La Presse à New York

Quel espoir reste-t-il au Québec de revoir les Nordiques ? La presse a fait un voyage en bus jusqu’à New York avec 200 fans de hockey de la capitale. Après 20 heures d’aller-retour en bus, le verdict est sans appel : l’espoir a quasiment disparu et le maillot des Nordiques est rare.


Publié à 1h38

Mis à jour à 5h00

(Québec et New York) Il est 4 h 45 jeudi à Québec et le stationnement du Boston Pizza Lebourgneuf fourmille de monde.

Dans l’obscurité, des silhouettes se détachent. On voit d’abord les entraîneurs, puis des dizaines d’amateurs de hockey avec leurs petites valises. Direction New York pour voir les Islanders de Patrick Roy affronter les Canadiens de Montréal.

La scène rappelle les plus beaux jours de la Nation Nordiques, lorsqu’au tournant des années 2010, des centaines de partisans du Québec se déplaçaient en autobus aux quatre coins de la Ligue nationale de hockey (LNH) avec un objectif commun : le retour des Nordiques.

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    PHOTO FRANÇOIS ROY, LA PRESSE

    L’instigateur du voyage, l’animateur Jérôme Landry, flanqué de Nella Basque et Florent Gobeil, sont immortalisés devant l’autocar à un arrêt routier en route vers New York.

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    Les partisans québécois arrivent au Centre UBS.

  • >Les partisans québécois arrivent au Centre UBS.>

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    Les partisans québécois arrivent au Centre UBS.

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    Les partisans québécois arrivent au Centre UBS.

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« Ça rappelle des souvenirs. À cette époque de l’année, il y a 14 ans, 31 bus d’entre nous sont allés voir les Devils du New Jersey. Il y avait 1 500 personnes. Nous avons acheté une enseigne à Times Square», se souvient Jérôme Landry qui, avec d’autres animateurs de la station FM93, a lancé l’idée de ce voyage de deux jours.

Cette fois, « seulement » quatre entraîneurs ont quitté Québec. Mais Landry assure qu’il aurait pu en remplir dix, sauf qu’il manquait de chauffeurs et de véhicules.

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Patrick Roy avant le match contre le Canadien à New York

L’objectif a également changé : il s’agit cette fois d’encourager l’ancien entraîneur des Remparts. À cet égard, le voyage a été réussi. Roy a gagné son match, les partisans québécois semblaient satisfaits.

Mais Landry admet qu’il est difficile de ne pas faire de parallèles avec les nombreux parcours de la Nation Nordiques.

« Voir 200 personnes qui se lèvent comme ça à 4 heures du matin et vont voir l’entraîneur Patrick Roy, veulent, ne veulent pas, même si ce n’est pas l’objectif, ça prouve que le Québec est l’un des meilleurs marchés du hockey au monde. »

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L’ambiance a complètement changé depuis les voyages de 2010. Le rêve semblait à portée de main. Désormais, personne ne se fait d’illusions.

Tout a changé

Mais c’est là que s’arrêtent les parallèles. L’ambiance a complètement changé depuis les voyages de 2010. À l’époque, la LNH comptait 30 équipes, les partisans québécois espéraient une venue des Coyotes de l’Arizona et la construction du Centre Vidéotron commençait tout juste.

Le rêve semblait à portée de main. Désormais, personne ne se fait d’illusions.

« Il y a dix ans, j’y croyais. Quand il y a eu l’affaire de la pelle bleue. Il me semble que nous étions nombreux, c’était encourageant. Nous attendions le nouvel amphithéâtre», se souvient Lili Arbour, 63 ans, qui a fait le déplacement avec sa mère de 90 ans.

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Lors de ce déplacement, peu de partisans portaient le maillot des Nordiques.

« Voilà, nous l’avons, l’amphithéâtre. Mais je pense que cela a été construit trop vite. »

Le Centre Vidéotron fêtera son 10e anniversaire l’année prochaine. Il vieillit. Un audit récent réalisé par une société d’ingénierie a conclu que le système de contrôle d’accès aux portes et aux ascenseurs était « à la fin de sa durée de vie utile ». L’agglomération de Québec vient de débloquer 350 000 $ pour le mettre à jour.

À l’époque de la Nation Nordiques, les partisans québécois mettaient un point d’honneur à porter leur plus beau maillot des Nordiques. Près de 15 ans plus tard, au cours de ce voyage, ils se font rares.

Les quelque 200 partisans québécois portent des maillots des Remparts, des Islanders, des Canadiens… et quelques très rares maillots bleu poudré. Le but est de soutenir Patrick Roy, bien sûr. Mais l’image est saisissante.

  • >Les quelque 200 partisans québécois possèdent des maillots des Remparts, des Islanders, des Canadiens… et quelques très rares maillots des Nordiques.>

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    Les quelque 200 partisans québécois possèdent des maillots des Remparts, des Islanders, des Canadiens… et quelques très rares maillots des Nordiques.

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    Les quelque 200 partisans québécois possèdent des maillots des Remparts, des Islanders, des Canadiens… et quelques très rares maillots des Nordiques.

