“Je veux que lorsque je mets mes vêtements le matin, les gens franchissent la porte et sortent comme s’ils montaient sur scène.” – .

“Je veux que lorsque je mets mes vêtements le matin, les gens franchissent la porte et sortent comme s’ils montaient sur scène.” – .
“Je veux que lorsque je mets mes vêtements le matin, les gens franchissent la porte et sortent comme s’ils montaient sur scène.” – .

Le jeune créateur espagnol a présenté sa dernière collection le 20 juin, en pleine Fashion Week parisienne. L’occasion de lui poser quelques questions, juste avant le début de l’émission.

La rencontre s’est tenue le 20 juin dans la salle de cinéma Silencio des Prés. Là, le jeune créateur Arturo Obegero a invité le monde de la mode à découvrir sa sixième collection. Sur le carton d’invitation, la photo d’une main cachée dans un mystérieux gant de dentelle rouge, terminé par des perles écarlates, comme des larmes retenues au bout des doigts. Sa présentation n’est ni un défilé ni un showroom, mais un film. Un court métrage de quelques minutes où se joue l’histoire d’une jalousie, la valse de trois corps.

Les mannequins devenues danseuses portent les nouvelles créations d’Arturo Obegero, laissant libre cours à la dramaturgie du vêtement. Le film est en noir et blanc, puis en rouge, comme les pièces présentées. Se succèdent des silhouettes évoquant l’Espagne, une robe en dentelle qui glisse jusqu’au sol, des confrontations gestuelles et un totem à six bras, tenant dans chaque main un outil de couture. Au générique, on lit qu’Arturo Obegero a entièrement conçu sa collection sur iPad, et que le film a été tourné sur iPhone. Des moyens simples, qui sont loin de le paraître. Quelques minutes avant que la salle ne se remplisse, la jeune créatrice a répondu à nos questions.

Madame Figaro – Comment vous sentez-vous ?
Arturo Obégero – Bien. Un peu stressé mais tout est en place donc j’ai hâte que tout le monde découvre la collection !

Pouvez-vous décrire votre tenue aujourd’hui ?
Je porte la veste de costume de mon grand-père, que je garde pour chaque occasion spéciale. Et en dessous, la chemise signature de ma marque, la chemise Pedro. Le motif de cette pièce provient également d’une des chemises de mon grand-père. J’aime l’idée que chacun puisse avoir un peu de son esprit, et que son héritage se propage. Pour le reste, c’est assez simple : des pantalons taille très haute, comme pour le flamenco, en hommage à mon pays, l’Espagne.

Quel est votre premier souvenir mode ?
Je viens d’une petite ville de surf en Espagne. Mon frère était surfeur professionnel, il était sponsorisé par Billabong qui lui envoyait des vêtements. C’était la première fois que je voyais et touchais des pièces spécialement conçues dans un but précis, à savoir le surf et toute la culture qui l’entoure. Étonnamment, c’est mon premier souvenir mode.

Quand as-tu su que tu voulais devenir designer ?
Quand Internet est arrivé ! J’ai découvert tout un monde, tous ces défilés : McQueen, Yoji Yamamoto, Givenchy, Balenciaga, etc. J’en suis tombé amoureux, j’avais 14 ou 15 ans. Cela m’a vraiment ouvert les yeux sur ce que je voulais devenir, quelle carrière je voulais suivre. Et nous voilà aujourd’hui, quinze ans plus tard.

Quelles sont vos inspirations ?
Étant espagnol, je regarde toujours vers mes racines et j’essaie de les moderniser. Il y a aussi des œuvres d’artistes, des images de Serge Lutens aux photographies de Man Ray. La mode elle-même m’inspire, j’aime beaucoup la couture des années 50, et celle des années 70. Je pense que nos inspirations sont un cocktail de tout ce que nous aimons : j’essaie donc de prendre toutes les choses que j’apprécie et de me concentrer sur leur essence, pour créer ma propre vision, composée de beaucoup de visions.

La collection est inspirée d’un film de Carlos Saura sorti en 1986, L’Amor Brujo.

