A Montélimar, un bar patriotique rassemble le RN, la Reconquête et les plus radicaux

Marine Le Pen s’est voulu ferme : « Combien d’années vais-je devoir me battre pour que les gens sachent quelles sont mes idées ? Ces groupes radicaux m’ont toujours détesté et combattu», s’indigne-t-elle dans les colonnes du Monde à propos des liens entre le Rassemblement national (RN) et des groupuscules violents d’extrême droite. Cependant, une porosité semble encore exister, et certains militants et cadres du parti lepéniste continuer à fréquenter l’extrême droite la plus radicale.

Souvent, cette porosité est observée par endroits. Le bistrot Le Cocorico, à Montélimar (26), en fait partie. La députée RN de la 2e circonscription de la Drôme, Lisette Pollet, s’y est rendue en septembre 2022, puis en février 2023, avec une de ses assistantes parlementaires de l’époque, elle aussi pointée du doigt il y a quelques années pour racisme. Des visites qui ne surprennent pas au premier abord. Ludovic Reynier, l’un des deux gérants du bar, est l’un de ses amis proches. Il est également le leader local du parti et un ancien candidat désigné par le RN pour plusieurs élections. Sauf que lorsqu’il n’accueille pas en grande pompe le député Le Cocorico, qui se prétend le « bistrot de tous les patriotes »rassemble des militants de toute l’extrême droite locale, tant électorale que radicale.

De gauche à droite : la députée Lisette Pollet, Ludovic Reynier, l’un des deux bâtonniers et ancien collaborateur parlementaire. /
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Au carrefour des fafs

Drapeaux français épinglés au mur, statuettes et affiches de coqs ou de cochons et même appel du général de Gaulle : les dirigeants de Cocorico n’ont pas lésiné sur les bibelots pour affirmer leurs valeurs « patriotiques » et attirer une clientèle attachée aux « valeurs françaises ». » qu’ils mettent en avant sur leur page Facebook. Il faut dire que le modèle économique de ce bistrot repose sur la mise en pratique du syndicat de l'(extrême) droite. Outre le gérant local RN Ludovic Reynier, le deuxième gérant et fondateur du bar est une militante très active au sein de la section locale de Reconquête, le parti d’Éric Zemmour : Gwenaël Lefort. Celui qui se décrit dans une publication Facebook comme un « résister à l’islamisation du [son] pays “ fréquente également les rangs des Patriotes Drôme-Ardèche, encore un petit groupe identitaire local.

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Et pour faire fonctionner l’establishment, les deux voleurs jouent à fond la carte politisée. Outre un espace « presse », où l’on peut consulter le magazine d’extrême droite Valeurs Actuelles, le regretté quotidien très conservateur et raciste Présent ou le faf magazine La Furia, édité par un proche de Zemmour, les gérants des murs organisent de nombreuses événements de nature politique. Invitations des représentants du Rassemblement National et réunions de l’antenne locale de la Reconquête, bien sûr, mais aussi des événements un peu plus radicaux. Par exemple, en juillet 2023, le bistrot proposait à ses clients de rencontrer Damien Tarel, le « tapeur d’Emmanuel Macron ». Ce militant royaliste de l’Action française Valence (26) était de passage pour tenir une radio libre, le tout relayé sur les réseaux sociaux Cocorico.

En juillet 2023, le bistrot propose à ses clients de rencontrer Damien Tarel, le « tapeur d’Emmanuel Macron » et militant royaliste à l’Action française Valence. /
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Il est également possible de rencontrer d’autres militants d’extrême droite valencenais une pinte à la main. Comme Endy Thivolle, ancienne membre de Génération Identitaire et l’un des leaders du petit groupe identitaire Valence Patriote (aujourd’hui Obélio), qui avait menacé StreetPress en 2022. Ou encore Pierrick Payet, autre leader d’Obélio, membre de Génération Zemmour et proche du sénateur. Reconquête Stéphane Ravier. Le bar est aussi l’une des bases arrière du groupe Drôme-Ardèche Patriote : une de leurs premières photos a été prise dans sa salle de réception, le patron Gwenaël Lefort y a posé fièrement aux côtés d’un militant en t-shirt Frakass, un anticommuniste. groupe de rock avec des références néo-nazies assumées.

