Manu Tuilagi s’invite à la fête

Manu Tuilagi s’invite à la fête
Manu Tuilagi s’invite à la fête

jeses yeux s’écarquillent à nouveau. Imaginez : vous ne connaissez pas du tout Bayonne et vous y arrivez en plein mois de juillet, le mercredi de l’ouverture des Fêtes, au milieu d’un million de personnes. « C’était incroyable, incroyable, trois mois après, Manu Tuilagi (33 ans). Mon frère Henry m’en avait vaguement parlé mais là je me suis dit : OK… Alors c’est tout. » Aux côtés de Nicolas Viguera, recruteur d’Aviron, l’international anglais aux 60 sélections déambule dans les ruelles du centre-ville et prend le pouls de son nouveau biotope. Appelés par visio, Owen Farrel et Billy Vunipola sont aux anges. « Il y avait tellement de gens heureux de s’amuser… C’est ce qui m’a le plus frappé. »

« C’est le pont de Pannecau. On ne saute pas comme un ferry en Nouvelle-Zélande, n’est-ce pas ? »

Pur « Arovonnard » labellisé AOC, Nicolas Viguera accueille les trois-quarts centre, tandis que sa famille arrive de Sale et s’installe à Ondres. Tuilagi joue la « super nounou » avec Leire (4 mois) et Maitane (3 ans), les filles de Karine et Nicolas. « Vig » rit en voyant un finaliste de la Coupe du monde faire du grand écart dans son jardin. Il lui montre son nouvel environnement : « C’est le pont de Pannecau. On ne saute pas comme un ferry en Nouvelle-Zélande, n’est-ce pas ? » Tuilagi s’est apaisé depuis Auckland en 2011. « Je peux rester toute la journée à contempler la ville », raconte le joueur, un livre sur le Pays Basque dans sa valise. J’aime la culture, le caractère de la ville, des gens d’ici. C’est un peuple fier de ses origines, comme nous sommes fiers de notre village aux Samoa. C’est parfait pour ma famille. » Son épouse Chantelle est arrivée depuis, avec Leilani (6 ans), Léo Vavai (3 ans) et la petite Noa, 11 mois. Même la mère du joueur a élu domicile chez eux pendant quelques mois.

La plus grande star depuis Rokocoko

Ce n’est pas tous les jours les vacances. La recrue la plus flashy du mercato bayonnais découvrira enfin le Top 14, et inversement, ce samedi face à La Rochelle, de l’autre côté de la frontière à San Sebastian. Sept semaines après s’être cassé la main gauche lors d’un match amical contre Biarritz. “Je suis prêt, je n’ai plus mal”, assure-t-il en montrant la cicatrice suite à l’opération. Le même orne sa main droite. Vestige du passé.

Les Bayonnais ont hâte. Depuis Joe Rokocoko (2011-2015) et ses 46 essais en 68 sélections avec les All Blacks, jamais un tel pedigree n’a évolué sur les bords de la Nive. Le Samoan incarne la nouvelle ambition de l’Aviron, qui veut quitter la 12ème place pour goûter aux sommets du classement. “C’est un joueur important pour remporter la bataille dense du milieu de terrain”, estime son manager Grégory Patat. Ces premières phases de jeu sont extrêmement importantes. On l’a vu à Biarritz : quand Manu dévie, cela débouche immédiatement sur une situation intéressante. Nous voulions un joueur qui avait une expertise de très haut niveau. »

Curieux et impliqué

Son arrivée n’y est pour rien. Bayonne visait une visibilité internationale en tant que premier centre. L’entraîneur des arrières « Ged » Fraser a eu vent du possible départ de Tuilagi de Sale. Montpellier était en lice. L’aviron a remporté le marché. « Au MHR, on ne lui parlait pas trop du projet sportif, poursuit Patat. Chez nous, on l’a bien vendu mais on sentait un gars intéressé. La preuve, c’est nous qui menions l’entretien mais il n’arrêtait pas de nous poser des questions ! »

« Peut-être que certaines personnes pensaient qu’étant donné sa carrière, il se comporterait un peu beau et ne parlerait pas à tout le monde. Et bien Manu, c’est tout le contraire”

Les discours ne sont pas pour déplaire à Camille Lopez. Le capitaine aux 28 sélections avec les Bleus voit en Manu Tuilagi un relais parfait pour le groupe. « Dès les premiers entraînements cet été, il a naturellement partagé son expérience. Un nouveau discours, c’est toujours bien, mais quand c’est lui qui vous donne des petits conseils, ce n’est pas pareil. Le gars a 60 sélections pour l’Angleterre, il a joué pour les Lions britanniques, donc quand il parle, on l’écoute. »


Manu Tuilagi a joué à Leicester (2009-2020) et à Sale (2020-2024) avant de rejoindre Bayonne cet été.

Émilie Drouinaud

“Il ne pense pas qu’il est quelqu’un d’autre”

D’autant qu’il ne force pas le trait. “Peut-être que certains pensaient qu’étant donné sa carrière, il se comporterait un peu beau et ne parlerait pas à tout le monde”, raconte l’Argentin Lucas Paulos. Et bien Manu, c’est tout le contraire. » Lopez confirme : « Il ne se prend pas pour quelqu’un d’autre. Il parle aux jeunes, aux vieux, il ne calcule pas. Il est comme un petit enfant souriant, heureux d’être là. » Ses éclats de rire lors de chaque entraînement avec son ami Habel-Küffner confortent ce propos. C’est « solaire », le groupe est unanime. « Si je peux aider, tant mieux. On parle de tout ce qui est nécessaire sur le terrain mais vous savez, les jeunes ici n’ont pas besoin de grand chose : ils sont très talentueux. »


Sireli Maqala, ballon en main, aux côtés de Manu Tuilagi, lors du match amical à Biarritz où le Samoan s’était blessé en août dernier. La paire de centres est reconstituée ce samedi.

Nicolas Mollo

Ils suivent néanmoins leur nouveau guide, enfin libéré de ses blessures, maladie récurrente dans sa carrière. «Je ne m’attarde pas là-dessus. Je me soigne, je récupère, je m’entraîne et je suis prêt. » C’est pour ce samedi. « Il est tellement handicapé physiquement qu’il y a toujours un risque de blessure, surtout à 33 ans », constate Grégory Patat. Manu ne jouera pas tous les matches. Nous préférons qu’il fasse du 12 au 15 à un niveau proche du niveau international pour que nous puissions grandir dans nos ambitions. »

Premier échantillon à Saint-Sébastien. « Je ne connais pas cette ville. On ne m’en a dit que du bien ! » C’est un jour de fête.

 
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