« La moindre des choses, c’est de venir à la rencontre des gens »

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Par

Ludivine Laniepce

Publié le

24 novembre 2024 à 8h54

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Il est né à Avranches (Manche) et a grandi à Mortain.

Baptiste Lecaplain, 39 ans, comédien et acteurétait présent samedi 23 novembre 2024 au festival du film normand Les Égaluantes, à Carentan, pour présenter en avant-première son film “Jamais sans mon psychiatre”.

Dans cette comédie qui sortira en salles mercredi 11 décembre 2024les Manchois répondent à Christian Clavier, Cristiana Reali et Claire Chust. Il incarne un homme anxieux et collant rejeté par son psychanalyste. Mais il le retrouve plus tard malgré lui… comme le petit ami de sa fille.

Ce film marque le retour de Baptiste Lecaplain au cinéma après quelques années d’absence, malgré sa réussite phénoménale auprès de Jérémy Ferrari et Arnaud Tsamère. Entretien recto-verso, pour le meilleur et pour rire.

Recto

Que signifie pour vous le scénario « Jamais sans mon psychiatre » ?

J’ai eu un casting parce que je n’avais pas fait de film depuis six ans. Je reviens avec modestie et envie. J’étais un peu hors des radars, il y a eu des échecs commerciaux… J’étais sur la touche et ce n’était pas très agréable. Mais je reste sélectif, je ne veux pas jouer dans tout et n’importe quoi. J’ai d’abord reçu deux scènes qui m’ont plu, sans en savoir plus. Quand j’ai découvert que c’était pour jouer avec Christian Clavier et dans le rôle principal… Les financiers étaient hésitants et je les comprends. Mais le réalisateur Arnaud Lemort, Claire Chust et même l’UGC m’ont soutenu. Pour ma part, je me suis dit qu’on n’a pas l’occasion 36 fois dans sa vie de faire un film avec Christian Clavier. Je n’aurais pas dû le manquer. Il a parcouru 90% de sa carrière.

Qu’avez-vous appris lors de ce tournage de 40 jours avec Christian Clavier ?

Quand j’ai vu comment il travaillait, j’ai compris que je n’étais qu’à 10% ! Il aime la précision et être très bien préparé. J’ai pu travailler avec son coach, Jérôme Andrei, pour m’aider à préparer ce rôle, à répéter les dialogues… Christian Clavier aime le jeu mécanique, rapide. Je n’avais jamais vécu ça. J’ai aussi beaucoup appris sur l’écoute, les nuances du jeu et la crédibilité à ses côtés. C’est quelqu’un qui ne fait pas beaucoup de compliments, mais quand il le fait… Il fait partie de ces personnes un peu dures mais pleines de tendresse. C’était un peu père-fils entre nous. Il connaissait déjà mon travail sur scène et pendant le tournage, il a vu que j’avais fait un énorme travail en amont.

Selon vous, qu’est-ce qui séduira les téléspectateurs ?

« Jamais sans mon psy » est une comédie populaire, burlesque et de situation avec certains aspects romantiques. C’est complet. C’est la comédie du dimanche soir par excellence pour le grand public. J’ai un profond respect pour ces comédies, tout comme Christian Clavier, qui se consacre entièrement à cet art. Et venir ici à Carentan parler aux spectateurs qui découvriront le film en avant-première, c’est selon moi le meilleur compromis entre la scène et le cinéma. Nous essayons de sympathiser avec les gens, de leur expliquer que nous travaillons comme des artisans. Pour 1h30 de divertissement, cela représente des mois de travail. Dans un film ou un spectacle, nous sommes une soirée dans la vie des gens. La moindre des choses est de les remercier et de prendre le temps de venir les rencontrer.

Vous aurez bientôt 40 ans. Quel regard portez-vous sur vos 15 années de carrière ?

