“ je n’ai pas dormi depuis deux jours », déplore Julien Bourin. Entre deux tours de Manitou pour dégager les fourrages brûlants de son hangar, il n’a pu constater l’étendue des dégâts que ce mardi 9 avril 2024 au petit matin.
La récolte de céréales de l’année dernière est ruinée
Et cela va malheureusement au-delà de 2000 m2 depuis le hangar de sa ferme, située à l’entrée de La Neuville-en-Tourne-à-Fuy. “ Au-delà des 150 tonnes de fourrage, il y avait la remorque, l’ensileuse, la houe, l’engrais… » énumère-t-il, peinant à masquer sa fatigue.
Lors de l’intervention des pompiers, une partie du hangar voisin, qui contenait la récolte de céréales de l’année dernière, a également été arrosée, et donc perdue. ” J’ai trouvé les prix trop bas l’année dernière, alors je l’ai gardé pour le vendre au bon moment. »
Deux jeunes de la commune vus en vidéo
Ce mardi matin, une équipe de pompiers était toujours à l’œuvre sur le site mais, depuis la veille au soir, ils n’étaient pas moins de 63 à se relayer sur placevenus de tout le secteur, de Juniville à Poix-Terron en passant par les casernes d’Asfeld et de Rethel.
Pour l’agriculteur, les causes de l’incendie auraient tendance à rendre la digestion encore plus difficile. Car ce sont deux jeunes de la commune, venus jouer avec des pétards dimanche dernier, qui ont mis le feu au foin qui était entassé dehors. “Ils n’ont pas directement allumé le feu, mais ils jouaient bel et bien avec des pétards à proximité.», confirme le capitaine Philippe Teethen, au sein de la gendarmerie de Rethel. C’est la caméra juchée sur le hangar qui a permis de certifier ces faits.
“ Je suis allé à la gendarmerie, on m’a conseillé de ne pas porter plainte. Donc je ne l’ai pas fait », confie Julien Bourin. Sans doute était-il trop occupé à entretenir ces tas de fourrage fumant dans sa ferme. Pour éviter tout malentendu, le commandant en second de la compagnie de Rethel précise clairement : « Nous ne lui avons rien conseillé. C’est une décision qui appartient à tout le monde. Pour le moment, on attend toujours qu’il vienne porter plainte « .
De longues démarches administratives attendent l’agriculteur
Avant même que les flammes n’atteignent le hangar agricole, les dégâts étaient déjà importants pour l’agriculteur. Les pompiers sont d’abord venus sur place pour sécuriser ce feu extérieur, mais après leur départ, cela les a obligés à continuer de surveiller les opérations afin d’éviter tout risque de propagation des flammes. “ Il ne restait plus qu’un peu de fumée blanche, tout droit… Tout allait bien, dit la victime. Hier, vers 22 heures, je me suis assoupi. Je n’en pouvais plus et je me suis endormi « .
Pour couronner le tout, c’est à peu près à cette époque que le vent a permis au feu d’atteindre son hangar, provoquant les dégâts qu’il n’a pu constater que ce matin. Il suffit d’une brindille et les pompiers doivent à nouveau intervenir à 22h35, sans parvenir à sauver le bâtiment et son contenu. “ Maintenant, je dois aller porter plainte, on me le conseille, mais je n’ai pas le temps… », conclut l’agriculteur, épuisé. Un long tunnel de démarches administratives commence pour lui, qui se poursuivra avec l’arrivée prochaine d’un expert en assurance dans l’espoir d’être le mieux indemnisé possible.