Par
Thomas Corbet
Publié le
26 novembre 2024 à 18h03
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Toujours détenu par Joël Koffi (329), le record d’apparitions en Pro D2 est de plus en plus menacé. Notamment par Francisco Fernandes, le pilier de Béziers, et ses 316 matches avant les 12e journée qui aura lieu les 28 et 29 novembre. Sa meilleure anecdote, le joueur le plus agressif, l’ambiance la plus chaleureuse ou encore sa plus belle amitié, « Chico » s’est livré à A l’heure du Rugby pour notre rubrique Souvenirs de Pro D2.
Le record du match en Pro D2
« C’est un des défis que je me suis fixé. Parce qu’au bout d’un moment, le rugby c’est toujours un peu pareil, s’il n’y a pas quelques challenges pour me pousser, ce n’est pas par la musculation que je vais le faire, ce n’est pas la course ou la vitesse, c’est pas mon truc (rires). Alors chaque année, je regarde ce qu’il y a à faire. Je pense que ça va encore être compliqué cette année, j’ai raté tout un bloc. Il me manque 13 matchs, un peu comme ça… C’est faisable, mais il faut que je revienne vite (il est blessé depuis la mi-octobre, mais il est désormais en forme, NDLR). Et cela me permettrait de terminer en beauté puisque ce sera ma dernière saison. A 39 ans, j’en ai ras le bol ! »
Votre meilleur souvenir ?
« Mes meilleurs souvenirs sont principalement ceux du maintien de mes compétences, notamment lors des deux ou trois premières années à Béziers. Cela s’est joué à beaucoup de choses lors de la dernière journée, souvent contre Aurillac. Il y avait tellement de cohésion dans le groupe, avec les épouses, les familles, on faisait de grandes fêtes sous une tente (à côté du stade Méditerranéen à l’époque, ndlr). »
Votre pire souvenir ?
« Ça va être la mort d’un ami quand j’étais à Tyrosse (où il a fait ses débuts en Pro D2 avant de descendre en Fédérale 1, ndlr). Il jouait en réserve, j’étais à la première place. On jouait les éliminatoires, il est mort sur le terrain, assis par terre… C’était un de mes meilleurs amis. Après, la semaine a été un peu compliquée. Les réserves avaient arrêté de jouer alors qu’elles étaient qualifiées, on a continué parce qu’on jouait pour monter en Pro D2… »
Le joueur le plus fort que vous ayez rencontré ou avec lequel vous avez travaillé ?
« Parmi les grands joueurs avec qui j’ai joué, il y avait Rémy Martin qui arrivait de Montpellier, qui connaissait l’équipe de France. Il y avait aussi Jordan Puletua, beaucoup de talent mais un peu paresseux ! Cela dit, arrivé à Carcassonne, il a arrêté de sortir, il a maigri et il a commencé à faire la fête. »
Le match joué dans les pires conditions météo ?
« Pour moi, c’était un match à Biarritz, avec ce terrain qu’ils ont, horrible, on ne pouvait pas courir. En effet, lorsque nous courions, nous ne voyions pas nos crampons tellement il pleuvait. Au début du match, on se dit, c’est bon, et plus tu joues, plus c’est pire. Quand nous faisions les mêlées, nous avions de l’herbe qui était au-dessus de nos chevilles. D’un coup, on coulait, c’était horrible. Et quand tu es gros, tu es dans une mêlée, tu es hors de la mêlée, tu ne peux même plus courir, c’est dur… Après on s’en fout, on a gagné ! »
Votre meilleure anecdote avant ou après un match ?
« Les moments que je garde en tête, ce sont principalement les retours de bus. Dont un, au retour de Biarritz, j’étais tellement épuisé que je me suis endormi dans les toilettes. Je ne l’ai pas vu venir, je suis allé aux toilettes pour uriner et je me suis endormi tellement j’étais bourré. On dira que ça faisait partie du rugby, mais on n’a plus le droit de le faire. On est déjà dans le collimateur de tout le monde, on va se calmer un peu. »
À ce sujet : le pire trajet en bus ?