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    Les quelque 200 partisans québécois possèdent des maillots des Remparts, des Islanders, des Canadiens… et quelques très rares maillots des Nordiques.

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    Les quelque 200 partisans québécois possèdent des maillots des Remparts, des Islanders, des Canadiens… et quelques très rares maillots des Nordiques.

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«Je pense que les gens ont abandonné. Ce n’est plus la Nation Nordiques. C’est ennuyeux, parce qu’on s’amusait, il y avait parfois 15, 16 autobus», se souvient Michel Tremblay.

Avec son frère Alain, il avait participé aux expéditions des années 2010 à New York, au New Jersey, à Détroit… Jeudi soir, il portait toujours son maillot des Nordiques, confortablement assis dans l’UBS Arena. Mais même lui admet qu’il a un peu abandonné…

« Au bureau, je plaisantais en disant que j’allais prendre ma retraite au retour des Nordiques, raconte l’homme de 66 ans. Il m’en reste encore un peu, paraît-il ! »

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Dans le bus en direction de New York, Jérôme Landry joue son rôle de guide.

Encore une claque

Dans le bus en direction de New York, Jérôme Landry joue son rôle de guide. « Je ne suis pas sûr d’avoir téléchargé mon billet sur mon téléphone », lui a confié un participant. L’animateur l’aide à résoudre son problème.

À un autre moment, avec New York en vue, il tente de remonter le moral du public aux visages tirés par le départ matinal. « Nous allons emprunter l’une des 122 liaisons pour entrer à New York. Mais c’est vrai que ce n’est pas le Québec, et c’est encore moins Lévis», dit-il, allusion au troisième lien qu’il défend depuis des années dans ses tribunes.

  • >Ambiance à l'UBS Center pendant le match>

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    Ambiance à l’UBS Center pendant le match

  • >Supporters canadiens dans les tribunes du Centre UBS>

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    Supporters canadiens dans les tribunes du Centre UBS

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L’ambiance est au rire. Après tout, nous allons assister à un match de hockey et vendredi matin, ce sera une visite à New York. Mais Landry ne peut s’empêcher de sourire devant les coups du sort.

Mercredi, veille du départ, la nouvelle est tombée comme une bombe dans la LNH : la Ligue serait en négociations pour déplacer les Coyotes de l’Arizona à Salt Lake City. Le prix de la franchise ? Un montant stupéfiant de 1,8 milliard de dollars canadiens.

Les Coyotes… Les fans québécois ont longtemps salivé à l’idée de voir cette franchise maudite déménager au alors tout nouveau Centre Vidéotron. Encore une trace qui s’efface.

“Cela ne me surprend pas, je ne suis pas déçu”, a-t-il déclaré. Ce qui me décevrait le plus, c’est si Atlanta entrait dans la Ligue nationale avant nous tous, si Atlanta avait une troisième chance avant que nous n’en ayons une seconde. »

« Cela pourrait très bien arriver. Honnêtement, si cela arrive, je me demande si je suivrai toujours la Ligue nationale. Je me demande si je vais encore encourager cette ligue», déclare celui qui était hier l’un des plus farouches militants pour un retour des pays nordiques.

  • >Florent Gobeil, 80 ans, portait sa plus belle veste nordique.>

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    Florent Gobeil, 80 ans, portait sa plus belle veste nordique.

  • >Jérôme Landry avec Nella Basque et Florent Gobeil>

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    Jérôme Landry avec Nella Basque et Florent Gobeil

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Pour les personnes âgées, ce nouveau revers pour le Québec prend une dimension presque dramatique. « Nous l’espérions. Mais on espère de moins en moins. Cela nous attriste, car à notre âge, on ne les verra peut-être jamais», raconte Florent Gobeil, 80 ans, qui avait enfilé sa plus belle veste nordique pour le voyage.

«Quand ils sont partis, j’avais l’impression que le Québec avait reculé de 10 ans», ajoute son épouse, Nella Basque.

Mathieu Boutin, quant à lui, a vécu ce voyage à New York comme une sorte de rite de passage. Il a amené avec lui son fils Alex, 12 ans.

Mathieu a vécu les trois dernières saisons avec les Nordiques. Son père l’emmenait aux jeux. Mais son fils est né bien après le départ de l’équipe, en 1995. L’emmener voir Patrick Roy, les Islanders et le Canadien est une façon de lui donner un avant-goût de l’intensité d’une Ligue qui a depuis longtemps quitté la capitale.

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Patrick Roy a remporté son match, au grand plaisir des partisans québécois.

Mathieu Boutin voit bien que la mémoire des Nordiques s’effrite au fil des années.

Les plus de 40 ans ont toujours un attachement aux pays nordiques. Mais chez les jeunes du Québec, c’est le Canadien. Le souvenir s’estompe un peu avec le temps.

Matthieu Boutin

Mathieu Boutin affiche un sourire déçu, remet sa casquette des Nordiques et remonte dans l’autobus.

 
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