FAbien Galthié a regretté cette semaine que ses propos puissent faire l’objet d'”amalgames”. Nous le voulons. Mais lorsqu’il a demandé qui avait été élu homme du match après la victoire contre les All Blacks (30-29), on n’a pas pu s’empêcher de penser que sa question était purement rhétorique. Comme pour mieux rappeler, au terme d’une semaine marquée par le débat suscité par la mise à l’écart de Matthieu Jalibert, que son pari d’installer lors de cette tournée l’habituel latéral Thomas Ramos (29 ans, 38 sélections) en 10 – puisque c’est à lui que revient cette distinction honorifique – s’était révélé vainqueur avant même le dernier match contre l’Argentine.
“Je vous laisse commenter, puisque vous commentez les compositions et les choix”, a-t-il ajouté malicieusement. « Vous avez donc du recul pour juger le match de Thomas. »
On ne prendra pas trop de risques en disant qu’il a été très bon. Ou même du bluff ? « Honnêtement non », sourit l’ancien demi d’ouverture Christophe Lamaison, qui a lui aussi eu l’occasion de briller lors de sa carrière face aux Blacks. « Il est capable de faire des choses extraordinaires, c’est presque du génie. Sa polyvalence est importante, cruciale. Que ce soit à l’arrière, en 10, ou même à un autre poste (sourire). Avoir un joueur comme ça, c’est juste amusant. »
Cette capacité à briller dès l’ouverture, Thomas Ramos a déjà eu l’occasion de l’afficher devant les caméras à de nombreuses reprises. Que ce soit avec Toulouse, où il a participé à la conquête de plusieurs titres en étant remplacé dès l’ouverture, ou avec le XV de France lors des derniers Six Nations au cours desquels il a enfilé avec succès le numéro 10 lors des deux derniers matches contre les Gallois et les Anglais. .
« C’est évidemment plus facile de jouer avec un joueur comme Antoine (Dupont), qui fait peur aux défenseurs adverses. Ils sont sur lui tout le temps, donc ça laisse un peu plus de liberté aux joueurs autour de lui”, a minimisé Thomas Ramos après la rencontre.
Bon malgré lui
Marquer sa marque dans un match contre une nation du calibre de la Nouvelle-Zélande le propulse cependant inévitablement dans une nouvelle dimension. Qui plus est quand on se souvient qu’il n’a montré qu’un empressement très mesuré à l’idée de diriger le jeu des Bleus… « Pour choisir, je préfère jouer au poste d’arrière », déclarait-il la semaine dernière dans « L’Equipe ». Une déclaration faite quelques semaines après avoir tenu des propos privés similaires à Matthieu Jalibert.
« Lorsque vous composez votre équipe, vous devez donner la priorité à Thomas Ramos. Que ce soit en 10 ou 15”
Que Thomas Ramos soit capable d’exprimer sa pensée sur l’espace public tout en s’intégrant parfaitement dans le collectif et en offrant des garanties de compétitivité en dit long sur son tempérament. Le Toulousain ne se contente pas de « puer le rugby ». Compétiteur féroce, l’arrière régulier est un leader dans l’âme. Un trait de caractère forgé au fil de sa carrière.
« Le personnage de Ramos a cette aura qui fait de lui un grand rassembleur », apprécie Christophe Lamaison. « Il n’abandonne pas. Dans les petits clubs, on dirait que c’est un « pénible ». Quel que soit le numéro qu’il porte sur son dos, il essaie d’améliorer chaque situation. […] Cela n’en fait pas pour autant le numéro 1 puisqu’on attend toujours le retour de Romain (Ntamack). Mais en tout cas c’est lui qui a compris que le numéro 10 devait avoir la confiance de ses partenaires. Et il l’a gagné. »
Nouveau débat
L’affirmation de Thomas Ramos lors de la saison internationale 2022-2023 avait permis de trancher durablement le débat visant à savoir qui devait débuter au numéro 15 avec les Bleus. Léo Barré n’apportant pas autant de garanties et l’option de Romain Buros n’ayant pas pu être prolongée en raison de son forfait mardi, le Toulousain reste le numéro 1 incontesté en fond de peloton. Peut-il le devenir dans un autre poste ?
La question est un peu provocante. Le staff, dirigé par Fabien Galthié, fait toujours de Romain Ntamack son premier choix à l’ouverture. Mais cela n’éteint pas la petite intuition de Christophe Lamaison : « On peut se poser la question : est-il meilleur en 10 qu’en 15 ? Même s’il a du tempérament, il n’est pas le plus grand des latéraux (NDLR, 1,78 m). Il faut désormais mesurer près de 1,90 m ! A ce niveau, je pense qu’il a plutôt un profil de numéro 10. Mais c’est une opinion très personnelle. »
Fabien Galthié s’est exprimé la semaine dernière sur la propension des équipes à mettre des joueurs de grande taille dans les lignes arrières avec la fin des escortes. Il aura tout le temps de réfléchir à cette suggestion. Mais Thomas Ramos garde néanmoins un atout clé en main, conclut Christophe Lamaison : « Il a une qualité que les autres n’ont pas à ce jour : c’est un buteur fiable. Lorsque vous composez votre équipe, vous devez mettre Thomas Ramos en premier. Que ce soit 10 ou 15 heures. Pour l’instant, il n’y a aucune confusion.