supporters. Le public du GGL Stadium est-il un « chantier » à vos yeux ?

J’ai connu le Stade Français, on peut comparer les deux clubs. Je pense que Montpellier est à cheval entre Toulon et Paris. Qu’a fait Max (Guazzini, président du Stade français de 1992 à 2011) ? Il a fait venir de très grands joueurs, des stars, et le public a suivi. Les Dominguez, les Dominici ont rempli le Stade de France et surtout ils ont remporté des titres. Le reste n’existe pas.

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Les gars qui ont fait cette équipe n’ont pas compris qu’il fallait des leaders, des gars qui vont devant

Le MHR peut-il ou doit-il suivre ce modèle ?

Je l’ai vécu au Stade Français, je pense que c’est faisable. Il y a un potentiel rugbystique à Montpellier et aux alentours. Mais pour cela, il faut une grande équipe qui gagne, sinon les gens ne viennent pas, ils ne collent pas. On peut encore faire un « one shot » en 2022 sans même savoir pourquoi on a été champion, et rater une descente la saison suivante, mais ce n’est pas grave. Il faut construire, il faut construire, avec des joueurs qui ont l’état d’esprit du club. Il y a trop de joueurs concentrés sur eux-mêmes et pas sur le club. C’est pourquoi nous devons changer

Vous attendiez-vous à vivre une situation aussi complexe à votre arrivée en novembre 2023 ?

Non, parce que je ne connaissais pas du tout l’équipe.

Six mois plus tard, comment jugez-vous votre mission ?

C’est difficile à dire. Les entraîneurs ont hérité d’une équipe délabrée, mentalement à la rue. Les quatre premiers mois ont été terribles (avant l’arrivée du nouveau staff). L’équipe est également fragile en termes de qualité des joueurs. Vous n’êtes pas dans cette situation si vous avez des joueurs de caractère. En fin de compte, ce n’est pas de leur faute. Les gars qui ont fait cette équipe n’ont pas compris qu’il fallait des leaders, des gars qui vont devant. Ils ont recruté pour recruter.

 
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