Le clic
« Tout a commencé par un discours que je devais prononcer pour ses funérailles. Je sentais qu’il y avait beaucoup de zones d’ombre et de choses à creuser, alors j’ai commencé à creuser… » Malgré ses réticences à écrire ce livre, cette enquête sur l’histoire de son père – un entrepreneur à succès décédé en septembre 2023 – a permis le créateur du Prix de Flore pour mieux comprendre sa propre trajectoire. « Même si mon père a toujours été assez absent, tant qu’il était en vie, sa figure paternelle m’a permis de me comporter comme un enfant – ce dont je ne me suis privé qu’à 58 ans. Et du coup, me voilà propulsé au statut d’adulte. . Cette enquête était presque indispensable pour que je devienne enfin moi-même.
Des découvertes inattendues
En fouillant dans les archives familiales, il découvre des secrets inattendus : « Quand, dans un des tiroirs de son bureau et dans une enveloppe « à ne pas ouvrir avant ma mort », je trouvai deux passeports américains au nom de son ancêtre écrivain (William Harben), j’ai passé quelques coups de téléphone (…) Mon père était-il un agent secret ? Au moins, avec ce livre, j’ai fait de lui un héros de roman.
Le poids du patrimoine familial
Au-delà des révélations, Beigbeder explore aussi le poids de l’héritage familial et la difficulté de briser les schémas du passé : « Quand on regarde tout ce que j’ai fait dans ma vie, c’est fou ce que j’ai été fidèle à mon père, à ce mythe. du playboy, qui abandonne rapidement sa femme et ses enfants, et ne pense qu’au sexe et à l’argent. J’ai parfois l’impression d’avoir vécu plusieurs décennies dans le monde. même brouhaha permanent que lui, pour éviter de me regarder en face, les nuits, les drogues, le sexe, l’alcool, tout ça pour ne pas être confronté à la solitude et à la vérité.
-La rédemption dans le rôle de père
Finalement, c’est dans son rôle de père que Beigbeder trouve sa rédemption : « Je porte des pansements et je fais probablement beaucoup d’erreurs, mais au moins je suis présent. J’ai trois enfants, dont un garçon de 6 ans, peut-être que dans vingt ou trente ans mon fils écrira un livre pour se plaindre du père étouffant que j’étais… »
Retrouvez notre interview complète ici : Frédéric Beigbeder : « Mon père, cet étranger »