Joël Embiid a-t-il sciemment menti au président de la République, ou a-t-il simplement changé d’avis ? La question se pose légitimement à la lecture de la lettre que le basketteur, star de la NBA avec les Sixers de Philadelphie, a adressée à Emmanuel Macron dans le but d’obtenir – avec succès – la nationalité française. Une lettre datant du 28 octobre 2021 et dont RMC Sport a révélé en exclusivité ce jeudi 18 avril, au lendemain de l’annonce officielle de la sélection américaine pour les Jeux de Paris dont fait partie Embiid.
Une lettre, surtout, qui pose un nouveau regard sur ce feuilleton qui tient en haleine les fans de basket depuis des mois de la France aux Etats-Unis en passant par le Cameroun. Trois pays dont il détient désormais les passeports.
A l’époque, Embiid, né à Yaoundé en 1994, n’avait que la nationalité camerounaise, mais les Lions Indomptables avaient très peu de chances de se qualifier pour les Jeux de Paris. Une compétition à laquelle rêve de concourir l’un des meilleurs pivots du monde. Lors d’un entretien au journal l’Équipe en 2018, il déclarait que les Jeux Olympiques étaient « la seule compétition » à laquelle il souhaitait concourir en dehors de la NBA. .
C’est dans cette démarche qu’il a contacté la Fédération française de basket en 2020. « Cela n’a jamais été une initiative de la fédération française, ni de moi », expliquait Boris Diaw, manager de l’équipe de France en octobre dernier. Bien évidemment, je l’ai rencontré, même plusieurs fois, et il m’a clairement dit qu’il souhaitait jouer en équipe de France. »
L’autorité lui conseille alors d’effectuer des démarches administratives auprès de plusieurs ministères et l’assure de son soutien. Il obtiendra la nationalité en juillet 2022 grâce à l’article 21-21 du Code civil qui précise que « la nationalité française peut être accordée à un étranger francophone (c’est son cas) qui contribue par son action distinguée au rayonnement de la France et à la prospérité de ses relations économiques internationales. Et sans doute à sa lettre au président Emmanuel Macron.
Dans cette lettre, Embiid clame son amour de la France, pays où il « a passé une grande partie de sa vie ». [sa] jeunesse “. « Une partie de ma famille est en effet française et, au-delà du partage de la langue, je suis souvent restée en France. Dès que j’en ai l’occasion, je rends visite à mes tantes Suzanne et Lucie, résidant à Courtry et Courcouronnes, ainsi qu’à mon cousin germain Pierre, qui habite à Évry. »
L’intéressé n’hésite pas à donner de nombreuses précisions personnelles et « garde de bons souvenirs de mes vacances d’été passées en France, comme de l’été 2009, durant lesquelles j’ai pu passer tout le mois de juillet à profiter de la capitale. Par ailleurs, je me rends encore régulièrement à Paris, où je souhaite acquérir une résidence secondaire permanente. »
« D’ailleurs, après discussions avec la Fédération Française de Basket, mon choix est désormais fait. J’aimerais entreprendre les démarches pour obtenir la naturalisation française et ainsi être éligible à la sélection avec les Bleus. Je ne souhaite donc jouer pour aucune autre équipe nationale. J’ai adressé un dossier en ce sens aux ministères de l’Intérieur et des Affaires étrangères. »
Le colosse (2,13 m de muscle sous la jauge), qui n’a « jamais porté les couleurs d’aucune équipe nationale », assure que ce serait « un immense honneur de rejoindre cette équipe de France pour participer aux prochaines grandes compétitions internationales, d’abord et avant tout les Jeux Olympiques et Paralympiques de 2024. »
« Aussi, je sollicite votre soutien pour soutenir ces initiatives, soutien sans lequel elles ne pourront pas aboutir. Je me tiens naturellement à votre disposition et à celle de vos services pour soutenir cette ambition commune que nous partageons avec l’équipe de France de basket et ses dirigeants. »
Une « ambition commune » s’est désormais évanouie puisque le MVP de la saison régulière NBA 2023 a depuis obtenu la nationalité américaine et opté pour la sélection au Star-Spangled Banner cet automne. « Je n’étais pas présent aux entretiens avec le ministère pour son passeport, mais je pense qu’il s’était engagé à porter le maillot… Son passeport est lié au maillot, c’est un truisme de dire ça, a regretté Jean-Pierre Siutat, président de la FFBB, en octobre. C’est décevant car nous avons consacré du temps et de l’énergie à cette question. Mais désormais, le sujet est derrière. Passons à autre chose. »
Contactée ce jeudi, la Fédération n’a pas souhaité « s’exprimer sur cette lettre ». Les éventuelles retrouvailles cet été lors des Jeux de Paris s’annoncent passionnantes.