(Rires) En réalité, il y a eu des années creuses, même si je n’ai jamais arrêté de travailler. J’ai eu la chance d’avoir des amis et des collaborateurs comme Jérémy Ferrari, Arnaud Tsamère, Florence Foresti, des comédiens, des auteurs, plein de gens sympas qui nous permettent de ne pas tourner en rond. Quand on voit arriver Maxime Delauney [originaire de Carentan et fondateur des Égaluantes, NDLR] avec sa société de production Nolita, OrelSan sorti de nulle part, les acteurs Michel Blanc et Julia Piaton réunis… C’est un métier qui paraît compliqué, où il y a des rivalités certes, mais autour de nous, on arrive à avoir un hub de gens vraiment sympas.

Qu’est-ce qui vous anime ?

Je suis un gros client et consommateur d’humour. Je m’adapte autant à l’humour noir de Jérémy Ferrari qu’à l’humour absurde d’Arnaud Tsamère. Ce que j’aime dans notre trio, c’est le collectif. Peut-être que nous ferons des films ensemble. En tout cas, nous voulons aller dans ce sens. En ce moment, je suis très occupé par tous ces projets collectifs. Je n’ai pas trop réfléchi à mon prochain spectacle. Mes filles ont 6 et 10 ans. Florence Foresti, avec qui je suis très amie, m’a dit qu’elle avait hâte de voir mon prochain spectacle inspiré de leur adolescence. A part ça, j’aime toujours la routine, être tranquille à la maison, faire du sport, aller chercher les filles à l’école… J’aime beaucoup ces moments de rien.

Baptiste Lecaplain partage l’affiche de “Jamais sans mon psychiatre” avec Christian Clavier. ©Ludivine LANIEPCE

Verso

Des spectacles au Zénith, à l’Olympia, au Bataclan, plusieurs films au cinéma, un succès phénoménal avec Jérémy Ferrari et Arnaud Tsamère depuis dix ans… Vos chevilles vont bien ?

(Rires) Oui, mes chevilles vont bien, pas de problème ! En réalité, j’ai plus peur pour mes genoux à cause du sport. Je ne suis pas une personne à grosse tête. Je viens d’un milieu modeste.

Est-ce un métier de faire rire les gens ?

Oui, c’est un vrai travail ! Je n’aurais jamais pensé que j’aurais pu acheter une maison en faisant des blagues. Plus les choses avancent, plus je constate que c’est de plus en plus un métier d’humoriste. Avec Jérémy Ferrari et les « duos impossibles », nous avons fêté nos 10 ans. Nous avons toujours envie de nous renouveler et nous sommes de plus en plus critiques envers ce que nous faisons.

Votre coupe de cheveux fait-elle partie de votre projet artistique ?

Je déteste me couper les cheveux ! Ma mère est coiffeuse, elle est à la retraite. J’aurais peut-être dû lui dire d’apporter ses ciseaux ce soir…

Vous êtes un très grand supporter des Girondins de Bordeaux. Comment en êtes-vous arrivé là ? Pourtant, nous avons déjà une équipe locale tout aussi baroque qui s’appelle le Stade Malherbe de Caen…

Tout a commencé avec mon père. Les Girondins de Bordeaux contre l’AC Milan, c’est le premier match que j’ai vu quand j’étais petite. Aujourd’hui, ils se retrouvent à jouer contre Avranches, dans le stade René-Fenouillère où je roulais à la pelle quand j’étais jeune ! Ils vont jouer à Granville ce soir [samedi soir, NDLR] contre Saint-Malo[1-1, NDLR]! D’ailleurs, je regarderai discrètement la musique pendant la diffusion du film. Mais c’est comme ça quand on est fidèle à un club, c’est une question de vie ou de mort. Comme dans la vie, tout peut arriver très vite. Quant au Stade Malherbe, ils viennent d’être repris par Kylian Mbappé et ils ont déjà OrelSan, ils n’ont pas besoin de moi.

Dites-vous aussi que vous venez de Caen ou de Rennes pour simplifier les choses à ceux qui ne connaissent pas la Manche ?

Non, je ne parle pas de Caen ou de Rennes. Je dis d’abord Avranches, puis Mont-Saint-Michel, puis Vire (« Vous savez d’où vient Michel Drucker ! ») et enfin Mortain. Mais honnêtement, personne ne sait jamais où il se trouve ! (Rires)

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