De Tchernobyl à la quête paralympique, la vie de combattante d'Oksana Masters

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L'athlète américaine Oksana Masters à New York le 16 avril 2024. ANDRES KUDACKI / AP

Elle rit à haute voix en savourant son succès : « Je n'y crois pas, je n'y crois pas ! » Sur la ligne d'arrivée, Oksana Masters exulte en reprenant son souffle. Autour de son handbike, un tricycle propulsé par la force des bras, les gens se bousculent pour la féliciter. On y trouve des journalistes, des membres de la Team USA et « la personne la plus importante du monde »sa mère adoptive. Un jour après avoir remporté le contre-la-montre, l'Américaine a remporté la course en ligne des Jeux paralympiques, jeudi 5 septembre, une épreuve d'environ 57 kilomètres autour de Clichy-sous-Bois (Seine-Saint-Denis).

Sur une route rendue très glissante par les averses tombées le matin, la cycliste a tracé sa trajectoire et gardé son équilibre, à l'image de sa vie. Oksana Masters compte désormais 19 médailles paralympiques, dont 9 en or, dans quatre disciplines différentes. A 35 ans, l'Américaine, célébrée lors de la cérémonie d'ouverture, honore son statut de légende sportive. Son destin ressemble à un scénario hollywoodien.

Oksana Alexandrovna Bondartchouk est née à Khmelnytskyi, une ville ukrainienne située à environ 400 kilomètres de Tchernobyl. En 1989, trois ans après la catastrophe nucléaire, elle naît avec plusieurs malformations congénitales, probablement liées aux radiations. Ses jambes, dépourvues de tibia, ne sont pas de la même longueur, et ses pieds ont six orteils. Quant à ses mains palmées, elles n'ont pas de pouces.

Abandonnée devant un orphelinat, la future cycliste a été ballottée entre différents établissements. Dans le dernier, qu'elle a fréquenté de 1994 à 1996, elle a été violée à l'âge de 5 ans.

Le sport sera son salut

Aux États-Unis, un professeur rêve au même moment d’adopter un enfant. « J'étais une mère célibataire et à 30 ans, j'ai réalisé que je voulais un bébé, Gay Masters raconte dans le documentaire Corps et âmeréalisé par Thierry Demaizière et Alban Teurlai. J’ai eu la chance de rencontrer une personne qui m’a envoyé une photo en noir et blanc d’Oksana… Je l’ai regardée dans les yeux et je me suis dit : « C'est ma fille ! » Je n’avais pas peur de ses doigts collants. »

Oksana avait 8 ans lorsqu'elle est arrivée à Buffalo, dans l'État de New York. Un mois et demi plus tard, un médecin a expliqué à Gay Masters que les jambes de sa fille devaient être amputées car ses jambes devenaient de plus en plus douloureuses et de moins en moins capables de supporter son poids. À 9 ans, sa jambe gauche a été coupée au niveau de la cuisse. La droite a suivi quatre ans plus tard. L'athlète se souvient : « J’étais submergé par tant de rage et de colère. »

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