Arturo Obegero

Que dit votre dernière collection ?
La collection est inspirée d’un film dramatique, L’Amor Brujo (L’amour du sorcier), réalisé par l’un de mes cinéastes préférés, Carlos Saura, en 1986. C’est lui qui m’a fait tomber amoureux du flamenco, et par extension de mes racines, lui qui m’a montré qu’on pouvait tous les honorer en faisant partie de la modernité. Nous avons donc voulu faire une nouvelle version de ce film, une version actuelle. Le film présenté ce soir est un mélange entre une réinterprétation du film de Carlos Saura et une plongée dans le processus de création d’une collection, qui est la mienne.

Est-il vrai que cette collection a été entièrement dessinée sur iPad, sur tablette ?
Oui tout à fait ! Avant, j’utilisais le papier, puis la souris sur mon ordinateur. Un jour, je suis allé à un rendez-vous avec Apple, ils ont vu mes méthodes et m’ont dit que ce n’était pas possible de travailler comme ça (rires). Ils soutiennent les jeunes talents et il leur tenait à cœur de faciliter mon travail. Je n’avais jamais utilisé ce genre de technologie, je ne savais pas qu’elle existait, mais cela a complètement changé ma façon de travailler. Déjà, j’emporte ma collection partout avec moi. Ensuite, les outils sont très utiles, il y a toutes sortes de pinceaux qui imitent les fusains, les crayons. Vous pouvez utiliser des calques, supprimer une étape sans tout recommencer. Il n’y a pas si longtemps, je voyageais à Madrid et j’ai pu continuer à créer des vêtements dans l’avion. Je me vois travailler comme ça toute ma vie. De plus, le film présenté a également été tourné sur iPhone !

Il y a de plus en plus de technologie dans la mode, notamment avec des campagnes publicitaires réalisées avec l’intelligence artificielle. Qu’est-ce que cela change pour vous ?
Les réseaux sociaux ont complètement transformé la mode. Difficile d’imaginer qu’il fut un temps où les créateurs et les marques n’avaient pas Instagram, alors qu’aujourd’hui tout est conçu dans ce seul but. Il existe une obsession de devenir viral, d’être vu et aimé sur les réseaux sociaux. Pour ma part, même si cela joue évidemment un rôle, ce n’est pas une fin en soi. J’essaie de faire de mon mieux et de collaborer avec des artistes que j’admire. C’est mon objectif et la technologie m’aide à l’atteindre.

Il existe aujourd’hui une obsession de devenir viral, d’être vu sur les réseaux sociaux.

Arturo Obegero

En parlant d’artistes, vous avez habillé plusieurs célébrités comme Beyoncé, Harry Styles, Adèle, Philippine Leroy-Beaulieu ou encore Carla Bruni. Vous aimez créer des costumes ?

Toutes mes inspirations sont artistiques, dansantes, musicales. Je les utilise comme références et je veux que les gens ressentent la même énergie que ces personnes. Je veux que quand je mets mes vêtements le matin, ils franchissent la porte et sortent comme s’ils montaient sur scène, je veux qu’ils deviennent le personnage qu’ils veulent devenir au fond. Les vêtements sont en fin de compte des costumes du quotidien.

Vous recherchez le pouvoir ?
Je pense que mes créations sont un équilibre entre pansement puissant, celle qui vous donne envie de conquérir le monde et vous aide à y parvenir, et une certaine vulnérabilité, une sensibilité presque romantique. Et bien sûr, un petit drame pour saupoudrer le tout ! Je dis toujours que mes vêtements sont dans le « minimal-drame », car ils sont à la fois extravagants et forts, mais aussi assez simples et sobres.

Quels conseils donneriez-vous à un jeune designer qui rêve, comme vous, depuis sa chambre ?
Je lui conseillerais de faire une école de commerce avant de lancer une marque. C’est peut-être ce qui manque dans l’éducation mode que l’on reçoit généralement : on peut avoir toute la créativité du monde mais il faut savoir comment fonctionnent les rouages ​​et la partie « business » derrière une marque.

Quand on a habillé Beyoncé, que peut-on espérer de plus ?
Habillez Cate Blanchett !

 
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