« Les pires trajets en bus, c’est vers et depuis Vannes ! Sur deux jours vous faites 12 heures à l’aller, 12 heures au retour. Vous quittez Vannes, il est 23h30 ou minuit, et lorsque vous descendez du bus il fait jour. Sauf qu’il n’y a pas de bus couchettes à cause de l’absence de ceintures. Franchement, c’est horrible, d’autant qu’on gagne rarement à Vannes. Je n’ai jamais gagné là-bas même si on prenait souvent des points bonus. »
Le meilleur public ou la meilleure ambiance ?
« Bayonne ! » Bon c’est vrai que c’est presque chez moi, mais là-bas, c’est énorme. Il y a un public magique. Vannes c’est pas mal aussi, mais c’est un peu plus respectueux, il n’y a pas trop de bruit non plus, ce n’est pas pareil. Bayonne, c’est vraiment du 100% rugby. Il y a de vrais spectateurs qui crient après les joueurs, qui insultent l’arbitre. C’est une vraie foule qui soutient leur équipe. »
Le joueur le plus juste ou le moins juste ?
« Ce n’est pas une question de fair-play ou pas, mais le gars le plus agressif est un de mes amis. C’est l’un de mes meilleurs amis, Marco Pinto Ferrer. Sur le terrain, il a été terrible. Il parlait parfois, mais c’était surtout des gestes, des petites choses. En revanche, dès qu’ils l’ont vu, ils ont été dégoûtés. Après, c’est aussi pour ça qu’il était respecté. C’était un peu comme le rugby. D’ailleurs, même moi, à l’époque, avant de jouer devant les caméras, j’étais un des plus grands cons ! (rires) »
Le joueur qui symbolise le plus la Pro D2 ?
« Celui qui est véritablement le symbole de la Pro D2 doit être Joël Kofi. Jusqu’à ce que je l’ai dépassé, ce sera lui. »
L’action ou la tentative que vous n’oublierez jamais ?
« C’est un peu hors sujet mais c’est une action contre les Fidji lors de la dernière Coupe du monde. On était dans nos 22, ils ont gardé le temps de jeu, on s’est multiplié pour ne pas les laisser marquer, on a enchaîné tacle sur tacle. Je pense qu’en 1 minute j’ai dû réaliser 4 plaquages. Et il y a ce dernier tacle que j’ai fait avec Martins où on retournait un joueur, la vidéo avait filmé partout… Une action de 2 minutes ou 2 minutes 30 qui restera dans ma tête. Et puis en Pro D2, c’est plutôt une percée. Je ne me souviens plus quand c’était, je crois que c’était à Agen, j’ai eu Jérémy Chaput qui a marqué après une percée et une chistera qui lui était tombée entre les mains. Pour un pilier, ce n’est pas souvent ! »
Un coéquipier disparu depuis longtemps que vous aimeriez revoir ?
» Steve Fualau, un ancien talonneur australien de Béziers. Je suis toujours en contact avec lui, mais depuis qu’il est revenu en Australie, c’est plus difficile de se voir. Nous sommes vraiment amis, même sa femme et la mienne. C’est dommage qu’ils soient partis. Ils étaient comme nous, de bonne humeur. Dès qu’on demandait l’apéro, ils étaient là, on n’habitait pas loin, à 400 ou 500 mètres, c’était pratique. »
Le joueur avec qui vous avez noué la meilleure amitié ?
«J’en ai encore un ou deux. J’ai surtout Rémi Villeneuve, mon collègue de Tyrosse. On a commencé Soustons ensemble et normalement, les Soustons vont à Dax. Mais nous étions les deux vilains petits canards noirs partis pour Tyrosse. Il y a lui, Marco Pinto Ferrer que je connais depuis 14 ans. Et évidemment Pierre Caillet. Nous avons joué ensemble, maintenant il m’entraîne. Mais je reste toujours à ma place, je sais quel est son statut, je sais quel est le mien. Je ne profite pas de ces situations, je ne vais plus forcément à son bureau. C’est plus facile de se dire des choses et d’entrer en contact avec lui parce que nous sommes amis. Quand on est joueur, on a toujours un peu peur. Si je le croise, tu te dis « peut-être qu’il va me mettre au frigo pendant un mois », mais ce n’est pas grave. »
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