PASEh bien, ce n’est pas de la chance. Si Stefan Mandel a gagné 14 fois au loto, c’est le résultat de plusieurs années de recherches et de calculs, et surtout le fruit d’un gigantesque réseau impliquant des centaines de complices.
Tous les soirs à partir de 18h
Recevez les informations analysées et décryptées par la rédaction du Point.
MERCI !
Votre inscription a été prise en compte avec l’adresse email :
Pour découvrir toutes nos autres newsletters, rendez-vous ici : MonCompte
En vous inscrivant, vous acceptez les conditions générales d’utilisation et notre politique de confidentialité.
Tout a commencé vers 23 heures, le 15 février 1992. Une main innocente tirait les boules devant le siège de la Virginia State Lottery, en direct à la télévision américaine. Six numéros gagnants ressortent : 8, 11, 13, 15, 19 et 20. Mais un fait attire rapidement l’attention des autorités américaines : une personne remporte le jackpot de 27 millions de dollars, mais aussi les 6 seconds prix, le 132 troisième. prix et 135 000 petits prix. A ce niveau, ça ne peut pas être de la chance.
Un calcul très simple
Derrière cet improbable gain se cache en réalité un réseau impliquant des centaines d’investisseurs internationaux et des dizaines de systèmes informatiques, le tout orchestré par un seul homme : Stefan Mandel.
L’histoire de ce génie de la loterie commence dans la Roumanie communiste des années 1970. Face à la pauvreté, Mandel, « philosophe mathématique » autoproclamé, est convaincu que l’arithmétique peut rendre riche. Il voit la loterie comme une opportunité de changer de vie. Après des années de recherche et d’étude, il a développé un algorithme basé sur une méthode qu’il a appelée « condensation combinatoire ».
Mais alors quelle est cette formule magique qui permet presque toujours de gagner au loto ? La méthode est plutôt simple. Mandel affirme également que « n’importe quel étudiant en mathématiques du secondaire peut calculer ces probabilités ». Vous devez d’abord calculer le nombre total de combinaisons possibles. Pour une loterie dont la règle est par exemple de trouver six numéros corrects entre 1 et 40, le nombre total de combinaisons s’élève donc à 3 838 380.
Une fois la probabilité calculée, il s’agit de jouer uniquement lorsque le jackpot est bien supérieur au nombre de combinaisons possibles. Exemple : si le nombre avoisine les 3 millions, mieux vaut jouer uniquement lorsque le jackpot s’élève à au moins 6 millions d’euros, afin de récupérer un montant attractif par rapport à l’investissement.
Des centaines d’investisseurs
Pour assurer sa victoire, Stefan Mandel dispose alors d’une technique simple : il achète un billet de loterie pour chaque combinaison possible, souvent avec l’aide de plusieurs complices, avec qui il partage les gains. En achetant des millions de grilles, Stefan Mandel et ses complices gagnent presque toujours.
Pour son premier coup, le mathématicien s’est associé à quatre amis, achetant chacun 228 billets lors d’un tirage à la loterie roumaine. Bingo ! Lui et ses complices ont gagné 72 783 lei (environ 17 000 € en tenant compte de l’inflation). Dans les années qui suivirent, Mandel reproduisit le système à plusieurs reprises, avec des montants bien plus importants.
Pendant plusieurs années, il a convaincu des centaines d’investisseurs de mettre leur argent en commun et de créer un « syndicat de loterie ». Il a ensuite développé un système d’automatisation complet : une salle avec de nombreuses imprimantes et ordinateurs fonctionnant sur un algorithme qui pré-remplissait les tickets avec chaque combinaison.
Une technique aujourd’hui inapplicable
Dans les années 1980, le syndicat de Mandel fonctionnait à pleine capacité. Lui et son équipe ont remporté 12 loteries (et récolté 400 000 petits prix) à travers l’Australie, dont une somme de 1,1 million de dollars en 1986. Pas dupe, le gouvernement australien a finalement réagi et a modifié la loi régissant les jeux de hasard. Il est désormais interdit à une seule personne de jouer toutes les combinaisons possibles.
Au lieu de s’aligner sagement et de profiter de sa petite fortune, le mathématicien ne s’arrête pas là et jette son dévolu sur les Etats-Unis. Il réitère son arnaque dans six loteries américaines, dont celle du Massachusetts (jackpot de 37 millions de dollars pour 9 millions de combinaisons), de l’Arizona (11 millions de dollars pour 5,1 millions de combinaisons) et de Virginie.
Au total, Stefan Mandel a remporté le jackpot 14 fois. Mais le Roumain a passé le reste de sa vie à mener des batailles juridiques avec les États dans lesquels il avait commis ses escroqueries. Sa méthode a changé définitivement les règles de la loterie à travers le monde. En France, comme dans presque tous les pays, il est désormais impossible de jouer autant de paris en même temps. Inutile donc de l’essayer à la maison.
