Le débat sur la création d’un marché des transferts, véritable serpent de mer, a ressurgi chez le directeur général de la Fédération sud-africaine, préoccupé par l’avenir du Rugby national face à la fuite de ses talents.
Le sujet revient régulièrement dans les discussions aux guichets et dans les couloirs : le rugby pourrait-il un jour adopter un système de transfert, similaire à celui en vigueur dans le football ? Si les déplacements des rugbymen sous contrat, possibles contre rémunération, sont devenus monnaie courante, ils restent encore minoritaires. Chose rare en la matière, une voix s’est élevée pour réclamer une révolution mondiale dans ce domaine : celle du directeur général de la SA Rugby Rian Oberholzer. Selon l’entraîneur, l’avenir du rugby à XV est en jeu, du moins en Afrique du Sud, alors que des centaines de joueurs nationaux évoluent à l’étranger, en France et au Japon évidemment, mais aussi en Russie. ou même aux États-Unis. Aux yeux de Rian Oberholzer, cette matière première exportée, entre guillemets, devrait à tout le moins permettre au rugby sud-africain de s’enrichir. Or, ce retour sur investissement n’existe pas, pour l’instant, ou seulement marginalement : « Il y a un aspect très important du professionnalisme qu’on n’a pas encore bien compris dans le rugby : le système de transfert, a-t-il déclaré sur le podcast To The Last Drop. Cela permet aux clubs d’être rémunérés pour le développement de leurs joueurs et garantit qu’ils deviennent des actifs plutôt que des passifs. Car pour le moment, les joueurs sont un passif dans le rugby sud-africain, pas un atout. Plus tôt nous pourrons mettre en place un système de transfert approprié – similaire à celui qui existe dans le football par exemple, plus tôt nous pourrons résoudre bon nombre de nos autres problèmes. »
“Nous ne pouvons pas avoir quatre équipes”
Si la sélection sud-africaine, double championne du monde en titre, est une vitrine rêvée, l’état du rugby interclubs y interpelle le directeur général de la Fédération : « Il ne faut pas croire que nous ne pouvons avoir que quatre équipes professionnelles en Afrique du Sud (Taureaux, Requins, Stormers, Lions, NDLR). Grâce à notre vivier de talents et à notre formation, nous produisons beaucoup de joueurs qui veulent jouer et se considèrent comme des professionnels. Pouvons-nous mettre en place une structure permettant d’accueillir la majorité d’entre eux ? Je pense que oui. Je pense que nous devons examiner le nombre de joueurs professionnels que nous avons, les salaires et le plafond salarial. […] En revanche, les provinces locales qui voient leurs anciens jeunes partir vers la France ou le Japon ne reçoivent aucune compensation. »
Si le discours de Rian Oberholzer ouvre le débat un peu plus large, la mise en place d’un tel système reste un champ de réflexion et de régulation considérable. Peut-on aller jusqu’à créer des fenêtres de transfert ? Mettre en place un modèle global de rémunération de la formation ? Le tout étant saupoudré d’une seconde réflexion, plus philosophique, sur la monétisation des joueurs…