Match Paris. Nous vous avons demandé de prendre «la vérité» il y a deux ans. Et vous avez refusé…
Stéphane De Groodt. Parce que j’avais commencé ma propre pièce! Mais j’avais exprimé mon désir de jouer dans «La Vérité», et Pascal Legros, le directeur d’Édouard-VII, a accepté de reporter ce spectacle pendant deux ans afin que je puisse le faire. Cela m’oblige. D’autant plus que Florian Zeller est un auteur qui a montré son talent dans de nombreux registres différents, nous jouons dans l’un des plus beaux théâtres de Paris et j’ai trois merveilleux partenaires. Bref, l’attelage est assez fort, je dois le porter, donc c’est un peu une charge compliquée… (Il rit.)
Quelle est la «vérité» pour vous?
Quand j’ai lu la pièce, il y avait beaucoup de choses qui m’ont fait rire. Mais une fois sur scène, vous devez être à la hauteur de l’efficacité du texte, car c’est un mécanisme diaboliquement bien écrit. C’est une pente glissante pour un acteur comme moi, qui doute constamment…
Fondamentalement, Florian Zeller montre-t-il que le mensonge est toujours vain?
Le reste après cette annonce
C’est une chronique de la vie ordinaire, un homme qui trompe sa femme, c’est la vie quotidienne de beaucoup de gens… mais ce qui est sous le couteau ici, c’est comment sortir de cette situation. Parce qu’il est toujours compliqué, même impossible, de mener deux vies amoureuses en même temps. Nous pensons souvent que nous avons des choses sous contrôle, mais en réalité, c’est rarement le cas… dans la vie, je crois que parfois vous devez mentir. Je suis convaincu qu’il y a beaucoup de couples autour de moi qui vivent un mensonge et qui le supporte. Et c’est pourquoi ils durent… si nous devions jeter toutes nos vérités, ouvrir notre jardin secret, ce serait une catastrophe…
-Avez-vous beaucoup menti?
Oh ! Oui, beaucoup. (Il rit.) Mais je mens de moins en moins, car plus nous avançons dans la vie, moins nous voulons nous soucier des choses compliquées. Le mensonge fait partie d’un processus social et, pour moi, c’est une vérité en devenir. Lorsque vous le vendez bien, il finit par s’établir comme une réalité… nous parlons souvent de l’art du mensonge, jamais l’art de la vérité.
La pièce montre que ce sont les femmes qui ont le dessus sur les hommes en dernier recours…
Mais ce n’est pas seulement dans la pièce, c’est aussi dans la vie! Et c’est pourquoi les hommes essaient de les intimider dans le monde, car ils ont fondamentalement peur d’eux. J’en suis malheureusement convaincu.