Paris confirme la maîtrise japonaise avec Junya Watanabe, Mihara Yasuhiro et autres garçons

Publié le

26 janvier 2025

Une fois de plus, la créativité japonaise se démarque à Paris, au quatrième jour des défilés masculins. Notamment avec les créateurs de Junya Watanabe Man, de la Maison Mihara Yasuhiro et comme plus masculins boys, qui ont su développer leur langage dans cette saison automne-hiver 2025/26, avec des collections inventives et parfaitement maîtrisées.

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Junya Watanabe, automne-hiver 2025/26 – ©Launchmetrics/spotlight

Junya Watanabe le donne vendredi matin. Le créateur n’a pas son pareil pour reconstruire les cartes et renouveler le vestiaire masculin à chaque saison, en rendant désirables les pièces les plus fonctionnelles et les plus ordinaires. Cette fois, il nous emmène dans l’Amérique profonde, où ses modèles pourraient facilement se fondre dans la foule sans se faire remarquer.

La casquette (ou le chapeau de cowboy) vissée sur un visage encadré d’une barbe touffue et de cheveux longs, notre homme semble marqué par le dur labeur de la vie, solidement planté dans ses chaussures de chantier, vêtu d’un jean, porté parfois court et retroussé, avec une chemise à carreaux et une vieille veste en cuir pour un look typique de bûcheron. Pour l’hiver prochain, le créateur japonais s’attaque à l’un des emblèmes du vestiaire américain, la veste Mackinaw Cruiser de Sonon.

La marque créée en 1897 à Seattle par Clinton C. Filson fournissait de l’or aux chercheurs de l’époque, s’adressant aux autres travailleurs du plein air au fil des décennies. La veste cruiser est apparue précisément lors de la ruée vers l’or en Alaska et a été brevetée en 1914 par CC fils, avec ses pièces vêtements de travail Authentique, reprenant son histoire, sa solidité et ses faits pour durer, le label américain séduit désormais aussi les chasseurs et pêcheurs.

La Mackinaw Cruiser Jacket est restée pratiquement inchangée depuis ses débuts. Il se distingue par son aspect de chirurgie en laine tartan orné de nombreuses poches dont une plaquée au dos sur toute la largeur. Junya Watanabe joue avec ses poches et leur rabat, qu’il propose dans différentes matières, cuirs et couleurs. Il s’amuse également avec le devant et le dos de la veste, qu’il recompose à partir de matières opposées entre laine, denim, coton, daim, cuir, nylon, etc.

Ces variations affectent également les pantalons en jean avec des empiècements en tartan ou en cuir. Le style utilitaire s’associe subtilement à un côté preppy très chic. Comme l’illustrent les gilets en toile de coton et de cuir qui se superposent à la veste de laine à grands carreaux rouges et noirs, aux élégantes chemises d’homme d’affaires à cravate régimentaire. La marque a également collaboré pour cette collection avec Levi’s pour les jeans et avec paraboot, New Balance et Hainrich Dinkelacker pour les chaussures.

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Maison Mihara Yasuhiro, automne-hiver 2025/26 – © launchmetrics/spotlight

A la Maison Mihara Yasuhiro, le rappeur français Take A Mic s’installe dans un bureau au pied du podium, comme s’il était sur un plateau de télévision. Lorsque le grand écran derrière son dos est rétro-éclairé, toutes les coulisses se révèlent dans l’ombre chinoise. Comme souvent, une certaine mélancolie flotte sur le défilé du créateur japonais ancré dans l’ère grunge des nineties. Tout semble un peu poussiéreux et défraîchi. Comme cette série de vestes militaires en toile délavée, usée et abîmée, ou encore ces jeans savamment décolorés.

Les silhouettes sont constituées d’une stratification mal identifiée de vêtements en molleton gris (sweats à capuche, t-shirts, pulls), de chemise à carreaux, de vestes en flanelle ou de velours à fines côtes. Les paillettes et les minuscules motifs géométriques ressemblent beaucoup aux taches de poussière ou de peinture sur les pantalons de jogging ou les jeans extra larges.

Mihara Yasuhiro retravaille ses classiques avec une série de vêtements hybrides, déstructurés, décomposés et reconstruits dans de nouvelles proportions dont le baryum est souvent dépaysé. Comme ce pantalon dont la partie droite s’échappe et s’élargit vers l’extérieur avec une poche démesurée, bien pratique pour fourrer sa baguette ! Les manches des chemises se multiplient ou prennent la tangente se transformant en écharpe, virevoltant autour du cou.

Un mix and match de vestes et de chemises se transforme en jupe. Ailleurs, la jupe est confectionnée à partir de pantalons découpés. Le côté d’un bomber est déplacé vers le haut de la veste, remplaçant le col. Une chemise matelassée à rayures ciel prend du volume et joue les vestes sur un ensemble en jean.

Le créateur de cette garde-robe de touches d’humour. Notamment dans des accessoires ludiques, comme ces petits sacs à main avec une banane ou un cornet de glace en guise d’anse ou encore ces bottes en forme de fourre-tout ou sac à main de luxe, comme ce modèle noir matelassé avec ses deux canaux dorés… très Chanel. Des modèles identiques à ceux développés par le label espagnol Abra la saison dernière.

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Comme davantage de garçons masculins, automne-hiver 2025/26 – © Launchmetrics/Spotlight

Comme les garçons les plus masculins ont clôturé cette quatrième journée avec une collection de punch, intitulée « To Hell With War » (au diable la guerre). Rei Kawakubo lance une nouvelle fois un message de paix profondément antimilitariste et antiviolence à travers ses vêtements.

Sur la voix poignante de Nina Simone, qui appelle à “laisser le vent souffler sur ton coeur” (Laisse le vent souffler dans ton cœur), elle fait défiler de jeunes recrues aux allures de déserteurs. Comme l’illustre à merveille son nouveau modèle de chaussures à lacets, une sorte de chaussures de clown dont la pointe est entièrement relevée vers le haut, donnant parfaitement cette idée de frein ou de marche.

En dreadlocks rasta, coiffées d’un casque recouvert d’un turban coloré et de fleurs, les mannequins revêtent des uniformes fracassés. Formes, couleurs, camouflages, motifs… La créatrice bouscule tout sur son passage. Les vestes de doubles rangées de picots dorés prennent des allures de redingote, endossées sur des chemises en soie froissée. Les pantalons gonflent en formes bouffantes ou se raccourcissent en larges bermudas évasés. Tout est coupé et recomposé, rétréci ou allongé, cintré, allégé, zippé, des vestes entièrement remodelées aux formes arrondies, en passant par les jupes longues ornées de poches.

Les tissus brocart ou fleuris s’invitent soudain dans ces looks militaires. Les laines et toiles kaki mélangent progressivement le velours texturé ou le denim. Ils rentrent dans les poches et le col d’une chemise à rayures bleues. Parfois on ne retrouve qu’une part de ce vert Loden dans des manteaux et vestes patchwork aux couleurs vives, tandis que des chemises multicolores pixellisées scintillent sous certaines vestes sombres.

 
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