« Notre avenir est à Buzançais »

« Notre avenir est à Buzançais »
« Notre avenir est à Buzançais »

La nouvelle tombe le 14 novembre 2024. Moustapha Barry reçoit une réponse favorable à sa demande d’asile. La fin de deux années d’attente interminable, toujours teintée d’espoir, pour ce père et ses deux enfants. «Compte tenu de tout ce que j’ai subi dans mon pays, des persécutions, des violences contre mes enfants, j’avais confiance. Mais c’était quand même long”, confie ce papa célibataire qui n’a pas attendu d’obtenir ce précieux sésame pour « fais ta vie ici ». Ses enfants non plus.

“Ce n’est pas avec la prière qu’on va résoudre les problèmes”

Son fils de 14 ans continue de nourrir ses rêves de footballeur. Sa fille est engagée au sein du conseil municipal des jeunes de Buzançais et s’implique dans la vie de son lycée où elle devient ambassadrice de l’égalité femmes-hommes. Un engagement auquel sa destinée familiale n’est certainement pas étrangère. « Elle est au courant de tout ce que nous avons fui. Elle a aussi vécu des choses en Guinée et les a racontées. Il a été construit avec cette histoire. »

Le statut de réfugié obtenu pour lui et ses deux enfants signifie le début d’une nouvelle vie. Aucun des trois ne l’imagine ailleurs qu’à Buzançais. « Nous nous y sentons chez nous. Mes enfants ne veulent pas partir. Ils ont leur cercle d’amis, leurs activités. Notre avenir est ici. » Le père de famille est déjà en charge des démarches administratives liées à son nouveau statut de réfugié. «Nous devrons quitter le Centre d’accueil pour demandeurs d’asile (Cada) de Buzançais. Je recherche donc un autre logement avec trois chambres, en ville. Je pourrai également chercher un emploi. Je vais suivre une formation en cybersécurité pour me concentrer sur ce domaine professionnel à partir de 2025. »

Le livre de Moustapha Barry est édité à 300 exemplaires.
© (Photo NR, Martine Roy)

Il ne cache pas sa hâte. L’impossibilité de pouvoir subvenir aux besoins de sa famille par son travail lui pesait depuis son arrivée en . Lui qui jouissait auparavant d’une belle situation avec son diplôme d’ingénieur informatique en Guinée. « J’ai reçu quelques offres d’emploi ici, mais ma situation de demandeur d’asile m’a empêché d’y donner suite. » Entre-temps, Moustapha a mis ses compétences et sa bonne volonté au service des associations. Bénévole à l’épicerie solidaire de Buzançais, il s’implique également au sein du CCFD Terre solidaire, dont il devient le délégué régional en juin 2024.

Un livre engagé pour sensibiliser

Parallèlement, le Guinéen se plonge dans l’écriture. Il vient de publier son premier ouvrage intitulé Guinée, la vie insupportable du paradisconsacré à l’histoire politique de son pays d’origine. Il s’adresse « L’influence des autorités et celle de la religion sur la population, la corruption, la dictature, l’obscurantisme, l’attrait d’une coopération internationale plus centrée sur les intérêts des dirigeants que sur ceux du peuple. Je donne mes observations et réflexions sur la Guinée. Ce pays est au milieu d’un paradoxe : il est à la fois immensément riche en ressources naturelles mais sa population vit dans la pauvreté. »

Avec ce livre engagé, Moustapha espère sensibiliser et éclairer les Occidentaux sur ce qui pousse les populations à migrer. Mais il pense surtout «aux Guinéens. C’est à eux que s’adresse le livre en dénonçant ce cercle vicieux dans lequel les dirigeants les enferment. Ils n’ont pas la chance de voir le monde différemment parce qu’ils vivent sous le poids de la religion. J’essaie de leur dire que ce n’est pas avec la prière qu’on va résoudre les problèmes et que d’autres voies sont possibles. Ces chemins passent par l’éducation», développe le père qui s’estime chanceux d’avoir pu étudier et ainsi nourrir sa curiosité. « Mon père m’a autorisé à faire cela uniquement parce que j’ai continué à étudier le Coran sérieusement. Si je n’avais pas fait les deux, il m’aurait retiré de l’école. »

Moustapha Barry a écrit son premier livre à la Cada de Buzançais.
© (Photo N°)

Moustapha racontera peut-être cette histoire un jour, dans un deuxième livre. En attendant, un autre combat l’attend : faire venir son plus jeune fils de 3 ans, que sa femme, en désaccord avec sa décision de fuir, avait ramené avec elle en Guinée. « Depuis, elle a subi d’autres violences et a fini par fuir elle aussi le pays. Mais mon fils est toujours là. J’espère pouvoir le faire venir en France pour un regroupement familial. Je travaille là-bas. »

« Guinée, la vie insupportable du paradis », de Moustapha Ditinn Barry. Prix ​​: 13 €.

 
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