Contactés, Cocorico et son équipe dirigeante ont indiqué qu’ils n’étaient « en aucun cas associés aux personnes et aux faits » relevés par StreetPress. « Les clients de notre établissement agissent comme ils le souhaitent et nous les recevons avec le professionnalisme et le respect qui leur sont dus, dans un esprit cordial et souriant », ont-ils répondu. Pour eux, ils prétendent défendre la République, la démocratie et « avant tout, le patriotisme et l’amour de la éternelle ». Le Cocorico et ses dirigeants ont expliqué à StreetPress que « tous les partis politiques et les débats qu’ils alimentent ont le droit d’être présents dans la salle ou en terrasse, dans une optique d’échange et de partage sans cesse renouvelés, comme c’est la norme dans un lieu comme celui-ci ». comme un bistro.

Le Cocorico fête l’année 2024 avec Endy Thivolle, ancienne membre de Génération identitaire et l’une des dirigeantes du petit groupe identitaire Valence Patriote (aujourd’hui Obélio), qui avait menacé StreetPress en 2022. Ou encore Pierrick Payet, autre leader d’Obélio. /
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Le patron Gwenaël Lefort pose fièrement aux côtés d’un militant dans un t-shirt siglé Frakass, un groupe de rock anticommuniste aux références néo-nazies sans vergogne. /
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Et ça continue sur Facebook

Quand ils ne sont pas accroupis en terrasse ou accoudés au bar patriotique de Montélimar, les habitués et quelques proches des gérants se retrouvent en ligne, dans un groupe Facebook au nom du bistrot. Créé en septembre 2021, ce groupe privé rassemble encore près de 250 personnes et il faut présenter ses identifiants pour y accéder. Le fil d’actualité ressemble à un agenda de toute l’extrême droite, locale et nationale, du Rassemblement National à Reconquête en passant par Génération Zemmour, mais aussi le collectif Némésis ou l’Action Française, parsemé de quelques publications annonçant le plat du jour concocté dans le cuisines. Toutes les paniques morales de l’extrême droite sont représentées : l’immigration, l’islam, l’insécurité… Les publications islamophobes et racistes se succèdent, le plus souvent partagées par Gwenaël Lefort ou par la page officielle du bistro.

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Il y a une vidéo d’un cochon-scooter intitulée : “Quand tu ne veux plus qu’on te vole ton scooter”. Un dessin d’Obélix frappant ce qui semble être un dicton « islamiste » : « , on aime les femmes, le saucisson et les apéritifs », aimé du trésorier du RN d’Ardèche et ancien candidat aux législatives Johan Verhey. Et des vidéos de personnes racisées ou musulmanes tournées en France aux connotations racistes et islamophobes. Des vidéos qui plaisent par exemple à Jean-Luc Chouillou, exécutif local de Reconquête et suppléant lors des dernières élections législatives, qui like et commente les publications.

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Sur un groupe Facebook au nom du bistro, créé en septembre 2021, se succèdent les publications islamophobes et racistes, le plus souvent partagées par Gwenaël Lefort ou par la page officielle du bistro. /
Crédits : Capture d’écran

Dans ce groupe privé restreint, on retrouve de nombreux représentants politiques, issus du Rassemblement national ou de la Reconquête, comme Stéphanie Galzy, députée RN de la 5e circonscription de l’Hérault, qui a rejoint le groupe en novembre 2023 avec son récit personnel, la vice-présidente de du groupe RN en région Auvergne-Rhône-Alpes, Céline Porquet, la déléguée départementale du RN des Alpes-Maritimes, Jean-Marc Richelme, également collaborateur du député Christian Girard, ou encore Yoann Thibault, chef du RN Jeunes Drôme et la cocarde de Valence. Plusieurs anciens candidats du parti sont également présents. La députée locale Lisette Pollet – elle encore – était encore membre du groupe il y a quelques mois. Peut-être que les publications racistes de Gwenaël Lefort et de ses acolytes l’ont finalement décidée à quitter le navire ?

Lorsqu’on lui a demandé si les valeurs prônées par ce groupe Facebook, celles du barreau, de Valence Patriote ou de l’Action Française étaient celles du Rassemblement national, Lisette Pollet a répondu « NON » à toutes nos questions.

Le militant Pierrick Payet a indiqué qu’il ne faisait “en aucun cas partie du groupe dit Drôme-Ardèche patriote”, et n’avait “aucune relation ni aucun lien avec eux, ni avec un certain groupe privé de ce bar”.

Contactés, Stéphanie Galzy, Jean-Luc Chouillou, Johan Verhey, Jean-Marc Richelme, Céline Porquet, Yoann Thibault, Endy Thivolle, le Rassemblement national et Reconquête n’ont pas répondu à nos demandes.

 
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