Marquée depuis ses débuts par des hauts et des bas, des éclipses et des bouderies, des faux départs et de vrais retours, la longue relation entre Pierre-Emerick Aubameyang et l’équipe nationale du Gabon continue de souffler le chaud et le froid dans le cœur des supporters des Panthères. Et de ce point de vue, le début de mandat de l’entraîneur Thierry Mouyouma ne fait pas exception.
Après avoir succédé au Français Patrice Neveu, en octobre 2023, le nouveau sélectionneur Thierry Mouyouma inscrit Pierre-Emerick Aubameyang sur sa première liste, en vue d’un match amical contre la Guinée, à Faro (Portugal). De retour en équipe nationale au printemps précédent suite à l’intervention du chef de l’Etat d’alors, Ali Bongo, le « PEA » sortait alors d’un premier abandon, annoncé après une CAN 2021 gâchée entre autres par le Covid. Mais l’ancien lauréat du prix Marc-Vivien Foé du meilleur joueur africain de Ligue 1 ne sera pas présent au rassemblement. Prétextant une blessure, Aubameyang reste à Marseille au lieu de venir se faire constater, comme c’est l’usage. Désireux d’imposer d’emblée son autorité, le nouvel entraîneur et son staff prennent très mal cette liberté prise par un joueur censé donner l’exemple.
La discipline, le crédo de Thierry Mouyouma
En novembre 2023, Thierry Mouyouma se passe de Pierre-Emerick Aubameyang. Et c’est sans l’attaquant de 34 ans que les Panthères ont réalisé un plein succès lors des deux premières journées des éliminatoires du Mondial 2026, contre le Kenya (2-1) et le Burundi (2-1 encore). Avant ces deux rencontres, le nouveau patron des Panthères a réprimé deux cadres, le milieu Didier Ndong et l’attaquant Aaron Boupendza, licenciés pour ne pas s’être présentés à l’heure à la réunion. Insistant sur les valeurs de discipline, Thierry Mouyouma n’échappe pas aux questions sur l’absence d’Aubameyang.
S’il dit ne pas en faire une question personnelle (“Tous mes choix sont sportifs. Je ne suis pas vendeur sur un marché mais sélectionneur”, assure-t-il), le nouveau sélectionneur trouve là une nouvelle opportunité de marteler son crédo. Non sans devenir ethnologue. « Le Gabon est un pays bantou. Et dans un pays bantou, il existe une coutume : lorsqu’on vous appelle, vous devez vous présenter. Or, Pierre-Emerick Aubameyang n’a pas daigné le faire lors de l’entraînement à Lisbonne », avait déclaré Thierry Mouyouma en novembre, à l’occasion du coup d’envoi des éliminatoires du Mondial 2026. L’occupant du banc passe une nouvelle fois sur sa star offensive, qui a depuis retrouvé sa meilleure forme sous les couleurs olympiennes.
Un coup de gueule et des retrouvailles
A l’approche de l’annonce de la liste pour les matches amicaux de mars, contre le Sénégal et le Congo, les réseaux sociaux fourmillent de rumeurs relatives au retour de Pierre-Emerick Aubameyang. Il n’en est rien : le 8 mars, ladite liste est tombée et le nouveau recordman de buts marqués en Ligue Europa n’y figure toujours pas. Si l’entraîneur affirme n’avoir eu aucun retour du joueur lorsqu’il a tenté de le contacter, l’entourage de l’intéressé livre une toute autre version des choses, le 21 mars dans les colonnes de La Provence. « La réalité, c’est qu’ils ne se sont jamais parlé, que, depuis le début, l’entraîneur n’est jamais entré en contact avec lui », assure un proche du joueur, cité par le quotidien régional. Le problème n’est évidemment pas sportif. Le traitement que M. Mouyouma a réservé à Pierre-Emerick est indigne. C’est compliqué de les voir collaborer dans le futur. »
Après la rencontre du 27 mars entre les deux hommes, cette prédiction pessimiste n’a jamais semblé aussi proche d’être contredite. Malmené par le Sénégal (3-0) et accroché par le Congo (1-1) ce mois-ci, le Gabon disputera en juin deux matches de qualification pour la Coupe du monde 2026. Bien débutés dans leur groupe avec deux victoires, les Panthères se déplaceront chez leurs co-leaders ivoiriens avant de recevoir la Gambie. Une double rencontre qui pourrait bien marquer le retour de Pierre-Emerick Aubameyang en équipe nationale.
