Le LHC joue plus en suisse-allemand que n’importe quel club germanophone

La joie des Lausannois après le but de Jason Fuchs en prolongation lors de l’acte II des demi-finales.Image : CLÉ DE CLÉ

La finale des barrages de la Ligue nationale débute mardi. Un grand favori se dessine, mais tout n’est pas aussi clair qu’il y paraît.

14/04/2024, 19h0115/04/2024, 00:01

Klaus Zaugg

Les ZSC Lions ont fait mieux que Lausanne dans toutes les statistiques importantes lors de ces barrages et ont remporté la saison régulière avec 18 points d’avance sur le LHC, troisième. Reste-t-il des questions ?

Apparemment oui. En tout cas, cette finale suscite l’intérêt, même sur la côte ouest des Etats-Unis. Le Dr Saul Miller y habite. Il est l’un des meilleurs spécialistes en coaching mental et entretient un lien fort avec notre hockey depuis de nombreuses années. Il ne s’agit pas seulement de ses relations personnelles avec diverses personnalités du hockey suisse. C’est aussi parce que ce chercheur peut étudier la psychologie du sport et d’autres comportements, comme dans un laboratoire.

Ne pouvant être présent, Miller appelle pour s’enquérir de la nouvelle. Il est fasciné par l’évolution du Lausanne HC. Comment le finaliste est-il sorti du chaos ? Pendant plusieurs années, jusqu’à ses adieux le 4 novembre 2022, Petr Svoboda a géré Lausanne comme un prince de la Renaissance et a tout décidé, y compris les changements lors d’une réunion. Le calme est revenu après son départ.

Une équipe se forme et emmène le club – fondé en 1922 – en finale des barrages pour la toute première fois de son histoire. Et oui, Lausanne n’a jamais été champion.

Saul Miller lors de sa collaboration avec Zoug.Image : CLÉ DE CLÉ

John Fust, un figure d’intégration

Notre docteur en psychologie considère John Fust, 52 ans, comme un acteur clé. Après une carrière respectable de joueur puis d’entraîneur, et une formation au sein des services de renseignement des Forces armées canadiennes, le Canado-Suisse est arrivé à Lausanne le 8 février 2018 pour remplacer l’entraîneur-chef Yves Sarault, qui a été congédié. Depuis, il a servi le club et occupé divers postes. Il est actuellement directeur sportif du LHC.

Fust est devenu une figure d’intégration dans une époque de turbulences. Il s’est affirmé sous la direction du flamboyant Petr Svoboda, a sauvé son employeur de diverses erreurs sportives et a pris les bonnes décisions depuis le départ de la star mondiale du hockey tchèque.

Mais plus important encore : le 6 novembre 2022, il convainc Geoff Ward, 62 ans, de se joindre à l’aventure. Une signature rendue possible uniquement parce que le CP Berne a annulé son arrivée, préférant embaucher Toni Söderholm pour remplacer Johan Lundskog. Le Canadien évolue dans le monde impitoyable des entraîneurs depuis 1989. Il a œuvré pendant plus de dix ans dans la LNH et vient d’être élu entraîneur de l’année. Ward a beaucoup voyagé. C’est un homme expérimenté et discret, dont le charisme vient de sa modestie. Il rappelle un peu l’inspecteur Columbo et est considéré comme un excellent tacticien. Un « entraîneur de banc » qui élabore les bonnes stratégies avant le match et fait les bons ajustements pendant le match.

Il a littéralement battu Josh Holden en quart de finale et surtout Christian Dubé en demi-finale.

Geoff Ward, entraîneur du LHC.image : Clé de voûte

Qu’est-ce qui rend Lausanne si intéressante pour notre psychologue du sport, qui suit les événements depuis les Etats-Unis ? La trajectoire de ce groupe, né du chaos, et désormais en mission. Ces jeunes garçons, motivés et commandés par un leader intelligent, appréciés par ses subordonnés comme un entraîneur peut rarement l’être. En fait, toutes les conditions sont réunies pour créer un exploit retentissant. Un vrai miracle.

Lausanne a mis un chemin beaucoup plus long pour atteindre la finale. Sept matches contre Davos, cinq contre Gottéron, alors que les Lions du ZSC ne sont pas vaincus et n’ont eu besoin que de huit matches pour se qualifier. Il existe donc une réelle différence dans l’approche des confrontations futures. Zurich n’a jamais été vraiment en difficulté face à Bienne et Zoug, qui avaient déjà abandonné mentalement. En réalité, Zurich ne débutera les barrages que mardi lors du premier match de la finale.

Lausanne peut mettre votre adversaire en danger

Lausanne sera plus coriace, plus « méchant » au niveau hockey et plus motivé que les Biennois et les Zougois. Le LHC joue plus « suisse-allemand » que n’importe quelle équipe germanophone. Il saura perturber la ZSC Lions. Lausanne est même la seule équipe du championnat qui a une chance en finale face au grand favori. Un titre lausannois ne surprendrait guère le Dr Saul Miller, compte tenu de la trajectoire du club.

Adaptation en français : Romuald Cachod.

 
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